bewitching ; la tentation du feu.
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 Au petit matin [libre]

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Au petit matin [libre] Vide
MessageSujet: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptyJeu 14 Mai - 22:54

Sens l’air frais d’un matin printanier caresser ton torse, et de sa cajolerie légère faire frissonner ta peau, pareil à une amante qui au petit matin t’éveille en douceur. Et tu te cambres, repousse la couverture qui couvrait à moitié ton corps à demi nu. Tu aimes cela, cette brise légère qui te chatouille, te sors gentiment de tes rêves. Le matin te salue, Maciej, passant par ta fenêtre entrouverte son bras innocent fait de vent. Il est l’heure de se lever… Et tout doucement tu ouvres tes yeux merveilleux, l’éclat du soleil s’y reflète comme sur la surface limpide d’un lac. Tu souris. Mords tes lèvres, t’étires et prend des poses lascives, encore à moitié endormi, dont seul peut profiter le silence, rendu muet par tant de beauté.

Après quelques minutes l’homme se lève, et sur la pointe des pieds pour ne pas déranger la pièce qui encore toute entière dort, s’en va vers sa commode et ouvre les tiroirs pour en sortir un jean brut et un polo marine. Sous son bras il saisit une serviette, mets en vitesse une paire de tongs et derrière lui claque la porte alors qu’il sort de sa chambre. C’est l’heure de se baigner, comme tout les matins. Pas la piscine, non, le cadre fait de carrelage et les jeunes adolescents le gênent. Le lac, à quelques pas de géants de là est son repère. Il y retrouve la nature familière, le verdoiement des arbres et la couleur des fleurs, le clapotis d’une eau pure laissée sauvage. Les insectes ne le dérangent pas et les rares poissons sont la source de son émerveillement. Rêveur, il ne se rend pas compte qu’il a déjà dépassé les portes en fer de l’école, de son pas fier et de son port altier. Maciej n’a croisé personne en cette journée qui s’annonce parfaite. Kron Pâli semble s’être éloigné, peut-être dort-il encore, enfoui au creux des entrailles du polonais. En pensant à lui, le professeur mit sa main sur sa poitrine, écoutant le bruit reposant de son cœur qui battait de façon régulière. Bobom. Bobom. Un seul cœur, deux âmes, deux êtres, deux vies, deux façons de penser. Mais un seul cœur. Maciej souffle de contentement. Ne le réveillons pas, restons calme. Ne pensons pas à la guerre qui se trame, aux totems abrutis et aux humains manipulés. Se concentrer sur la beauté du paysage, l’air frais enjôleur qui, voulant jouer, s’engouffre sous le haut du professeur sans que celui ne puisse repousser ce vent malicieux.

La route sur laquelle il marche est déserte et parfois, accompagné d’un bruissement d’herbes se montre un petit animal. Un lapin de garenne, un écureuil. Une pie ou un moineau. Maciej se met à siffler un air entraînant, brisant le silence jusqu’alors quasi parfait qui l’entourait, l’entravait, l’observait. Son pas s’accélère, il semble sautiller le long du chemin cahoteux, abandonné, en direction du lac qui, à cette heure du matin, est toujours désert. Qui d’autre que lui irait s’y plonger alors que le chaud soleil n’a pas eu encore le temps de réchauffer l’eau ? Le voilà qui apparaît, scintillant de toute sa splendeur, et semblant appeler à lui Maciej. Pas besoin de mot. Le polonais ressent cette envie de se fondre en cette large étendue d’eau, de déranger les poissons qui y vivent, de taquiner les grenouilles et de se faire embêter par les insectes qui vrombissent à l’ombre des arbres sur le rebord. Maciej s’arrête, scrute tout autour de lui, vérifiant qu’il n’y a personne. Pas un homme, pas un animal. Depuis qu’il sait que certains peuvent devenir des bêtes, se déshabiller même devant un hérisson est pour le professeur quelque chose d’intimidant. Non, pas de maillot de bain, pas besoin. Cela entrave ses mouvements, et l’idée de mettre entre lui et son élément un quelconque élément est pour lui improbable. L’eau est bonne, pourquoi donc s’en préserver ? Voilà qu’est ôté le polo et le pantalon, abandonnés sur la rive en compagnie de sa paire de tongs et de sa serviette. Maciej pénètre doucement dans ce liquide translucide, créant autour de lui de légers remous. Hop, le voilà entièrement dedans. Sa tête disparaît sous l’eau. Son ombre se faufile vers le fond. Ses muscles forts et entraînés lui permettent d’aller vite, tout son corps travaille, rouages bien huilés sous sa peau se mettent en route, ses poumons emplis d’air lui permettent de tenir longtemps. Voilà qu’au bout de quelques minutes, il remonte, ne laissant apparaître que le haut de sa tête, véritable crocodile. Des rives du lac on peut à peine l’apercevoir. Maciej est rapide, quand ils ‘agit de se mouvoir dans l’eau.

