- Eden, alors, tu viens ?!
- Oui, oui, j’arrive, une minute !
La jeune Eden Erichsen avait alors une douzaine d’années. On était dimanche. C’était l’heure d’aller à la messe et Eden n’était pas encore prête. Elle s’était levée un peu trop tard et elle venait seulement de finir de s’habiller et de se laver les dents. Elle grogna en passant rapidement sa brosse dans ses cheveux, tirant les noeuds qui s’y étaient formés durant la nuit. Elle jeta rapidement un coup d’oeil dans son psyché et tira un peu sur son chemiser bleu pâle. Elle fit passer ses mèches blond doré derrière ses épaules et se dit que ça devrait aller. Pourquoi faisait-elle tant attention à son attitude ? C’était juste une question d’habitude. Elle aimait être jolie. Elle n’aimait pas tellement être le centre de l’attention et de tous les regards, mais elle aimait se sentir jolie. Pour elle-même. Pour se sentir bien. Et puis tout le monde s’habillait bien pour aller à l’Eglise. Elle soupira à son reflet, s’empara de son sac et descendit les marches qui conduisaient au rez-de-chaussée. Sa mère l’attendait dans l’encadrement de la porte, l’air impatiente et légèrement contrariée. Eden lui adressa un sourire d’excuse et fila jusqu’à la voiture sans mot dire. Elle se cala sur la banquette arrière en cuir. Son père avait du la laver car le bazar qui y régnait d’habitude avait disparu. Tant mieux, après tout, elle n’avait pas tellement envie que ça de salir ses vêtements “spécial Eglise”, comme elle disait, avec des miettes de gâteau ou de la sauce de hamburger. D’un autre côté, bien que la voiture soit 6 jours sur 7 dans un état des plus terribles, ce n’était pas bien grave. Après tout, son père travaillait avec des scientifiques parmi les plus renommés dans l’aérospatiale. Eden croisa les bras et regarda par la fenêtre ouverte. Presque tout le monde se rendait à l’Eglise. Elle n’aimait pas vraiment le monde. Même si elle avait plusieurs amies, elle n’accordait sa confiance qu’à peu d’entre elles, consciente que beaucoup lui tournaient autour parce qu’elle était jolie, intelligente et que ses parents étaient bourrés d’argent.

Cependant, elle ne s’en formalisait plus tant que ça. Eden était née ici. Elle avait vécu toute sa vie à Houston, avait appris à faire avec et à sourire pour le peuple. C’était en gros son lot quotidien. Et, d’une certaine façon, elle était heureuse de cette vie. Elle aimait jouer un rôle, comme lorsqu’elle montait sur scène pour les pièces de théâtre de l’école. Elle aimait déclamer un texte, se sentir tout autre. Mais plus encore, elle aimait se rendre à la piscine et nager pendant des heures. Là, elle se sentait vraiment elle-même. Elle n’avait plus à jouer un rôle, à faire semblant. Deux facettes de sa vie. Elles s’opposaient en tout point mais se rejoignaient pour la rendre heureuse. Elle aimait rire, sourire, papillonner des paupières tout autant que se perdre dans la tranquillité de l’eau miroitante. Lorsque son père se gara enfin en face de l’Eglise, elle émergea du véhicule, droite et fière, chaussant ses lunettes de soleil de marque. Elle inspira une grande goulée d’air humide et chaud et s’élança, talons claquant sur le sol bitumé du trottoir. Avec un sourire resplendissant elle alla enlacer ses amies les plus proches avec un regard en arrière pour vérifier que ses parents avaient eux aussi rejoint leurs propres amis.
- J’ai hâte de t’entendre réciter ton poème sur Howard Hughes ! Ça va être grandiose !
- Sûrement pas autant que le tien sur Beyoncé, j’en suis sûre !
