N&E.

A vouloir jouer les fanfarons on finit par s’y brûler. J’en aurai fait une seule bouchée. Raah, tais-toi donc sale bête. La voix féline à l’intérieur d’Eldan ricanait doucement tandis que le directeur retournait à grandes enjambées jusqu’à sa Tour, une écœurante odeur de brûlé le suivant. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, entrainant avec elle le grand silence du sommeil des élèves. Eldan lui avait décidé d’avoir une petite discussion avec le directeur des Flamboyants pour lui dire sa façon de penser : bien que certains élèves de Terre s’alliaient avec eux depuis leur grande invasion, ils ne cessaient de subir leur colère et leur fourberie. Leur responsable ne pouvait plus décemment supporter ça et avait décidé d’aller directement rencontrer son investigateur. Eldan ne pouvait nier qu’il perdait de plus en plus le contrôle des élèves qu’il avait en charge : la Tour se scindait en deux. D’un côté les résistants, de l’autre les corrompus. Rien de mieux qu'une bonne dispute pour remettre tout à plat. De toute évidence, la discussion entre les deux hommes avait été mouvementée. Si quelques élèves avaient l’ouïe fine, ils auraient pu aisément entendre deux voix viriles et autoritaires s’élever dans de paroles peu recommandables. Fort de sa fureur, le directeur adverse avait finalement invoqué son élément de feu dans un petit sort qui parvint tout de même à réduire en néant les vêtements d’Eldan. Fou de rage, c’est finalement avec des lambeaux de tissu sur le dos qu’il entra discrètement dans sa chambre qu’il manqua de claquer.

Après s’être changé et avoir ruminé pendant de longues minutes, Eldan avait fini par se coucher à l’instar de ces Terrestres déjà endormis. Cependant le sommeil ne venait pas. Intérieurement, il fulminait et Daliksès alimentait avec plaisir sa colère. Cesse de faire la girouette. Tu es stupide Eldan. Te rappelles-tu de tes 15 ans lorsque je t’ai donné un aperçu de ce que nous pourrions être ? Tu as le pouvoir, nous sommes d’une force innée. Bewitching nous a permis de nous unir d’autant plus mais c’est terminé. Cesse de t’occuper de ces gamins tout aussi intelligents qu’une limace et vois ton avenir à toi. Tais-toi Daliksès. Rejoindre leur cause serait peut-être une bonne solution. Les Profanes sont inutiles à la société tu le sais. Ils n’ont rien en commun avec nous, ils ne sont que faiblesse et décadence. Je t’ai dit de te taire sale chat ! C’est moi qui commande ici. Tel un enfant, Eldan avait attrapé son oreiller qu’il plaqua brusquement sur sa tête dans l’espoir de ne plus entendre la petite voix qui continuait d’alimenter le dilemme déjà bien présent en lui. Eldan ne savait que faire avec toute cette mascarade. Son adolescence à l’école avait été bien plus paisible qu’ici. L’égalité des Tour avait toujours marché pourquoi Diable vouloir instaurer une telle hiérarchie ? Surtout que les Terre n’étaient pas les premiers. Il devait continuer à voir dans l’intérêt de ceux qu’il devait éduquer, guider et protéger. Quitte à faire croire le contraire et à devoir s’imposer comme les Flamboyants le faisaient depuis trop longtemps. Les idées ne cessaient de se mélanger dans l’esprit du jeune directeur qui tentait tant bien que mal de s’endormir. Il sombra finalement dans le pays des songes au bout de plusieurs heures de divagations éphémères. Le sommeil se faisait particulièrement rare ces temps-ci, les moindres minutes de repos seraient les bienvenues et hors de question qu’on vienne le déranger pour un quelconque problème en plein milieu de la nuit.

