Pour les objets perdus, c'est par ici. [Tekla]

[HJ : Je m’excuse pour le retard ainsi que pour le contenu de ce post xD ]

Tandis que je somnolais, je sentis une présence près de moi se faisant de plus en plus insistante. Je la repoussais négligemment une fois, puis deux. Rien à faire, elle revenait constamment à la charge. Dans un grognement d’insatisfaction je fus contraint d’ouvrir les yeux. Il s’agissait d’une grosse liane, ondulant doucement dans l’obscurité.

- Encore toi… Bon sang mais pourquoi personne ne te nourrit jamais correctement ?

« Brûle-là, cette maudite fougère… » Je soupirai, entre les plantes affamées et mon stupide Totem, pas moyen d’avoir la paix. Résigné, je me levai, de très mauvaise humeur. Maintenant que j’étais réveillé, pas moyen de rester allongé, sans rien faire. Il était tôt, trop tôt. Mes flemmards de colocataires dormaient encore eux, c’était injuste. Après avoir bougonné encore pendant dix bonnes minutes, j’enfilai un jean troué d’un peu partout, ainsi qu’un banal tee-shirt noir. J’hésitais à mettre des chaussures, puisque a priori je ne sortirai pas. Finalement je décidai de rester pieds nus, c’était quand même beaucoup plus agréable.
Après une rapide toilette je décidai de descendre manger, j’allai donc à la Tour Elémentaire. Le réfectoire était pratique, la nourriture était servie même la nuit. C’est donc avec avidité que je m’emparais de mets variés, j’avais une faim de loup. Pourtant je ne pris pas de bacon, comme c’était la tradition par ici. Effectivement j’étais végétarien, et attaché à mes principes. Les animaux ne sont pas indispensables à la bonne alimentation d’un être humain, la nature fournit absolument tout, et à moindre coût. En réalité il ne s’agissait que d’une question d’orgueil, l’Homme ne tolère plus puissant que lui ; et afin de montrer qu’il est le plus fort, il se comporte comme un super prédateur, se situant au sommet de la pyramide alimentaire. Il m’arrivait cependant de manger de la chair, mais uniquement lorsque Naïza prenait le dessus. Je ne pouvais pas vraiment le blâmer, cela faisait partie de ses instincts primaires. Enfin bref, passons.
Pour la première fois j’observai les alentours, et je fus surpris de constater que je n’étais pas seul, au contraire. Un groupe de six élèves s’esclaffait bruyamment. J’avais tellement été submergé par mes pensées que je ne m’en étais même pas rendu compte. Que faire ? Dehors c’était le déluge, et bien que j’aime la pluie, je préférais rester au chaud, pour le moment. Mon premier cours était à neuf heures, j’avais donc un temps considérable devant moi. Mais main se baladait tranquillement le long de mes cuisses lorsque, avec étonnement, je me rendis compte que ma poche droite était pleine. Curieux, je vidai son contenu et trouvai… une petite culotte ? Je mis plusieurs secondes à sortir de ma léthargie, mais comment un sous-vêtement féminin avait pu atterrir dans mon jean ?! « Pervers. » Une blague peut être. « Avec qui on passé du temps, hier ? » « Stella, toute la matinée… Et puis après avec les gars. » Ca ne voulait rien dire, les dortoirs étaient facilement accessibles, on avait très bien pu me glisser ça lorsque je dormais. « Ah et Tekla est passée nous voir, tu sais quand le pin s’est mit à glousser pour rien ; tu as été obligé d’enlever ton pantalon et… » Je jurai, c’était évident. La sève aurait taché l’un des derniers jeans à peu près corrects qu’il me restait, je n’avais pas eu le choix. Résigné, je me levai. « Tu vas où ? » « Lui rendre. » « Hein ?! Mais il est cinq heures du matin, Eléazar… » « Et alors ? De toute façon on à rien à faire. Et puis j’ai ma petite idée sur la façon dont je vais m’y prendre. »

En faisant une grimace, j’avançai vers la tour Nord. Le sol était vraiment chaud dans le tunnel, il me brûlait presque les pieds. Je préférais vraiment la terre douce et fraîche. Lorsque je franchi le seuil de la tour, je ne fus pas vraiment dépaysé. Déjà parce chez nous aussi il y avait du bazar un peu partout. Et puis ce n’était pas la première fois que je venais ici. Je n’avais pas peur, après tout nous étions censés être leurs alliés. « Et si on tombe sur Woann ? » « Tu crois qu’il court vite ? » « Je sais pas, faudrait qu’on fasse la course, un jour... » Je ris, ce serait tellement invraisemblable. « On fait quoi maintenant ? » « On attend. » « Pardon ? » « On attend. » « Tu veux mourir, c’est ça ? » « Je savais bien qu’au fond, t’étais pas vraiment un félin. Mais tu sais, j’aime bien les lapins aussi, y’a pas de soucis, c’est mignon. » Naïza feula rageusement. Je souris encore une fois. De toute façon je ne savais pas comment entrer dans leurs chambres, même après six années passées ici. Alors autant attendre qu’elle sorte. Au pire si je tombais sur quelqu’un je n’aurais qu’à prétexter qu’on avait rendez-vous. D’ailleurs, j’irai peut être faire un tour dans le jacuzzi, il était divin.