Eden et ses amies éclatèrent de rire. La concernée avec un peu moins d’enthousiasme mais elle savait pertinemment que la jeune fille n’était pas méchante. Seulement, si Eden avait choisi un “héros” notable de l’Histoire pour répondre au sujet “Ecrivez un poème sur la célébrité de votre choix passée par Houston”, Sylvie avait simplement choisi sa chanteuse favorite. Hughes et Beyoncé n’étaient pas vraiment comparables, c’était peu dire. Parfois, Eden se demandait ce qui pouvait faire qu’elle et ses amies aient tant de choses de différents. Mais les différences faisaient aussi les amis. Si on était tous pareil, rien ne serait plus surprenant, rien n’aurait plus de goût.
Finalement, les gens commencèrent à rentrer dans l’Eglise pour la messe. Avec un sourire toujours accroché aux lèvres, Eden suivit le mouvement en compagnie de ses amies. Tout le monde était très pieux et même si Eden n’appréciait parfois guère les sermons du prêtre, elle croyait tout de même en Dieu. Pas tellement pratiquante mais croyante tout de même. Elle respectait Dieu et tout ce que ça impliquait. Elle finit par rejoindre ses parents, adressant un signe de la main à ses camarades. Elle les retrouverait plus tard et elles iraient manger un morceau ensemble et faire tout ce que les filles pouvaient bien faire entre elles : parler des garçons, de shopping, des cours, des profs. Bref. Rien de bien nouveau. La jeune fille croisa les jambes et posa chastement ses mains sur ses cuisses, battant l’air avec son pied. Son regard croisa celui d’un garçon à peine plus vieux qu’elle un peu plus loin. Il la dévorait des yeux, comme si elle était la chose la plus belle qu’il n’ai jamais vue. Elle lui fit un sourire un peu timide. Il était pas mal du tout, comme garçon. Mais ça s’arrêtait là. Face au sourire, le jeune homme rougit comme une pivoine et détourna les yeux. Eden, un peu soulagée, reporta son attention sur le prêtre qui venait de faire son entrée. C’était étrange comme les garçons l’indifféraient en ce moment. Aucun ne lui plaisait vraiment. Après tout, elle était encore jeune, mais toutes ses amies n’arrêtaient pas de parler, encore et encore, de Jules, Paul, Antoine et autres. Avec un haussement d’épaules, Eden se dit qu’elle pourrait bien y penser plus tard. Se concentrant sur la voix de l’homme d’Eglise, elle oublia tout le reste.

Eden perça la surface de l’eau et inspira une grande goulée d’air teinté de chlore. Repoussant ses longs cheveux blonds derrière elle, elle battit des paupières pour en chasser le liquide et accentuer la netteté de sa vision. Autour d’elle, dans les gradins, elle repéra sa mère, un sourire resplendissant aux lèvres. Le bruit, la voix, qui s’élevait dans les hauts-parleurs lui paraissaient sourde, grave, et incompréhensible. Elle avait encore de l’eau dans les oreilles. Mais à la vue du sourire de sa mère, Eden en déduisit qu’elle devait avoir gagné la course. Elle s’intéressa d’un peu plus près au reste de l’assemblée qui l’acclamait, debout, frappant dans leurs mains. Elle leva la sienne, les salua avec un sourire. Elle avait gagné. Elle avait failli ne pas y croire. Elle avait eu quelques difficultés ces derniers temps, surtout après un accident. Lors de leur habituel séjour dans les Rocheuses pour l’hiver, elle s’était abîmé un ligament et elle avait craint de ne pouvoir assumer cette compétition. Mais finalement, tout s’était bien passé. C’était le principal. Repoussant une nouvelle mèche qui lui barrait le visage, Eden soupira. Elle se hissa hors du bassin et s’enroula dans la serviette éponge qu’on lui tendait. Elle avait gagné. Son coeur battait encore de la course folle, ses membres en tremblaient toujours également. Elle s’assit sur le banc et but une gorgée d’eau. C’était fini. Pour cette fois. Il faudrait voir pour les autres compétitions. Elle massa délicatement son genou qui commençait à se faire douloureux après la retombée de l’adrénaline. Sa mère avait descendu les gradins pour venir lui poser une main sur l’épaule.