Malheureusement, le sort s’acharnait contre lui. Plusieurs petits coups contre sa porte l’extirpèrent violemment de son court rêve. Surpris, il se releva si vite de son lit qu’il en fut étourdi. Eldan se prit avec grande grâce les pieds dans son drap et chuta lourdement sur le sol dans un bruit sourd. Sans se préoccuper de savoir s’il allait réveiller quelqu’un, il tapa son poing sur le sol avec force tout en laissant échapper un juron. Un regard sur son réveil le frappa d’horreur : 2 heures 30 du matin. Qui osait venir le déranger à cette heure-ci ? Il n’avait dormir qu’une heure à peine. Alors que de nouveaux petits coups retentissaient dans sa chambre, il poussa un soupir avant de saisir un jean qu’il enfila le plus vite possible, histoire d’avoir l’air présentable. D’un pas trainant, Eldan s’approcha alors de la porte qu’il déverrouilla avec lassitude. L’ouvrant juste assez pour laisser paraitre son visage, il leva ses yeux bleus vers la personne en face de lui. S’accoudant contre l’encadrement de la porte, il passa sa main sur son visage alors qu’il soupira : « Noam… » Le jeune homme de sa Tour qui était très copain avec l’insomnie. Quelle surprise. Pourquoi n’avait-il pas deviné plus tôt ? Avoue tu l’attendais. Quand cesseras-tu tes bêtises… Il reporta son attention vers son élève qu’il ne connaissait que trop puis il finit par chuchoter : « Je t’en prie dis-moi que tu accoures pour me dire que la tour brûle sinon je retourne me coucher… » Il toisait le jeune élève du regard dans lequel brillait presque une lueur d’espoir. Ne disait-on pas que l’espoir faisait vivre.

N&E.

Pendant longtemps, Eldan lui aussi avait aspiré à passer une nuit paisible sans qu’aucun parasite ne vienne déranger son esprit. Mais il semblait qu’à Bewitching, peu de personnes pouvaient s’endormir en toute sérénité, avec une conscience débarrassée de toute faute. Peut-être était-ce une particularité inhérente aux Gardiens dont l’essence de l’âme elle-même était occupée par un animal totem qui leur était encore inconnus il y a quelques années. Eldan lui-même avait du affronter de nombreuses et longues nuits blanches durant lesquelles les terreurs refaisaient surface comme trouvant un moment propice pour s’immiscer dans leurs victimes. Même bien avant l’école, peu de temps avant la découverte de Daliksès, la famille Gale devait supporter hurlements et crises violentes de panique de la part de leur ainé, horrifié par la petite voix qui prenait lentement mais sûrement le contrôle de ses propres pensées. La nuit était souvent signe de calme, rêve et fantasmes mais en tant que pédagogue, Eldan n’avait eu vent que de court sommeil et de problèmes ressurgissant une fois la nuit passée. Quand il ouvrait la porte à des garçons comme Noam, il sentait tout le poids de leurs soucis sur ses épaules. Bien trop égoïste pour s’être occupé des rares amis qu’il avait eu, la maturité de l’âge avait apporté avec elle son lot de responsabilités. C’était à lui de prendre soin d’eux, c’était à lui de leur prodiguer mille et uns conseils sans leur révéler que lui-même n’était pas à même de les suivre consciencieusement. Maintenant qu’il était apaisé et que Daliksès s’était fondu dans une âme commune et bien différente, c’était à lui de supporter les péripéties des autres Gardiens plus jeunes que lui. Et bien sûr, il n’avait rien à redire sur ça. N’avait-il pas accepté –et avec folie- ce poste ?

Depuis le temps qu’elles duraient, Eldan avait fini par se résigner face aux insomnies incessantes de Noam. Alors qu’il venait à peine d’intégrer son poste de directeur, les problèmes nocturnes du jeune garçon faisaient partie des premiers soucis qui avaient entaché le sommeil pourtant indispensable au directeur. Bien entendu, il ne manquait jamais une occasion de frapper à sa porte pour lui communiquer sa détresse –et pour l’ennuyer comme tout élève ferait avec son supérieur accessoirement, on ne change pas un élève qu’il ait des pouvoirs magiques ou pas. Nombreuses fois il avait eu envie d’écouter les plaintes de Daliksès et de renvoyer Noam aussi vite qu’il était venu, mais il ne pouvait s’y résoudre. N’aurait-il pas voulu avoir une épaule sur laquelle se reposer quand il était épuisé de se battre contre des forces plus fortes que lui ? Il n’avait pas eu la chance d’avoir un directeur aussi conciliant qu’il espérait alors malgré lui, il finissait toujours par lui ouvrir la porte et à supporter toute la nuit la présence de Noam. Le ton que ce dernier prit pour lui répondre arracha un faible sourire sur la mine fatiguée d’Eldan qui ne put se retenir de se frotter les yeux une nouvelle fois. Si toutefois il lui claquait la porte au nez, serait-ce considéré comme de la violence envers autrui ? Parce qu’à ce moment précis, il mourrait d’envie de refermer le battant sur ce petit minois sur lequel trônaient peu de marques de virilité et de vieillesse. Eldan prit une profonde inspiration dans l’espoir de chasser toute mauvaise pensée de son esprit alors que Noam était reparti en des justifications tout aussi réelles qu’elles étaient déjà connues du directeur. Sa dernière remarque semblait éveiller l’attention de l’homme qui murmura, audiblement même si la réflexion se voulait intérieure : « Alors tâche la prochaine fois de mettre le feu à la Tour Nord, ça nous éviterait de nombreux obstacles… » Tentant de ranger sa mauvaise humeur au fond d’un tiroir que Daliksès s’amusait à rouvrir, il releva la tête vers Noam. La vue de son expression épuisée et lasse redescendit son directeur sur terre. Non de toute évidence, il ne pouvait pas décemment le laisser planter là. Une fois de plus, il céderait, une fois de plus il ne dormirait pas –parce qu’il était hors de question de s’endormir avec un élève à ses côtés.