Kron Pâli, capricieux et jaloux, se réveille. Lui aussi veut se nager. Maciej disparaît de la surface des eaux. Voilà que quelque chose s’élève dans l’air et saisit un oiseau trop près du liquide, cherchant certainement un poisson à attraper. De fortes mâchoires se referment sur le volatile en un claquement sec. C’est l’heure du petit déjeuner, et c’est Kron Pâli qui s’en charge. La monstrueuse forme noire se déplace dans l’eau avec plus d’aisance encore que l’humain qui le précédait. Cela lui fait du bien, de parfois avoir un corps, un véritable corps, et de sentir le sang dans sa gorge. Maciej aussi l’a sentit. Les os de l’oiseau qui se broient, son corps qui se convulse légèrement, et tout entier qui descend dans le gosier du caïman maléfique. Qui rit, car il sait à quel point cela horrifie Maciej. D’une certaine façon, c’est lui qui a fait cela. Ils sont deux, mais aussi un. Une heure, voire plus s’est écoulée quand l’animal totem décide de rendre à Maciej ce corps qu’il a transformé et manipulé. Le polonais est épuisé, ce n’est pas de tout repos que de se métamorphoser. Passer d’un mètre quatre vingt à sept mètres de long vous brûle pas mal d’énergie. Et nager si longtemps ! Kron Pâli est fort, et ne ressent aucune fatigue. Mais il a mangé tout ce qui passait près de sa gueule aux dents irrégulières. Il y a eu du sang. Maciej a tout vu. Maciej a le ventre plein de sang et dans sa bouche reste un goût de fer.

Hagard, le damoiseau se redirige vers les bords du lac, observe qu’il n’y ait personne autour de lui, se sèche rapidement, enfile son jean et se laisse tomber sur les cailloux qui font le tour du cercle liquide. Son souffle est court, sa matinée a été gâchée par cet horrible être noir qui lui avait encore menti. Kron Päli avait dit qu’il ne croquerait rien d’autre que des moustiques pour s’amuser. Ils étaient bien gros, ses moustiques. Le polonais est épuisé. Le vent ne vient pas même le caresser pour le réconforter, seul le soleil se permet de poser sur lui ses rayons chaleureux. Ébloui, Maciej ferme ses beaux yeux. Bras en croix, il semble évanoui, ne bouge plus. Les pierres sous son corps lourd meurtrissent sa chair, mais l’homme n’en a rien à faire. Il s’est encore fait avoir par son esprit totémique. Mais comment lutter contre lui ? Si fort, qui obtenait toujours ce qu’il voulait. Si Maciej lui avait dit non, le caïman se serait mit en colère, aurait massacré ses entrailles, grondé, l’aurait possédé par la force. Le brun était d’une faiblesse extrême face à cet être.
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MessageSujet: Re: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptyVen 15 Mai - 9:07

Lentement, Naïs s'étira, dépliant ses membres engourdis, avant de se redresser. Combien de temps avait passé depuis qu'elle était parvenue dans la forêt, s'enfonçant entre les arbres jusqu'à trouver l'endroit idéal ? Une trouée dans la futaie lui avait fourni ce qu'elle recherchait, et la jeune femme avait pu se laisser emporter dans son monde intérieur, retrouvant avec joie Orlana et s'entraînant en duo pour maîtriser mieux encore leurs sentiments, les canalisant en autant de flux émotionnels qu'elles avaient de flux de magie parcourant leur corps. A l'extérieur, les heures s'écoulaient mais le couple n'en avait pas vraiment conscience.
Plissant les yeux, l'australienne fit quelques pas hésitants, sentant ses muscles protester un instant d'être si longtemps restés immobiles avant de retrouver leur souplesse ordinaire. Hésitante, elle prit la direction du lac avant de se mettre à courir, jouissant de la douleur dans ses jambes et de son souffle qui machinalement se fixa sur le rythme de ses enjambées nerveuses. Elle aimait à courir, presqu'autant que de nager. La sensation était différente mais le résultat était le même, une sensation de liberté avant qu'elle ne se retrouve à bout de souffle, vidée de toute émotion.

Orana était de plus en plus excitée à mesure qu'elles s'approchaient de l'eau, et finit par pousser son hôte, la forçant à prendre sa forme totémique sitôt qu'il n'y eut plus que quelques mètres entre elles et la calme étendue. Une gageure pour Naïs, encore fâchée malgré le temps avec la queue qui entravait ses mouvements. Ce fut d'une démarche hésitante que l'ornithorynque avança, avant de se figer et de lever son bec pour renifler l'air. Cela sentait le sang…
Pour le coup, la jeune femme reprit forme humaine, revenant vers ses vêtements pour les passer avant de se mettre à longer le lac avec la ferme intention de trouver l'origine de l'odeur.

| L'odeur est plus forte là-bas.

Suivant le conseil d'Orana, Naïs bifurqua, se rapprochant de la forme sombre étendue au sol. Maciej... c'était lui qui empestait le sang ? Totem et professeur haussèrent un sourcil avant de décider qu'il y avait quelque chose qu'elles avaient manqué. Elles se souvenaient trop de lui comme de quelqu'un d'adorable même si un rien collant. Et surtout, il était inoffensif. A moins que cela n'ait changé pendant son absence de Bewitching ? Les deux la repoussèrent de côté. Si il y avait bien quelqu'un représentatif de sa Tour, au point d'en devenir un cliché, c'était lui. Le genre à s'interposer entre vous et une kalachnikov, ce qu'elles appelaient le "complexe du héros". Sauf que les héros ne meurent pas, et qu'eux le pouvaient.