- Tu étais fabuleuse ma chérie !! C’est dommage que ton père n’ait pas pu être là.
- Oui, comme d’habitude. Mais merci. Tu sais quoi, je vais aller prendre une douche et me changer. Mon genou recommence à me faire mal.
- Je te prendrais un rendez-vous avec le médecin.
Eden hocha la tête vaguement et se dirigea vers les vestiaires. Une fois à l’intérieur, elle se laissa glisser le long du mur après avoir enclenché le jet de la douche. Elle sentait son genou pulser doucement contre sa main. Elle avait du trop forcer dessus. Son médecin allait encore la réprimander. Mais qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Elle était une jeune femme déterminée, même têtue parfois. Elle était une battante et elle ne pouvait abandonner comme ça, quitte à avoir des soucis avec son genou par la suite. Ce qui allait sûrement arriver maintenant. Eden renversa la tête en arrière pour la poser contre le carrelage froid du mur. Elle inspira de grandes goulées d’air saturé en humidité et se leva pour s’emparer de son gel douche. Du moins, elle essaya. Son genou flancha et elle glissa sur le sol mouillé. Elle poussa un gémissement de douleur et de frustration lorsque son articulation blessée heurta la faïence. Une main se posa sur son épaule mais elle la repoussa avec vigueur, les larmes aux yeux. Elle reconnut vaguement l’une de ses adversaires.
- Tu vas bien ?
- Oui, c’est bon. Tu peux me laisser.
La voix de la jeune femme était froide et sèche. Elle laissait sous-entendre qu’elle ne voulait de personne autour d’elle dans cette intimité, dans cette douleur personnelle. Une fois l’intruse loin d’elle, Eden frappa le sol du plat de la main et mordant fermement dans sa lèvre inférieure. Elle lâcha un nouveau grognement de frustration et de colère envers elle-même. Il était sûr qu’elle ne pourrait pas assurer la prochaine compétition. Elle avait gagné celle-là mais ce serait également la dernière. Le jet de la douche était toujours enclenché et l’eau inondait son visage en plus des larmes qui s’étaient échappées de la barrière de ses paupières.

La jeune femme finissait de se sécher, frottant ses cheveux pour en chasser l’eau qui perlait à chaque mèche. Son genou la soutenait de nouveau mais elle se sentait mal. Frustrée, troublée, faible. Et elle détestait de montrer ainsi, se sentir ainsi. Elle ne supportait pas cette faiblesse. Elle avait toujours été fière et forte. Elle soupira en lançant sa serviette éponge sur un banc et enfila son pantalon en se tortillant un peu pour faire passer ses hanches à l’intérieur. Depuis quelques temps, elle avait changé de style. Elle était passée des petites robes légères et de ses robes en grosses mailles pour des pantalons de ville et des chemisiers. Elle avait mûri, même si elle avait toujours été bien plus mature que ses amies. D’ailleurs, même à ce niveau-là, elle avait changé de styles. Elle ne restait plus qu’entourée de quelques filles. Celles qu’elle savait vraiment fidèles et qui la suivaient pour ce qu’elle était et non pour ce qu’elle représentait, pour ce que ses parents étaient, avaient. Du coup, elle n’en avait plus beaucoup. Elle boutonna son pantalon et se pencha pour prendre son haut qui traînait dans son casier. Une mèche barra son visage mais elle ne prit pas la peine de la repousser. Sa respiration profonde gonflait sa poitrine et son pendentif en forme de clé scintilla dans la lumière tamisée des vestiaires.
- Ne t’en fais pas pour ton genou, ça ira.
