Vous pénétrez dans une grande salle, au sol carrelé de bleu clair et aux murs blancs. De lourds rideaux noirs pendent aux fenêtres, alors que le mobilier, comprenant des tables, chaises et un large bureau est d’un blanc immaculé. A la fin de chaque cours, Maciej vérifie qu’il n’y a aucun graffiti sur les tables, il vaut mieux éviter de laisser sur sa table sa signature, sous peine d’une sévère punition. C’est une salle de cours classique, et devant un large tableau vert se tient un bureau, toujours encombré d’une cascade de feuilles, de dossiers et de quelques crayons. Le bureau du professeur, qui est si encombré que l’homme à tendance à s’asseoir sur les deux tables juste devant. Si vous avez le malheur de vous installer juste devant son bureau, vous aurez donc à supporter que la jambe du professeur empiète sur votre table. Cela plait à certains, de voir cette magnifique jambe vagabonder dans leur espace vital, de sentir l’odeur légère de Maciej, mais peut-être n’est-ce pas votre cas.

Il y a trois rangées de tables parfaitement alignées. Sur une table peuvent s’installer deux élèves mais si vous bavardez, vous serez séparés. Plus de place ? Qu’importe, il vous enverra vous asseoir sur le sol, à côté de son bureau, à moins qu’il préfère vous voir debout au fond de la salle. Certains élèves ont l’impression de retomber en enfance, avec lui. Maciej met au coin, vérifie sur le cahier de chacun les devoirs et donne des lignes à recopier à ceux qui e font pas bien leur travail d’élève. Dans un coin, juste à côté du tableau se tient une armoire fermée à clef, mais au travers de la vitre qui lui sers de porte, on peut voir de nombreux livres. Ils sont la propriété privée du professeur. On retrouve pèle-mêle des livres de contes, sur les mythes et légendes, quelques dictionnaires tous plus étranges les uns que les autres mais aussi de la littérature enfantine. Et oh, surprise, dessus est marqué son nom. Est-ce lui qui les as écrit ? Ne lui posez pas la question, cela le gêne, le trouble. Oui, c’est bien lui. Peut-être que si vous demandez qu’il vous prête un livre, il vous ouvrira la porte de cette immense armoire et vous pourrez alors vous servir.

Il fait frais le matin, et les élèves préfèrent bien souvent garder leur manteau, mais l’après-midi il y fait bon. Parfois étouffant, il suffit alors d’ouvrir les fenêtres pour que le vent frais s’y engouffre et soulager ceux qui y travaillent. Vous êtes donc prévenus. Si vous avez cours le matin, prenez un pull. Mais si vous y allez dans l’après-midi, prévoyez quelque chose de léger. Ce qu’on retient toutefois, c’est l’impression de sérénité qui enveloppe toute cette salle. Sur ses murs lumineux rebondissent les mots de Maciej et il est rare que les élèves se mettent à chahuter dans un lieu si serein, où l’adulte les guide d’une main de fer. Gantée de velours, évidemment. Bien que parfois il élève la voix, jamais le polonais ne s’est montré brutal. Laissez-vous donc pénétrer par le calme de cet endroit, et regardez Maciej griffonner sur son tableau quelques mots compliqués ou dessiner d’étranges animaux.