Indifférente aux râlements du totem qui finalement aurait préféré nager, même si c'était dans une eau ensanglantée, l'australienne se rapprocha encore, faisant rouler sous ses pieds nus quelques cailloux. Elle était curieuse de savoir ce qu'il s'était passé, et il le saurait peut-être. Sûrement, même. Il était trop pâle pour aller bien. Une nouvelle fantaisie totémique ? Sans le connaître, elle se doutait que leur relation n'était pas idyllique. Nombre de personnes de leur Tour, à l'époque, l'avaient suspecté. L'intuition, encore et toujours... La pire de leurs qualités, celle qui les condamnait à devenir les sous-fifres des autres éléments. Un pressentiment ne peut rien contre un plan mûrement réfléchi. Une sensation, si riche en indications fut-ce t'elle, ne pouvait rien contre une stratégie digne d'une partie d'échecs.

_ Maciej ? Puis-je me joindre à toi ?

| Non, non, non ! Il va redevenir comme avant, tu vas voir Nis ! Si tu renoues ne fut-ce qu'un peu les liens... Nis ! Non !

Tout en rassurant tendrement le totem qui craignait elle ne savait elle-même trop quoi, la jeune femme se laissa glisser au sol, s'asseyant en tailleur avant de fixer son regard sur le lac, silencieuse. A son habitude, elle laissa son souffle ralentir, contrôlant le rythme des battements de son coeur avant de s'arrêter à la lisière du monde qu'elle partageait avec Orana, vaste étendue d'eau sous toutes ses formes partagée par une bande de lave figée sur laquelle se tenait actuellement le totem la fixant avec inquiétude. Quelque chose d'autre devait la préccuper, pour qu'elle fut à ce point sur ses gardes et elle n'aimait pas ça. Sur une dernière caresse au totem, Naïs revint à la réalité, le visage sombre. Elle n'aimait pas ça. Elle ne savait pas ce qu'il se passait, mais cela lui déplaisait d'avance. Entre le comportement du Feu, les réactions des rares Profanes qu'elle avait croisé et ça... quelque chose se jouait, qui ne pouvait les amener que dans le mur. Mais quoi ?
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MessageSujet: Re: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptySam 16 Mai - 13:20

L’odeur du sang lui montait à la tête, lui donnait la nausée, envie de tout recracher. Ce goût de sang, cette sensation, c’était comme lorsque Kron Pâli s’était glissé en lui, forçant tout en lui, faisant tout sauter. Sauter ses défenses, tressauter ses muscles, briser son âme, blesser son esprit, enserrer son cœur entre ses crocs tâchés de sang. Maciej n’avait pas même la force de fermer ses poings, n’avait pas même la force de se maîtriser. Agité de spasmes de temps en temps, le bout de ses doigts tremblait, prouvant qu’il n’était pas mort alors que sa respiration sifflante et son air contrarié lui donnaient l’air d’un martyr à qui on laissait un dernier répit. Mais qu’est-ce qu’il avait au travers de la gorge ? Un os y serait resté bloqué ou étais-ce la peur qui s’y pelotonnait ? Quelle ignominie que d’être soumis à un esprit. De ne pouvoir lutter avec ses poings, ses pieds, ses mots. Ruminant ses déceptions, Maciej n’entendit pas se faufiler près de lui la finie silhouette matinale. Ses mots le percutèrent. Il y avait quelque chose dans cette voix qu’il connaissait. Une impression de déjà vu. Péniblement l’homme se redressa, appuyant son poids sur ses deux bras légèrement en arrière et regarda la demoiselle assise à ses côtés. Fine, avec de longs cheveux… L’avait-il déjà croisé quelque part ? Elle connaissait son prénom et le prononçait avec tant d’aisance qu’il semblait qu’elle l’avait déjà prononcé plus de mille fois. Le professeur se mordilla la lèvre inférieure, cherchant dans sa mémoire où il avait pu voir ce joli minois. Maciej avait croisé tant de femmes dans sa vie. Tant d’hommes, de pays. Elle ne regardait pas, ses yeux rivés vers le lac. Ce petit nez, ces lèvres rosées.

« Naïs ! »

Ce nom qu’il prononça d’une voix douce, l’air étonné. Il suffisait de lui enlever quelques centimètres, de rajeunir un peu els traits de son visage. De se revoir adolescent, toujours derrière elle, cherchant ses sourires, ses mots, ne la quittant jamais. Il était si proche d’elle que certains pensaient qu’ils étaient ensembles. Ou frères et sœurs. Mais non, rien de tout cela. Maciej, après l’avoir longuement détaillé, détourna vivement le regard. Combien de fois lui était parvenu aux oreilles qu’elle le trouvait trop collant, combien de personnes lui avait dit qu’il devait la laisser respirer. Mais c’était plus fort que lui. Naïs avait quelque chose qu’il n’avait pas, et qu’il désirait. Quoi ? Maicej ne savait pas vraiment. Quelque chose qui le poussait à vouloir être plus porche d’elle que ne l’était même son totem. Se sentant observé, bien que son ancienne amie regardait ailleurs, Maciej saisit son polo et l’enfila, pudique. L’homme trouvait son torse trop long, pas assez musclé, un peu trop carré, large. Mais aussi, ses tatouages. Ces fleurs, ces oiseaux, ces bras de méduse. Il ne voulait pas qu’elle puisse les voir. Parce que c’était son secret, c’était à lui. Et que de devoir user de cet artifice pour s’aimer, alors que Naïs elle, avait toujours été aussi simple. Maciej regrettait de ne pas avoir pris quelque chose de plus couvrant comme un sous-pull, ou une parka. Sur son cou et son bras s’échappait l’encre apposée sur sa peau, indélébile et colorée. Le polonais ramena vers lui ses jambes et cacha entre elles ses longs bras. Le silence pesait. Son regard clair et candide se posa de nouveau sur Naïs. Il voulait… le prendre dans ses bras, lui sauter au cou, l’embrasser, sourire, faire exploser sa joie de retrouver ici quelqu’un qu’il connaissait. Mais sa timidité l’empêchait. Avec le temps, peut-être étaient ils devenus de nouveau deux étrangers.