- Ouais ouais, mêlez-vous de vos affaires…
Eden leva la tête pour croiser le regard de celle qui était venue l’importuner, s’attendant encore à l’une des compétitrices qui serait ravie de la voir écartée de la prochaine compétition. Mais il n’y avait personne. Une main à moitié dans la manche de son chemisier, elle pencha la tête et chercha la fille qui lui avait parlé. La jeune femme fronça les sourcils et contourna la ligne de casiers.
- Montrez-vous, merde. C’est pas drôle.
- Tu ne peux pas me voir.
- Ah ah. Nan, vraiment, très drôle.
- Non, vraiment, tu ne peux pas me voir. Tu peux m’entendre, mais pas me voir. Je m’appelle Allegra et je serais ton Totem.
La jeune femme finit d’enfiler son chemisier et admit qu’elle ne pouvait pas voir qui lui parlait avec une moue exaspérée. Elle leva les yeux vers le plafond avec un soupir.
- Ça me fait une belle jambe. C’est quoi un Totem et qu’est-ce que tu veux de moi ?
- Un Totem est un esprit animal lié à un élément. Et je souhaiterais que nous fusionnions. Tu es destinée à être une Gardienne de l’eau, Eden. Pour défendre et protéger la magie.
- La magie ? Attends, tu as dit : fusionner ?, demanda Eden en fronçant de nouveau les sourcils, agitant la main dans les airs comme stopper le blabla de la voix.
- Oui, la magie. Et oui, fusionner. Nos esprits, nos âmes. Ça t’apportera un esprit plus vif, plus fort, plus courageux. Tu posséderas un pouvoir et tu ne feras qu’une avec cet instinct animal que je possède.
- Quoi ? Non, écoute, qui que tu sois, quoi que tu sois et… où que tu sois, je ne crois pas en la magie. Tu vois, je vais à l’Eglise tous les dimanches, je crois en Dieu. Pas en la magie. Et tout ce charabia… Un instinct animal ?
- Oui… Plus tard, si tu acceptes, tu pourras t’incarner en pingouin. Et tu ne penses pas que Dieu est de la magie ? Comment aurait-il pu créer l’homme ? La Terre ? Et si la magie n’existait pas, comment pourrais-je te parler dans ta tête ?
- Je dois devenir dingue !
- Non, Eden. Tu as été choisie pour tes qualités, pour devenir une Gardienne. Mais pour cela tu dois m’accepter. Accepter qui tu es, qui tu peux devenir avec mon aide. Tu peux devenir bien plus que ce que tu es actuellement. Plus forte, plus puissante, grandiose. Avec moi, tu te sentiras réellement toi-même. Complète.
Le regard de la jeune femme se perdit dans le vide et elle réfléchit à la proposition que cet être invisible qui parlait dans sa tête. C’était carrément dingue. Comment est-ce que ça pouvait être réel ? Elle effleura son front du bout des doigts, comme si elle craignait de s’être cogné la tête lorsqu’elle était tombée un peu plus tôt. Mais non. Ce n’était pas le cas. Plus fort, plus puissante, grandiose… La voix de ce… pingouin résonnait encore dans sa tête comme une douce mélodie qui l’invitait à suivre le chemin. Glissant ses mains dans ses cheveux pour les repousser en arrière, elle inspira profondément, parfaitement incapable de peser réellement le pour et le contre. Cette voix lui promettait un avenir autre que celui qui se profilait normalement devant elle. Elle pouvait changer, prendre un nouveau départ. Ce pouvait être bien, peut-être, pourquoi pas. Elle se mordit la lèvre inférieure et expulsa tout l’air de ses poumons.
- Je sens que je vais finir par le regretter… mais d’accord, fais ce que tu veux… Fusionne avec moi.
- Crois-moi, tu ne le regretteras pas, Eden.
Une seconde plus tard à peine, un cri s’échappa de la gorge de l’ex-nageuse avant qu’elle ne tombe à nouveau à genou sous le coup de la douleur.