Lexy courait, à en perdre le souffle, il était heureux, tout comme moi. J'aimais cette sensation de liberté, ce souffle de vie, souffrir pour faire ressentir que nous sommes en vie, magnifique. Je laissais le contrôle total à Lexy lorsque nous partions en balade, il était tellement en second plan que je ne pouvais pas lui refuser un peu de liberté et étrangement, sa liberté devenait la mienne. Le fait de ressentir tout ce qui nous entourez, pouvoir se laisser guider, pouvoir sentir à travers ses narines différentes flagrances, des parfums inconnus, l'odeur de la mousse, l'odeur de la peur, l'odeur de la nature. Tout cela l'odorat humain ne pouvait pas le sentir, c'était grisant.

J'ai envie de chasser.

Mais vas'y je t'en pris. J'en ai envie aussi, ne te gène pas pour moi.

Non mais je n'ai pas envie de le faire seul..

Plus tard. Il doit déjà m'attendre dans la tour. Le coup de la petite culotte, vraiment très ingénieux, comment le ramener vers les feu, en l'y entrainant bien sûr..

Je pense qu'on te les a prise Tekla..

Plus tard Lex.

Il n'était pas très content, mais comment le lui reprochait ? Nous détalions, moins vite qu'auparavant, car je l'avais vexé. Le silence régnait dans nos deux esprits, les dalles commencèrent à chauffer sous les coussinets du puma, nous n'étions plus très loin, la chaleur ambiante était si grisante, si agréable. Une ombre se dessinait dans la salle principale. Le flair de Lexy m'indiquait qu'il était là, je ne pouvais pas décemment, réapparaître sous ma forme humaine, j'étais nue !!

Ca lui fera une belle surprise.

Vicieux.

Luke.

Que fais-tu chez les Feu ? Je te manquais tant que sa !

Six heures. J’avais eu le temps de profiter du jacuzzi ainsi que de sécher, Tekla n’était toujours pas sortie de sa tanière. Je commençais sérieusement à m’impatienter ; ils étaient donc tous feignants ici ?! Une heure et personne, pas un chat ! Mais bon sang, ils hibernaient ou quoi ?! « Sortons un peu, tu t’énerves… »

Non, je reste !

L’inactivité me pesait énormément, et c’est dans ces instants que je ressentais vraiment le fardeau de ma maladie. J’avais envie de hurler, de courir, de frapper, n’importe quoi pouvant me défouler. Et puis, quelle chaleur ! Comment pouvaient-ils supporter cela tous les jours ? A leur place, il y a longtemps que je serais devenu fou. « …aide-moi. ». Il ne s’agissait pas d’une demande impérieuse, disons plutôt que je me confiais à lui, je reconnaissais mes faiblesses. Instantanément je sentis Naïza se faire de plus en plus présent dans mon esprit. Je ne m’y opposai pas, cela m’apaisait. C’était l’une des nombreuses choses que je devais admettre à son sujet, mon Totem m’aidait à surmonter les crises. Certes c’était l’occasion pour lui de vivre plus intensément, mais tout de même, il me rendait un fier service. « Merci ».
Il y avait toutefois des conséquences. Tout d’abord j’étais plus félin qu’élève, sans pour autant avoir métamorphosé ; mon Totem était dominant. Ainsi je pu ressentir une étrange soif irradier ma gorge, cela ne faisait pas mal, mais c’était franchement désagréable. En réalité, et je l’avais compris des années plus tôt, c’était l’appel du sang qui se faisait de plus en plus insistant. Je ne mangeais jamais de viande en temps normal, pas étonnant que Naïza soit mort de soif. « Irons-nous chasser ? » « Plus tard, les cours ne vont pas tarder. Et puis je tiens vraiment à la voir. ». Cet état m’impressionnait toujours. Déjà parce que je devenais le plus faible de nous deux, bien que je contrôle toujours mon corps ; mon Totem n’était plus en moi, j’étais en lui. Une expérience unique. Egalement car Naïza s’exprimait totalement différemment, ce n’était plus le gros chat que je connaissais bien. Non, c’était un dangereux félidé aux intonations profondes, belliqueuses et possessives.

Le bruit que fit le gobelet en roulant sur le sol n’échappa à mon ouïe désormais accrue. Je ne me retournais pas, il s’agissait sûrement d’un élève de la tour. Tant qu’il ne dérangeait pas Naïza, je n’avais aucune raison de me montrer menaçant.