« Je ne t’avais pas reconnu. Tu n’as pourtant pas beaucoup changée. »

Timide sourire. La boule au fond de sa gorge grossit, et tomba dans son estomac, aussi lourde qu’une pierre. Qu’il était gauche ! Maciej voulait disparaître sur place. N’avoir jamais existé, même ! Elle, l’avait reconnu du premier coup d’œil. Avait-il été si marquant que ça ? D’un côté, il se sentit flatté. De l’autre, gêné. Rester dans la tête des gens comme le pot de colle en chef n’était pas forcément ce que l’on préférait. Il avait toujours ce goût de sang dans le gosier qui le gênait… Ce goût de fer, d’hémoglobine, ce liquide chaud. Avalés tous d’un coup, hap, hap ! Avec les plumes, les os, les écailles. En y repensant, Maciej dû mettre une main dans sa bouche pour se retenir de tout cracher. Il eut un hoquet peu ragoûtant, puis un deuxième. Mais si il vomissait, il s’évanouirait. Quel être faible. La crise étant passé, Maciej, cherchant à se concentrer sur autre chose que ce qui nageait dans son estomac, reprit la parole.

« Tu fais quoi ici ? »

Comme elle était dotée d’un esprit totémique, ce n’était certainement pas par hasard que Naïs traînait par ici. Etait-elle devenue professeur, comme lui, ou avait-elle redoublé tant de fois qu’elle était encore en train de prendre des cours ? Maciej écarta rapidement la seconde solution. Naïs, redoubler ? Non, impossible, ou elle avait bien changée après son départ. Maciej se força à sourire, alors qu’il était pâle comme du lait. Ce n’était rien, cela lui arrivait si souvent. Pot de colle à faible résistance. Le polonais ne comptait plus les fois ou il s’était évanoui. Cela lui arrivait tant que cela en devenait une habitude. Etrange comme il était courant de voir du sang couler en ce moment. L’homme était toujours recroquevillé sur lui-même, ne s’était pas rapproché de Naïs. Mais un geste amical de la demoiselle, et il se jetterait dans ses bras. Rien que pour retrouver les sensations d’avant.
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MessageSujet: Re: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptySam 16 Mai - 17:33

Toujours fixée sur le lac, Naïs se prêtait avec indifférence à l'examen de Maciej. Le temps avait passé, et qu'il hésita à la reconnaître n'était pas si étonnant. Elle avait grandi, laissé pousser ses cheveux. Ou plutôt, ne les avait pas coupés lorsqu'elle était en Australie, et avait complètement oublié par la suite. Elle s'était faite à ce poids sur sa nuque, qui tenait chaud la nuit. C'était un contact rassurant. Lui n'avait en tout cas pas beaucoup changé dans sa manière d'être. Machinalement, elle lui lui lança un regard en coin avant de franchement tourner la tête vers lui, inquiétée par les hoquets et spasmes. Il était livide ! Qu'est-ce qu'il avait bien pu se passer pour qu'il sente le sang et semble aussi malade ? Son totem n'avait quand même pas pu le forcer à tuer, si ? La jeune femme blêmit en entendant Orana lui assurer que c'était possible. A partir du moment où les deux étaient sous forme totémique, rien ne l'empêchait après tout. Mais… c'était cruel d'imposer ça à quelqu'un qui ne le supportait pas. Compatissante, l'ornithorynque fixait le jeune homme à travers les yeux de son homme, les emplissant d'inquiétude et de compassion.

_ Ne devrais-tu pas te soucier de toi, plutôt que de savoir pourquoi nous sommes rentrées ?
_ Elle n'a pas tort… Tu es livide !

Etrange comme il s'avérait facile de s'inquiéter à nouveau pour lui, en dépit du temps passé et de la colère qu'elle avait ressenti lorsqu'il était parti comme un lâche. Même si il était parfois étouffant, même si il ne s'était jamais vraiment confié à elle, au point qu'elle n'avait jamais su si il lui faisait au moins un peu confiance, il avait été une sorte d'ami. Se redressant, elle s'approcha de lui, passant une main fraîche sur son front, repoussant quelques mêches. C'était aussi son rôle, de soigner les gens. Si elle avait autant étudié la Magie Blanche, c'était aussi pour pouvoir aider les gens. Et là, il en avait vraiment besoin.
S'installant confortablement en tailleur, ses mains refermées autour de ses chevilles dans une attitude qui lui était familière, Naïs fixait tranquillement l'homme recroquevillé, attendant de voir comment les choses allaient évoluer avant de décider si elle devait intervenir plus radicalement. Levant les yeux au ciel, elle reprit la conversation où ils l'avaient laissée, badine.