« Tu as gagné… Entre. Vite. » Sur ces mots, il recula de quelques pas juste pour le laisser à son élève le soin d’entrer dans la chambre bien plus grande que leurs petits dortoirs communs. Ce lieu ne lui était pas inconnu au contraire, il devait s’être fait à son ambiance à la fois terriblement naturelle et personnelle à la fois, à l’image de son élément. Ici et là trainaient quelques affaires qu’il n’avait pas eu le courage de ranger convenablement. Le bureau était recouvert d’une épaisse masse de papiers en tous genres et d’un ordinateur dont Eldan n’avait jamais eu le courage de se servir. Il lui prenait souvent l’envie soudaine de griffonner quelques mots, de nouvelles idées, des pensées désordonnées et bien souvent, il n’avait pas le temps d’attendre qu’une machine ne daigne s’allumer. Noam devait se douter et se moquer que le désordre soit omniprésent. Après tout, il ne souhaitait que sa présence. Peut-être se voulait-elle rassurante mais Eldan demeurait toujours avec les mêmes interrogations. Il avait beau rester à ses côtés pour tenter de le calmer et de le faire s’endormir pour de bon –ô doux rêve-, il ignorait toujours tout des causes de ses insomnies. Il osait espérer que ce n’était que de simples problèmes d’adolescents mais la durée de ces cauchemars ne laissait aucun doute sur sa gravité. A combien de reprises avait-il tenté de lui tirer les vers du nez, de plusieurs façons tout aussi vaines ? Noam restait muet sur les raisons de ses insomnies et bien souvent, Eldan devait se contenter de son silence ou de discussions plus banales, plus routinières. Mais ce soir-là, énervé par sa précédente rencontre, excédé par le manque de repos, il était hors de question que le jeune homme ressorte de la pièce sans avoir révélé ne serait-ce qu’un détail à son directeur.

Eldan referma alors la porte en silence après avoir jeté un coup d’œil furtif dans le couloir. Si la Tour Terre paraissait paisible, pas mal de personnes étaient au courant des expéditions de Noam et de leur finalité. Le pouvoir des rumeurs était presque aussi fort que le reste. Tandis qu’il enfilait un tee-shirt pris au hasard pour être décemment vêtu, il adressa à l’intention de Noam : « Si toutefois l’envie soudaine de t’endormir te prend, ne te gêne surtout pas. » Extirpant sa tête de son col étroit, il se permit un petit sourire ironique presque moqueur. Il préférait jouer des problèmes de Noam plutôt que de se lamenter sur son sort et de jouer le psy, chose qui ne lui ressemblait nullement. S’appuyant contre le mur, les bras croisés il finit par ajouter de but en blanc : « Alors, tu comptes encore me cacher pourquoi tu viens régulièrement frapper à ma porte, l’âme en peine ? »