Luke. Que fais-tu chez les Feu ? Je te manquais tant que sa !

Mon dos se raidit brusquement. Ce ton suave, légèrement moqueur… Tekla. J’avais attendu ce moment plus d’une heure, et pourtant, sans prévenir, une nouvelle pulsion de colère me submergea. Apparemment nos deux esprits n’étaient pas assez fusionnés pour que mon hyperactivité ne reprenne pas le dessus. Je tapais du pied, machinalement, comme pour évacuer toute ma nervosité.

Comme si tu ne le savais pas !

Je pivotai, afin de lui faire face. Elle était dans l’ombre, cachée par un large fauteuil. Elle affichait une mine satisfaite, comme si elle avait su que je viendrais. Cela ne me surprit pas, le Feu était un fin manipulateur, c’était bien connu.

Il fait de plus en plus chaud ici…

Comment tu fais pour supporter ça ? Notre tour est quand même bien plus agréable.

J’avançai vers elle. J’étais toujours énervé, mais étrangement un autre désir naissait en moi, plus puissant. Non, ce n’était pas exact. En réalité cette envie provenait de mon Totem. Je fronçai les sourcils, elle avait donc autant d’influence sur lui ? Et puis je fus prit d’un violent vertige, qui me coupa le souffle. Naïza devenait fou, je le percevais, il essayait de se métamorphoser. « Qu’est-ce qui te prends ? Arrêtes, tu me fais mal ! » C’est alors que je la sentis à mon tour, l’odeur du sang frais était omniprésente. Et elle venait d’elle. Ils venaient de chasser.

Tu le fais exprès ou quoi ?

Elle n’avait pas besoin qu’on la ménage, elle pouvait se défendre seule. C’est pour cela que je ne retins pas mes pulsions, de toute façon je n’aurais pu les retenir. Ma lèvre supérieure était retroussée, une expression hostile sur mon visage.

Tu empestes la viande ! Si tu veux me voir va te laver…

Même si je tenais à discuter avec elle, je ne pouvais le faire tant qu’elle dégageait une telle odeur, pas si je voulais contrôler mon Totem en tout cas. Le jacuzzi n’était pas loin, et puis elle devrait enlever se vêtement, tant mieux, j’en profiterais. Elle l’avait bien cherché après tout. Car pour l’instant, je ne pouvais observer que sa tête, je n’avais pas encore aperçu ses courbes alléchantes.

Luke ne s'était pas retourné, j'en fus vexée, qu'est-ce qui lui prenait ? Il n'était pas matinal ou quoi ? Il avait l'air, d'après le ton de sa voix, un peu énervé, amer ? Je ne saurais dire, mais son attitude me refroidis directement. Qu'est-ce qu'il avait donc ? Ce n'était pas moi qui lui avais dire de venir m'attendre dans ma tour, à 6 heures du matin.

Naiza est très présent dans son corps, fais attention Tekla. Si tu as besoin d'aide je suis là.

Arrête, Luke ne m'attaquerait pas ! Si ?

Dans le noir, dos à lui, mon visage pris une forme d'incompréhension, je ne pensais pas qu'il serait de si mauvaise humeur. Que ce passait-il, il n'avait peut-être tout simplement pas apprécié ma petite blague. Hum. Arès tout, c'est lui qui voyait. Je n'allais pas me rendre malade pour ça. Je haussais les épaules, je n'étais pas du genre à ressentir de la peine ou de la culpabilité.

Il fait de plus en plus chaud ici...

Comment tu fais pour supporter ça ? Notre tour est quand même bien plus agréable.

Chacun à son point de vue, moi j'adore la chaleur, et votre tour est très belle, mais c'est trop... Comment dire, vert ?

TEKLA ! IL VA T'ATTAQUER ! NEIZA EST HORS DE CONTROLE !

Lexy hurlait, je ne savais pas ce qu'il fallait que je fasse. Lexy voulait prendre le contrôle pour me défendre, je l'en empéchais, quelque chose n'allait pas. Il fallait que je mette le doigt dessus, la curiosité teintait mes yeux d'ambre, la couleur de mon totem. Les flammes commencèrent à lécher mes veines, je me sentais frissonner de partout. Non. Sur la défensive je le regardais, un combat intérieur se déroulait en Luke. Qu'allait-il se passer ? Etait-il assez fort pour retenir sa soif ?

Tu le fais exprès ou quoi ?

Tu empestes la viande ! Si tu veux me voir va te laver...

Nous sentons le sang.

Ne fais pas n'importe quoi Tekla, tu vois bien qu'il est sur les nerfs. Allons nous laver.

Tu es si raisonnable Lexy.

Il en faut bien un sur les deux..

Très bien. Je ne te savais pas si puissant, il émane de toi une telle puissance.. Mais bon, tu veux que je me lave ? Bien-sûr, tu m'accompagnes ?