Cela faisait maintenant cinq ans qu’Eden avait quitté le Texas, sa chaleur humide, ses amies, sa vie. Assise sur le rebord d’une fenêtre de l’école, elle contemplait le paysage qui s’étendait sous elle. Il s’étiolait à l’infini dans une brume spectrale qui la fit frissonner, même encore maintenant. Après tout ce temps passé en Angleterre, elle avait encore parfois du mal. Elle se souvenait encore de la jeune femme qu’elle était en arrivant. Elle avait cru qu’elle pourrait débarquer là, se faire de nouveaux amis, retrouver une petite bande comme autrefois. Peut-être même sortir avec deux ou trois personnes. Mais, elle, si fière, si déterminée… si seule et si étrangère à tout cela. Que faisait-elle là ? Que faisait-elle dans ce pays sombre et froid ? L’Angleterre n’avait-elle jamais vu le soleil de son existence ? Aux oubliettes les jupes volantes et les petites robes. Même dans ses pantalons elle avait parfois froid. Elle détestait cette humidité qui suintait jusque dans son être, la frigorifiant bien plus que n’importe quelle glace. Les gens étaient si différents de ceux qu’elle connaissait. De là où elle venait, il lui suffisait de sourire, de rire et de venir entamer une conversation pour être acceptée dans un groupe. Il suffisait simplement d’être ouvert et gentil. Sociable. Mais ici… C’était différent. Les gens était différents. Ou était-ce elle qui s’était finalement crue bien plus ouverte et sociable qu’elle ne l’était en réalité ? Elle avait toujours été ancrée dans son quotidien, ne se posant pas de questions pour savoir si elle pouvait avoir d’autres amies, d’autres centres d’intérêt. Il n’était pas rare, à cette époque, qu’Eden se laisse glisser contre un mur, dans un couloir désert, à la fin d’une journée harassante, pour pleurer toutes les larmes de son corps. A chaque fois, elle pensait qu’elle n’en avait plus, qu’elle ne pourrait plus pleurer son désespoir. Elle se voilait la face. Elle voyait bien que tous la jugeaient dans son dos — ou n’était-ce qu’une idée qu’elle se faisait ? — elle avec son accent à couper au couteau, son joli bronzage doré qui se ternissait jour après jour, sa fierté toute sudiste. Elle était l’Américaine. L’intruse. Et elle ne se sentait plus à son aise nulle part. Elle avait toujours peur de ne pas être à sa place, de déranger, de gêner. C’étaient des sentiments qui ne l’avaient jamais habitée auparavant, ou alors très peu. Maintenant, elle les vivait perpétuellement. Elle n’en pouvait plus. Et même si elle travaillait sans relâche pour s’occuper l’esprit, pour ne plus penser à rien. Prouver que, même si elle n’était pas Européenne, qu’elle n’avait pas accepter de gaieté de coeur son Totem, elle pourrait être la meilleure. Cependant, ça ne marchait pas tout le temps.

Et c’était à cet instant qu’elle avait rencontré celle qui changerait tout. Elle était à peine plus vieille qu’elle. Un an, peut-être deux tout au plus. Eden était encore une fois en train de pleurer dans un couloir lorsqu’elle avait entendu des bruits de pas se rapprocher. Elle avait essuyé rapidement ses yeux d’un revers de la main, s’était levée et avait tenté de fuir. Pour éviter une nouvelle confrontation, pour éviter de gêner quelqu’un. De se prendre encore une fois une insulte ou une pique cinglante. Ce que les jeunes pouvaient être dur entre eux. C’était pire encore lorsque l’on passait du statut de populaire à celui de loser. Mais la jeune femme n’avait pas été assez rapide. Si elle fuyait comme une voleuse devant cette personne, de quoi aurait-elle l’air ? Elle donnerait raison aux autres. Où était donc passée sa fierté, son courage, son honneur ? Elle s’était alors retournée pour faire face à l’ennemi. Elle était blonde, comme elle. Mais son teint était plus pâle, sûrement habituée au climat. Elle l’avait accompagnée à tous ses cours, l’avait présentée à d’autres, avait poussé les autres à lui parler, à essayer de la découvrir un peu plus que ce qu’elle apparaissait. Grâce à elle, Eden retrouvait un peu plus de joie de vivre, bien que toujours réservée et méfiante. Bien évidemment, elle ne pouvait savoir qu’elle avait souvent agi comme Galathéa par le passé. Il n’avait pas été rare qu’elle se lie d’amitié avec un paria et qu’elle l’avait ensuite mêlé à la masse, à sa sphère de connaissance, à grand renfort de sourires et de confiance. Ça avait été étrange de se retrouver de l’autre côté. Elle traînait donc souvent avec l’élève de la Tour de l’Air. Elles discutaient longuement, se racontant leurs vies, rigolant. Oui, Eden s’était trouvée une nouvelle amie, une vraie.