_ Sinon, je suis revenue ici en tant que Professeur de Magie Blanche. Et je retournerais sans doute plus tard en Australie, auprés des Aborigènes. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur leurs méhodes de guérison et leurs rituels. Leur théurgie entre autres est fascinante… et ne manque pas d'apllications quant à la magie des Gardiens. Et toi ? Où avais-tu disparu, tout ce temps ?

Elle voulait savoir. Savoir pourquoi il était parti, pourquoi il était revenu. Elle était curieuse de savoir ce qu'il avait fait pendant tout ce temps, ce qu'il avait appris, qui il avait rencontré. Maciej n'avait pas tort quand il disait qu'elle n'avait pas changé. Elle était toujours avide de savoir, désireuse d'apprendre, tant sur les gens que sur la magie, les totems. Tout, pourvu que ça l'intéressea. Et elle s'intéressait à lui. Après tout, quoi de plus normal ? Ils avaient, d'une certaine façon, grandi ensemble, dans la même Tour, et ils avaient le même âge. Et ils étaient censée avoir été amis. A moins que ce ne soit plus le cas ?
Doucement, Naïs se laissa tomber au sol, gigotant en riant pour chasser une grosse pierre sous son omoplate. Elle dissimulait son impatience et la légère appréhension qui lui mordait le cœur sous sa façade légère, comme d'habitude.

Fronçant brusquement les sourcils, Naïs se mit à rire sans prévenir. Elle venait à peine de réaliser... Ce devait bien être la première fois qu'Orana s'adressait directement à quelqu'un par le biais de sa moitié d'âme, et c'était pour s'inquiéter de Maciej, celui-là même qui l'avait tant irrité par le passé. Aussitôt, le totem se renfrogna légèrement avant de se lancer dans une longue argumentation d'où ressortait que c'était normal, qu'elle n'allait quand même pas l'enfoncer en lui faisant remarquer que le teint pot de lait ne lui allait pas, qu'elle n'allait pas non plus risquer de se mettre son amie à dos juste parce qu'elle, elle ne l'appréciait guère...
Enfin, la jeune femme se calma, et prit sur elle d'expliquer la situation au polonais. Elle ne voulait vraiment pas qu'il se sente visé ou blessé de la voir commencer à rire ainsi alors qu'il lui parlait. Et commença donc à s'empêtrer dans ses explications sous les moqueries de 'Rana qui se gardait bien de l'aider.

_ Désolée, c'est juste que... l'idiote qui me sert de totem t'a parlé et... c'était bien la première fois qu'elle s'adressait directement à quelqu'un alors... ça m'a prise un peu au dépourvu... d'autant qu'elle s'est à peu prés autant empêtrée dans ses explications que moi en ce moment... Tu m'en veux pas, dis ?

Naïs appuya par réflexe sa question d'yeux de cocker. Si ça marchait avant, ça pouvait bien marcher maintenant, non ? Et puis flûte ! Elle avait retrouvé son ami, donc elle avait le droit d'agir comme la gamine qu'elle n'était plus censée être. A cette remarque, Orana fut prise d'un fou rire, et la jeune femme elle-même ne put retenir un sourire de gosse. Plus une enfant ? Pas à tous les niveaux, en tout cas.
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MessageSujet: Re: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptyDim 17 Mai - 0:54

Il y eut deux voix. La voix de Naïs et… une autre. Mais concentrons-nous d’abord sur la voix de Naïs. Elle était rentrée. C’était chez elle, ici. Pas chez lui. Lui, sa maison, elle était ailleurs, nulle part. Ce n’est pas chez toi, ici. Cette phrase lui faisait mal. Tous avaient un lieu ou rentrer, mais lui ? Avec son père, il avait coupé les ponts. Sa mère ne lui écrivait plus. Ses grands-parents étaient morts. Il n’avait gardé le contact avec personne. Maciej ne disait pas qu’il rentrait chez lui, non. Il disait plutôt qu’il retournait dans la chambre. Dans l’école. Pas dans ma chambre, ou dans mon école. Impersonnalité. Rien ne lui appartenait. Le polonais chercha d’où pouvait venir la seconde voix, qui semblait s’intéresser particulièrement à son teint de craie, avant de décréter qu’il venait d’avoir une hallucination auditive. Pour toute réponse, l’homme haussa les épaules. Se soucier de lui. Arrête de pleurer quand tu tombes. Rien ne sert de couiner, ça ne te fera pas cicatriser. Si tu as envie de vomir, eh bien, que puis-je y faire ? Prends un sac et vomis, abruti ! Non, Maciej ne devait pas se plaindre. Son père n’aimait pas ça. Et Kron Pâli s’en moquerait. Encore. Il n’eut pas le temps de murmurer qu’il allait bien que la demoiselle se pencha vers lui et mit ses mains sur son front. Maciej ferma les yeux, entrouvrit la bouche, s’abandonnant tout entier à elle. Il connaissait ce geste tendre, réparateur. Celui d’une mère qui tente de soulager son fils. Celui d’une amie qui tente de soigner un être qu’elle n’a pas vu depuis si longtemps. Ce eut un effet immédiat. Une vague de chaleur l’envahit, faisant disparaître ses maux de ventre et ses pensées noires. Quand elle ôta sa menotte de son front, Maciej se sentit comme abandonné. Le contact avait été court, mais avait suffit à ranimer en lui cette envie irrépressible de toujours être près d’elle, comme s’il ne voulait former qu’un avec la demoiselle. Elle l’observait, lui qui semblait rêveur, bousculé par ce contact. Ses joues se teintèrent de rose, alors qu’il passa sa propre main dans ses cheveux, comme pour saisir l’empreinte qu’elle y avait laissée. Alors qu’elle s’était approchée, il avait pu sentir à quel point Naïs sentait bon. Alors que lui sentait la vase et la forêt. Et le sang. La subtile créature, de nouveau assise à ses côtés, reprit la parole, brisant le silence dans lequel s’échinait à rester Maciej, n’aimant que trop peu parler de lui.