Parfois, les directeurs aussi ont de l’humour… « Alors tâche la prochaine fois de mettre le feu à la Tour Nord, ça nous éviterait de nombreux obstacles… » Cette remarque eut le don de lui tirer un petit sourire amusé. Et si il l’avait vraiment été pyromane ? Oh mon dieu, il aurait vraiment tout donné pour voir la tête qu’aurait tiré Eldan en voyant la fameuse tour en feu. À coup sûr, son visage se serait décomposé, se noyant dans l’incompréhsion. Mais il pouvait sortir toutes les conneries qu’il désirait, Noam avait assez d’humour pour le prendre comme tel. Et puis, à vrai dire, il ne détestait pas les élèves du feu, du moins pas tous. Instinctivement ses pensées se tournèrent vers Kai, son amant, et Noralie qui, malgré le visage qu’elle lui montrait ces derniers temps, restait son amie, malgré tout. Mais surtout, l’élève de la Terre n’avait rien d’un tueur. En revanche, avouons tout de même que c’était un vrai chieur. Et ce n’est pas Eldan qui se serait attardé à dire le contraire, n’est-ce pas ? Pauvre Eldan… par moment, il devait vraiment regretter d’avoir accepter un tel poste, non ? Si ce n’était pas vraiment le cas, il devait néanmoins rêver d’étrangler quelques-uns de ses petits protégés. Tel que M. Harrows. Et pourtant, il ne faillissait pas face à son devoir… « Tu as gagné… Entre. Vite. » N’essayant même pas de dissimuler le sourire satisfait qui ourlait ses lèvres, Noam savoura sa victoire alors que son directeur se pliait à nouveau à sa demande. Certes, c’était mesquin de sa part, mais il ne s’en souciait pas vraiment, il était bien trop « à bout » nerveusement pour se soucier du bien fondé de ses actions. Tant que son errance prenait fin, il n’en demandait pas davantage. Et puis, il saurait se montrer sage… Du moins dans la mesure du possible, puisque Eldan répugnait même à s’endormir dans la même pièce que lui. Ce qui était ridicule, il fallait bien l’avouer. De quoi avait-il peur au juste ? Noam ne comptait pas le violer. Quand bien même, il l’aurait désiré, le directeur était en mesure de se défendre face à son cadet.

Lorsque l’homme recula afin de lui céder le passage, l’apprenti gardien ne se fit pas prier et sans hésiter, il pénétra dans cette chambre qu’il connaissait déjà plutôt bien. D’ailleurs cette dernière ne changeait pas vraiment au fil de ses visites et le directeur de la tour Terre aurait sérieusement dû penser à faire un peu de rangement… En effet, vu le désordre qui y régnait, ce n’était pas vraiment son occupation favorite mais au fond, Noam s’en moquait éperdument, ce n’était pas la pièce qu’il venait voir mais son occupant. En tant qu’aîné et directeur, Eldan était la personne la plus à même de veiller sur lui, après Cleylan bien entendu. Malgré l’apparence qu’il souhaitait donner, à certains moments, le jeune élève avait réellement besoin que l’on soit là pour lui. Pour cela, il n’y avait rien de spécial à faire, une présence rassurante à ses côtés suffisait. Cependant, il ne faisait confiance qu’en de rares personnes, alors mis à part Eldan, il ne pouvait pas demander cela à grand monde à l’intérieur des murs de Bewitching. À vrai dire, il ne savait pas vraiment pourquoi, il ne se méfiait pas davantage de son directeur mais à présent, il avait de nombreuses raisons de continuer à frapper à sa porte. Parce que si il était toujours sujet à ses insomnies, elles étaient bien plus supportable une fois qu’il passait cette porte… Et le simple fait d’y penser suffisait à calmer ses angoisses, parce qu’il était conscient que le supplice allait commencer à s’alléger dès maintenant. Le claquement de la porte qui se refermait attira brièvement son attention alors qu’il observait l’homme avec amusement. Ce dernier chercha un tee-shirt avant de l’enfiler, laissant ainsi le moins de peau possible à la vue de son élève. Etait-ce parce qu’il connaissait son orientation sexuelle qu’il agissait ainsi ? À plusieurs reprises, Noam avait failli lui poser la question et lui dire que, même si il ne pouvait pas nier qu’il était vraiment bien fait, il ne comptait pas se jeter sur lui, à moitié nu. Non mais franchement, rien que l’idée de se comporter de cette façon le faisait rire. « Si toutefois l’envie soudaine de t’endormir te prend, ne te gêne surtout pas. » Arquant un sourcil, Noam préféra ne pas répondre à cette blague de mauvais goût. Mais après tout, si il voulait en rire, pourquoi pas, il pourrait même avoir des surprises à ce sujet… qui sait. Nonchalamment appuyé contre le mur, les bras croisés, Eldan semblait d’une humeur plutôt mauvaise, et l’apprenti gardien aurait parié que ça n’avait pas vraiment de rapport avec le fait qu’il l’ait réveillé, ou du moins, pas seulement. Autre chose l’avait sûrement énervé, mais quoi ? Sans lui laisser le temps d’aborder le sujet, le directeur lui coupa l’herbe sous le pied afin de l’interroger le premier… « Alors, tu comptes encore me cacher pourquoi tu viens régulièrement frapper à ma porte, l’âme en peine ? »