Eden lança un petit caillou qui traînait sur le rebord par la fenêtre. L’air frais de la soirée lui caressait le visage en une douce caresse. Finalement, on s’y faisait. L’acceptation de ce nouveau pays, de ces nouvelles têtes, de cette nouvelle vie, s’était faite grâce à Galathéa. Sans elle, elle n’aurait rien pu faire. Elle en serait toujours à pleurer dans les couloirs. En fait, peut-être que non. Elle serait sûrement devenue hautaine, endurcie par ce rejet, rejetant à son tour les autres. Elle aurait retrouvé sa fierté, restant seule, mais fidèle à elle-même. Mais en compagnie de sa camarade de l’Air, Eden avait trouvé une nouvelle facette d’elle-même. Elle se souvenait encore de cette passion grandissante. Aussi fascinante que terrifiante. Elle était croyante, elle croyait en Dieu. Ce n’était certes pas la première fois qu’elle éprouvait quelque chose pour une personne du même sexe qu’elle, mais elle était persuadée que ça n’avait jamais été aussi puissant. Pendant longtemps, elle avait tenté de se convaincre que ce n’était que parce que Gala était sa seule véritable amie à Bewitching, qu’elle ne connaissait réellement qu’elle et que la réciproque était vraie… mais elle n’avait pas pu se mentir bien longtemps. Un jour, alors qu’elle se baladait dans les couloirs, riant avec son amie, Eden avait été prise par l’envie de l’embrasser. Voir ainsi son sourire, entendre son rire joyeux, les quelques rayons de soleil jouer avec ses cheveux, elle était magnifique. Instinctive, elle s’était alors penchée et, sans prévenir, avait déposé un chaste baiser sur les lèvres de Galathéa. Mais elle eut peur d’avoir fait une grave erreur alors que la jeune femme la fuyait pendant presqu’une semaine. Eden se sentait dépérir. Elle pensait avoir perdu sa seule amie. Jusqu’à ce que cette dernière ne la retrouve un soir, dans le fond de la bibliothèque où Eden avait l’habitude de lire. Depuis cet instant, elles ne se quittent plus, ou presque. Se lançant des regards complices de temps en temps, discrètes en toute circonstance.

Eden perçut un bruit de pas derrière elle. Se retournant à demi, un sourire fleurit sur ses lèvres lorsqu’elle reconnut Galathéa. Elle descendit du rebord de la fenêtre et vint à la rencontre de son amoureuse. Déposant un baiser tendre sur ses lèvres, elle lui prit la main.

mon petit prénom : Cyrielle, ou Azraël comme vous voulez
mon petit âge : 20 ans
sur mon avatar, c'est : Teresa Palmer
voilà comment j'ai découvert le forum : Par Siobbhan
tant qu'à faire, j'vous dis ce que j'en pense : Si je suis là, c’est que je le trouve suffisamment bien, non ?
et voici la preuve que j'ai bien lu les règles : Codes validés par Dellà
autre(s) : J’ai bien peur d’avoir une connexion relativement merdique alors ne m’en voulez pas si je ne poste pas à la vitesse de l’éclair ><