Elle était devenu professeur de magie blanche. C’est sûr qu’elle devait être une excellente institutrice. Maciej se souvenait que toujours, quand il lui demandait de l’aide pour ses devoirs, Naïs s’était montrée patiente et claire dans ses explications. Elle parla de l’Australie, son sujet préféré, et termina sur la question fatidique qui crispa encore plus le polonais. Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? L’envie de répondre qu’il n’avait rien fait le chatouilla, mais il se devait d’être sincère, souriant, aimable. Même si étrangement, le fait que son amie d’adolescence, devenue femme, le gêne jusqu’à le rendre muet. Les premiers mots sont toujours les plus difficiles, d’une voix douce, grave et saisissante d’indolence, Maciej commença à articuler, avec son fort accent polonais, mêlé à une pointe d’exotisme venu d’Inde.

« Pas grand-chose… Je suis retourné en Alaska, ça me manquait. L’école m’étouffait, tu sais… »

Et elle se mit à rire. Maciej eut l’impression de se transformer en statue de sel. Qu’avait-il dit de si amusant ? Piqué à vif, le grand dadais tourna ses yeux d’un bleu d’eau vers Naïs qui, allongée sur les galets frétillait d’amusement. Ses joues étaient passées du rose au rouge et il sentait l’indignation monter, avec l’incompréhension et il s’apprêta à lui demander ce qui la faisait rire mais encore une fois elle ne lui laissa pas le temps de parler. Elle riait avec son totem. Entre elles deux, Maciej était un étranger. Lui n’avait pas comprit. Avec Kron Pâli, il ne riait jamais. Le fait qu’un esprit, celui d’un autre s’était senti assez intéressé pour lui parler, à lui, ne le choqua même pas. Il l’était déjà bien assez comme ça. Les derniers mots et le regard de cocker de Naïs firent sombrer en lui toute envie de brutalité. De plus, elle lui faisait entièrement confiance. Sa posture lui l’indiquait. Allongée à ses côtés. Maciej posa sur elle un regard doux, plein d’amour, d’une tendresse sans égal. Un regard sincère.

« Comment t’en vouloir ? »

Le polonais s’allongea à son tour, sur le flanc et sa tête reposée sur son bras, pour se retrouver à la même hauteur que son amie. Un sourire léger étira ses lèvres, dévoilant ses dents inégales et sa main alla repousser quelques mèches de cheveux qui traînaient dans le cou de naïs. Une mèche de cheveux s’emmêla dans son anneau de mariage, le polonais du légèrement tirer pour s’en dépêtrer. Il serait temps qu’il l’enlève, cet anneau doré. Fronçant légèrement els sourcils, il s’excusa, et recommença à déblayer le fin visage de Naïs, pour pouvoir mieux l’observer. Si elle riait avec son totem, lui pouvait la toucher, la faire frissonner. Même la faire rire ne lui semblait pas impossible. Il suffisait de se détendre un peu, de quelques mots. Avec Naïs, tout était si simple, si facile, et cela ne semblait pas avoir changer. Son rire lui faisait du bien.

« Je suis encore livide ? Tu es une remarquable magicienne, je me sens bien à présent. »

Question avec laquelle il fournissait la réponse. Bien sur que non, il n’était plus livide. Ne restait plus qu’à savoir si c’était sa magie ou son simple contact réconfortant qui l’avait remit sur pieds. Peut-être les deux.
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MessageSujet: Re: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptyLun 18 Mai - 16:06