C’était bas… Pourtant, Noam ne sembla pas vraiment réagir à l’attaque. Du moins, en apparence. Intérieurement c’était autre chose, et il se ferma brusquement. Pourquoi voulait-il savoir ce qui causait ses insomnies ? Cela ne le regardait pas, c’était personnel… Et puis, le savoir ne changeait jamais rien, lui ne dormait pas mieux et la personne mise au courant ne pouvait pas l’aider davantage alors à quoi bon se mettre à nu ? Il avait horreur de ça de toute façon. Si il avait réellement désirer se confier à lui, il l’aurait fait de lui même, c’était évident non ? Autant dire que, même après tout le temps qu’ils avaient fini par passer ensemble, Eldan avait toujours le plus grand mal à le cerner, sinon il aurait su que l’attaque de front ne marchait pas avec l’élève de la Terre. Ce dernier inclina légèrement la tête, le visage impassible, avant de murmurer. « Je n’ai rien d’une âme en peine… Je suis insomniaque et le temps commence à me paraître un peu long, voilà tout » C’était en partie vrai. Mais cela lui pesait bien plus qu’il ne voulait bien le dire. Bien sûr, les longues nuits d’errance devenaient de plus en plus pesantes avec le temps mais l’angoisse qui l'étreignait étaient bien pire encore et c’était surtout elle qu’il venait faire taire en pénétrant dans cette pièce. Ici, il se sentait moins vulnérable, comme si son directeur pouvait se mettre entre lui et l’épée de Damoclès qu’il traînait partout derrière lui, à la tombée de la nuit… Pourtant, il était conscient que rien ne pouvait empêcher ses peurs de prendre vie mais peu importe, tant qu’elles se montraient moins virulentes, il était prêt à tout pour s’en protéger encore et encore. Même si pour cela, il devait réveiller Eldan, se confrontant à son incompréhension et à une tension naissante qui était compréhensible… À la place du directeur, il aurait aussi été excédé par un tel comportement, mais égoïstement, il ne pensait qu’à l’apaisement que ses visites lui procuraient, le reste lui importait peu en vérité. Il était épuisé, et il avait seulement besoin de souffler un peu de temps à autre. Notamment lorsque Cleylan ne pouvait être auprès de lui. Et pour cela , il ne lui en voulait aucunement. Son frère avait tout autant le droit que lui d’avoir sa propre vie et ses propres plaisirs. Cependant, ces nuit-là, c’était le directeur qui subissait ses insomnies et ce dernier ne semblait pas réellement en être flatté. D’autant plus qu’il refusait toujours de s’endormir en sa présence alors que de cette façon, ils auraient pu y trouver leur compte tous les deux. En effet, Noam aurait pu profiter de son aura apaisante et son aîné aurait pu, quant à lui, se reposer malgré sa présence. Néanmoins cette idée devait l’effrayer puisqu’il ne voulait même pas l’envisager.