Il allait mieux… Naïs sourit à cette idée avant de fermer les yeux au contact de la main qui ôtait ses cheveux de son visage. C'était agréable… Un léger sourire se mit à flotter sur ses lèvres, avant d'être remplacé par une grimace fugitive lorsque la bague s'accrocha, puis de revenir devant les excuses. Elle l'avait bien vu, cet anneau, donc. Elle n'avait rien imaginé, son ami s'était bel et bien marié… Quelque part, elle ne pouvait s'empêcher d'en être triste. Il s'était marié, et elle n'en avait rien su. De même qu'elle n'avait rien su lorsqu'il était parti, qu'elle ne savait rien de pourquoi il était de retour… Et qu'elle ne le saurait sans doute jamais. Un éclair de mélancolie la traversa, avant de refluer. Elle ne pourrait même pas lui poser la question. C'était sa vie privée, et Maciej l'avait toujours jalousement conservée. Elle s'y était faite par le passé, il faudrait juste qu'elle s'y rhabitue. Maintenant qu'elle l'avait retrouvé, elle n'allait plus le laisser tomber. C'était en partie de sa faute, si il était parti. Elle n'avait jamais démenti quand les autres disaient à Maciej de lui laisser plus de liberté, de ne pas la coller comme ça. En un sens, ils avaient raison, mais il avait sa place dans sa sphère privée, il en était finalement devenu partie intégrante, et l'oppression avait diminué. Même Orana, tout en râlant après lui, admettait qu'il n'était pas si désagréable… avant de démentir l'instant suivant, alors même qu'elle profitait elle aussi de leurs câlins, par le biais de leur lien toujours au moins entrouvert. En ce moment même, l'étrange animal regrettait de ne pouvoir ronronner.

Doucement, Naïs ouvrit les yeux en entendant la question-réponse de Ma', comme elle l'avait nommé au début, quand elle était incapable de prononcer son prénom, et eut un sourire avant de secouer doucement la tête, pour éviter que ses cheveux ne reviennent la couvrir. Non, il n'était plus pâle. Plus autant qu'avant, du moins. Elle en était heureuse… et ne put s'empêcher de rougir sous le compliment. C'était de la magie blanche de base, un simple transfert d'énergie et un flux qu'elle avait assaini. Le genre de choses que même certains Profanes étaient en mesure de faire. Elle s'en était vite rendue compte, en Australie. Et pourtant, ce n'était pas des Gardiens. Mais ils avaient leur proximité à la Nature. Ils étaient à mi-chemin entre Profanes et Gardiens, pour les plus anciens d'entre eux, ceux qui menaient les rituels si fascinants auxquels elles avaient assistés. Elle est loin d'être une bonne Gardienne, à son avis. Mais c'est agréable de se l'entendre dire, même si c'est faux.

Cédant à une impulsion, elle se blottit contre son ami, enfouissant son visage dans son torse et respirant à pleins poumons. Sang, vase, forêt, et en dessous, une odeur qu'elle retrouvait et qui la rassurait. Une odeur légère, chaleureuse et rassurante, qui la fit sourire. L'odeur de Maciej étaitt extrêment discrète, et pourtant il lui était impossible de la manquer. Elle avait une bonne mémoire des parfums, et celui-là, elle ne risquait pas de l'oublier. Durant tout ce temps, la fragrance était restée bien rangée dans son esprit, aux côtés de celles de ses parents, du parfum de la pluie et de la terre rouge humide, de l'odeur caractéristique des eucalyptus et de tant d'autres. Des odeurs aquatiques, métalliques, terrestres, humaines, toutes marquantes pour une raison ou pour une autre. Naïs se blottit davantage contre Maciej, profitant de sa chaleur.

_ Tu m'as manqué.
| Oui, ben maintenant il est de retour. Alors arrête de t'accrocher à lui comme ça, ou je vais croire que les rôles se sont inversés entre vous deux !
| Orana...

Le statu quo décidé en deux phrases par le totem et la jeune femme leur laissait à chacune un goût amer. Elles n'aimaient pas ce genre de disputes. Quand elles se disputaient, c'étaient une façon de se prouver leur confiance. Là, il y avait un relent de dispute comme il y en a dans les vieux couples. Naïs soupira. Au moment où elle retrouvait son ami, il fallait que son totem lui fasse une crise de jalousie. Pourquoi Orana avait une attitude aussi changeante vis-à-vis de Maciej ? Un coup elle lui donnait l'impression de l'apprécier, l'autre de le détester. C'était... déstabilisant. Elle n'aimait pas cette sensation d'être partagée qu'elle avait.

[beuh... c'est nul, désolée]
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MessageSujet: Re: Au petit matin [libre]   Au petit matin [libre] EmptyMar 19 Mai - 14:45

[Mais non c'est très bien D= Continue ainsi ♥️.]

Les rôles venaient de changer. Maciej, qui se retenait de la prendre dans ses bras, venait de voir l’espace entre eux se réduire, jusqu’à ce qu’elle le touche. Naïs s’était glissée contre lui, provoquant en lui un ardent désir de… S’enfuir. Rares étaient les gens qui brisaient, aussi spontanément l’espace qui toujours écartait Maciej des autres. Parce qu’il était adulte. Et que, quand on est adulte, personne ne se jette à votre cou, surtout quand vous êtes professeur. Certes, il n’était encore qu’un jeune homme, mais déjà marié, déjà futur divorcé. Qui a déjà connu la mort, la faiblesse, la rage, l’amour. Le polonais avait vu tant de merveilles qu’il pouvait à présent conter sa vie comme le ferait un grand-père. Sentir Naïs, si près de lui, le nez planté dans son t-shirt, fit monter d’étranges sensations dans tous le corps de Maciej. Non, ce n’était pas les anciennes sensations, quand il passait lui-même ses bras autour des épaules de la demoiselle. Ce n’était pas non plus la sensation quand, parfois, elle rompait la distance entre eux autrefois, ne serais-ce que pour caresser sa main. C’était tout nouveau. Ce n’était pas une étrangère, non. Dans ses paroles, ses gestes, sa façon d’agir, Naïs n’avait pas beaucoup changée. Qu’est ce qui le bloquait ainsi, alors ? Toujours cette façon de se mettre en retrait, de fuir les baisers et douceurs alors qu’il en demandait tant, retenu par cette sordide pudeur. La pudeur gagnée dans le mariage ? Cela avait vraiment été la pire de ses bêtises, alors. A vivre cloîtré chez lui, Maciej avait coupé les ponts avec tous ses amis et avait hérité d’une épouse particulièrement jalouse, qui savait qu’elle devait se méfier des hommes comme des femmes. Mais cette interdiction d’approcher qui que ce soit n’avait jamais été récompensée par de la douceur de la part de l’indienne. Certes, ils s’aimaient. Elle aimait Maciej pour ses sourires, sa gestuelle, sa façon de penser et de vivre simple, sans complication. Mais avec le temps ils s’étaient éloignés. Maciej s’était fait absent, envahi par ses travaux. Peut-être parce qu’il avait peur de sa femme, peur de la blesser en faisant un geste de trop. Alors il n’avait pas fait un seul geste et la jolie demoiselle ne s’était jamais sentie véritablement aimée. Imaginez que l’homme que vous aimez vous donne l’impression d’être un bouche-trou. Est-ce sympathique ?

Et s’il en faisait rien, est-ce que de la même façon, Naïs, la seule qui lui restait, aller s’éloigner ? Mettant de côté retenue, le polonais posa une de ses grandes mains sur la tête de Naïs, mêlant ses longs doigts à ses cheveux. Il n’avait jamais trouvé ses cheveux doux, et n’étaient pas lisse comme il les aimait chez les femmes. Maciej avait toujours aimé les longs cheveux soyeux aux reflets cuivrés. Mais retrouver ce contact, si longtemps perdu, le ravit. Il redécouvrait cette folle crinière, laissée sauvage et dont le seul coiffeur était la brise. Quel plaisir que d’y mêler ses doigts, d’y faire des nœuds ! Pour les rapprocher encore plus, l’homme fit chevaucher l’une de ses jambes sur celles de Naïs. A les voir ainsi, l’un dans les bras de l’autre, on pourrait penser à un couple d’amoureux qui se prélassent, et non pas à de vieux amis, dont un qui n’était plus habitué à saisir les gens entre ses bras. Son trouble toutefois, était saisissable. Ses yeux cherchaient un endroit où se fixer, son souffle était loin d’être régulier, ses mains tremblaient. Tentant de se rassurer, comme pour mettre fin au silence qui renforçait leur intimité, le polonais prit la parole.

« Les rôles se sont inversés, c’est toi qui va me coller, à présent ? »

Sa voix se voulait amusée, et en prononçant ses paroles, Maciej se força à sourire, mais un rire nerveux mit fin à la mascarade, alors qu’il descendit sa main, celle qui jouait avec la chevelure de Naîs, au milieu du dos de la belle. Taisant ce rire rapidement et de façon extrêmement bizarre, n’ayant pas laissé le temps à cette excitation de se finir naturellement, Maciej reprit la parole. Elle avait demandé où il était disparu… Eh bien, il allait y répondre. D’un façon aussi déconcertante que sa réaction du moment.

« J’ai quitté l’école le vingt-deux mars, peu après mon anniversaire… Je n’attendais que ça, d’avoir mes seize ans pour partir. Je crevais d’ennui. J’ai dit au revoir à personne parce que je n’aime pas les adieux et que cela me met mal à l’aise qu’on me pose des questions et qu’on dise que je vais manquer à des gens, alors que c’est faux… On se fichait bien de moi à l’époque. »

Il parlait vite, comme s’il voulait que les mots se bousculent et que Naïs ne les comprenne pas. Comment osait t-il dire que personne ne s’intéressait à lui, alors que Naïs venait de prouver que, par le passé, elle avait eu de l’affection pour lui, qui perdurait encore ? Il semblait au bord des larmes, ce qui était le cas. Lui, toujours doux, souriant, le voilà amer. Et il eut cette phrase atroce.

« J’imagine que tu ne connais même pas la date de mon anniversaire, mais bon, c’est pas grave… »

Il renifla, sa main caressant le dos de Naïs. Même sa mère s’en foutait royalement. Parce que fêter l’anniversaire, c’est fêter que l’on vieillit d’un an. Que l’on s’approche de la mort. Sa mère a terriblement peur de la mort. Peut-être étais-ce pour cela qu’elle ne cessait de voyager, de s’intéresser à tout. Pour quitter la terre rassasiée, pleine d’images et ne regretter rien.

« Je me souviens que le jour de mes seize ans, j’ai eu le droit à un zéro parce que j’avais encore refusé de me métamorphoser en cours… Et que suite à cet épisode, les autres élèves avaient décrété que mon totem devait être un moineau ou une fourmi pour que je n’ose pas me transformer devant eux. »

Sa main se stoppa dans le dos de Naïs. C’était un épisode douloureux, pour Maciej. Il ne put retenir une insulte envers les autres adolescents en y repensant. Sa voix était forte, sans appel, et le sentiment de honte, de tristesse devint celui de la rage. Comment avaient-ils osés… Et si son totem avait véritablement été un moineau ou une fourmi, quelle honte à avoir ?

« Les cons. »
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