Lentement, Noam se dirigea vers le lit encore défait et il s’y assit dessus dans des mouvements encore souples et alertes malgré l’heure tardive. Son regard se reporta, sans plus attendre, sur Eldan. « Sinon, pour répondre à votre question… Oui, je compte garder mes secrets pour moi. C’est intime et je ne suis pas du genre à me confier à tout va. Je pensais que vous l’aviez compris… Loin de moi l’idée de vous faire regretter le moment où vous acceptez de m’ouvrir votre porte… » Bien sûr, derrière cette attitude parfois un peu impulsive, voire même agaçante, le jeune homme n’ignorait pas l’importance du geste qu’il lui accordait, et pour dire la vérité, il lui en était même reconnaissant, bien qu’il ne lui ait jamais avoué… Mais cela ne changeait en rien son caractère et de ce fait, il n’était pas pour autant prêt à lui livrer des souvenirs si… douloureux. « Mais il y a des choses qu’on souhaite tous garder pour nous… » Tout le monde détient sa part de secret, il paraît. Celle de Noam se cachait en grande partie dans la cause de ses insomnies. Certes, il en avait d’autres, mais les plus vieux, les plus lourds à porter, se trouvaient là. Alors si Eldan souhaitait un jour les découvrir, il devrait sans aucun doute s’y prendre autrement, parce que si il continuait dans cette voie, il n’obtiendrait pas davantage d'informations que les soirs précédents où il avait vainement tenté de lui tirer les vers du nez.
Las, le jeune homme s’allongea sur le lit dans un petit soupir. Puis, esquissant un petit sourire, il hasarda d’une voix ironique. « Et vous, comptez-vous cacher ce qui vous a énervé ce soir ? Enfin, hormis le fait que je vous ai réveillé et que vous soyez à nouveau contraint de me supporter… » Se conduire comme un petit con n’allait sûrement pas arranger son cas mais il agissait souvent de la sorte, en particulier lorsqu’il essayait de cacher ses faiblesses, ces parts de son être qu’il voulait garder pour lui, les effaçant discrètement aux yeux des autres, préférant les exaspérer plutôt que de se dévoiler devant eux. C’était trop intime, trop personnel. Ça ouvrait une plaie, une faille qu’il n’aimait pas toucher, plutôt s’attirer les foudres de son aîné, que de céder.


HJ - désolée pour le retard éè

N&E.

L’espoir ne faisait-il pas vivre ? Parfois Eldan se surprenait à espérer des choses qui jusqu’alors paraissaient compromises… Comme gagner plus d’influence au sein de Bewitching, pouvoir fréquenter la gente féminine de la Terre entière sans avoir à en subir les conséquences étouffantes. Ne jamais vieillir. Et en ce moment même, il ne serait pas surpris de s’imaginer même entendre un jour Mister Harrows dévoiler ce qui le pesait de cette façon. La douce illusion ne tarderait sans doute pas à s’enfuir aussi vite que son élève avait frappé à sa porte. Il s’était résigné au fil du temps à voir un jour Noam guérir de ses insomnies aussi terrifiantes pour lui qu’elles étaient fatigantes pour le directeur qui se devait de supporter les états d’âme de chacun des Apprentis qu’il avait en charge. Bien sûr, il ne pouvait nier qu’il aimait cette importance qu’il gardait au sein de la communauté Terrestre. Ecouter les problèmes adolescents revenait à connaitre la vie qui rythmait l’établissement dans son ensemble. C’était eux qui créaient la vie, c’était eux qui en apportaient les rumeurs. Bien sûr, jamais vous ne surprendrez Eldan en train de discuter chiffons et bobos de cœur avec les quelques âmes féminines qui occupaient les dortoirs –il sauterait de la tour bien avant ça-, mais il faisait de son mieux pour se mêler à la foule, sans faire oublier qu’il était tout de même le supérieur. Ô doux sentiment de puissance… Ici, en pleine nuit, son sentiment de puissance en prenait un grand coup. Débraillé, mal réveillé et certainement de mauvaise humeur, Noam n’allait certainement pas sortir indemne et pimpant de cette entrevue nocturne. Tôt ou tard, il cracherait le morceau. Quitte à lui faire avaler une de ces mixtures non-identifiables qui le forcerait à lui dire la vérité. L’élève de la tour Terre n’avait-il pas finalement frappé à la mauvaise porte cette nuit-là ?

Mettre les pieds dans le plat. Le meilleur moyen pour déstabiliser Noam. Néanmoins, comme à son habitude, ce dernier ne perdait pas le nord et arborait fièrement cette attitude de petit con arrogant comme l’aurait bien qualifié Eldan. Sa réponse fut comme à son habitude évasive et totalement futile. Voila tout ? Un voila tout ne conduisait pas à venir rendre visite à son directeur alors qu’on pourrait s’amuser tout autrement. Si réellement il s’ennuyait de ne pouvoir s’endormir, il y avait mille et unes activités à faire au sein de Bewitching, surtout en pleine nuit quand les couloirs et les pièces désertes appartenaient à quiconque osaient les pénétrer. N’avait-il jamais pensé à se consacrer à la lecture, au sport, aux escapades interdites ou même aux somnifères ? La véritable raison était tout autre alors. Eldan osait penser qu’il avait un certain pouvoir réconfortant sinon apaisant sur son élève une fois qu’il entrait enfin dans cette chambre habitée par la Terre et dénuée de toute ambiance pesante que certains s’accordaient souvent à faire paraitre. Il ignorait si toutefois Noam rendait visite à d’autres personnes lors de ces nuits d’insomnie mais il espérait ne pas être le seul à devoir subir une nouvelle nuit blanche. Du fin fond de ses entrailles, Daliksès clamait toute la colère et la rancune qu’Eldan n’exprimait pas face à son élève. Des murmures critiques et peu polis résonnaient dans sa tête et bien qu’il n’en fut pas surpris, il préférait en faire abstraction : il serait bien dommage de vexer l’élève qui venait chercher réconfort et distraction. Dalik était un peu le côté sombre et mauvais d’Eldan et si celui-ci avait encore la décence d’omettre toute pensée mal placée, le cougar lui s’en donnait régulièrement à cœur joie à toute heure de la journée ou de la nuit. Sentant ses paupières lourdes se refermer lentement sous l’effet de la fatigue, le directeur tentait tant bien que mal de suivre l’élève du regard qui s’installait lentement sur son lit certainement encore chaud de la nuit qu’il avait tenté de passer. Quand Noam refusa de nouveau de lui en dire plus, l’homme ne se retint pas de pousser un soupir désespéré. La situation actuelle lui convenait peut-être mais à long terme, elle n’était pas bénéfique ni pour l’un ni pour l’horloge interne de l’autre. Tout en se redressant et fourrant ses mains dans ses poches, il s’adressa à Noam : « N’entends-tu jamais le fameux adage qu’il n’est jamais bon de tout garder pour soi ? Vous ne resterez pas muet trop longtemps, j’espère. » Alors qu’il parlait, il s’était enfin approché du jeune homme avant de s’assoir sur son bureau, ses pieds touchant le sol. Bien sûr, chacun avait ses petits secrets. Eldan en premier. Il dissimulait depuis longtemps certains détails aux yeux aussi bien qu’il se les cachait parfois à lui pour ne pas se laisser envahir par des sentiments qui lui seraient désagréables. Les secrets les plus lourds à porter étaient généralement ceux qui causaient le plus de dégâts. Et il n’avait alors aucun mal à imaginer Noam garder pour lui des choses qui le dépassaient certainement. Mais à partir du moment où ces énigmes concernaient le directeur, il estimait avoir le droit d’en connaitre les origines, quitte à se mettre son élève sur le dos.

Observant d’un air incrédule son élève s’allonger dans le lit dans lequel il aurait dû être depuis longtemps, celui-ci osa alors à son tour l’interroger sur ses propres soucis. Comptait-il réellement retourner la situation à son avantage et à faire oublier ce pour quoi Eldan lui avait ouvert la porte ? Espérait-il vraiment qu’il se livrerait à son tour à des confidences qui ne manqueraient pas de faire le tour de l’établissement une fois celles-ci avouées ? Il en était hors de question. Tout le monde avait beau connaitre le nom Gale, il n’en gardait pas moins de mystère autour de lui-même et de ce qui le préoccupait. Sur un ton froid, il lui répondit alors : « Je vous trouve bien curieux. Pensez-vous que je vais me confier à un petit enfant qui n’arrive pas encore à s’endormir sans faire de cauchemar ? » Quand Eldan se sentait menacé, il répliquait toujours par une offensive blessante. A l’image du cougar, il préférait alors être l’attaquant plutôt que l’attaqué. Ca n’étonnait plus personne maintenant. Accrochant ses mains au bois sombre du bureau, il se laissa pencher en avant pour s’approcher légèrement de Noam. « Donnant-donnant, Harrows. Je ne suis pas de vos camarades qui se laissent embobiner. » Il lui adressa un sourire aussi fier que hautain pour lui démontrer qu’il ne lâcherait pas l’affaire. Malheureusement pour lui, Noam était dans la tanière du félin, sur son territoire. Il avait certes choisi lui-même d’y mettre les pieds et il avait beau s’y sentir plus reposé que dans son dortoir inquiétant, il pourrait s’en retrouver rapidement menacé si toutefois il allait trop loin envers son directeur. Un bras de fer invisible était-il en train de s’engager ? Eldan l’ignorait mais quoiqu’il en soit, il détestait perdre. Le monde en était prévenu.


HJ- Désolé c'est pas top du tout... ><"

Les vieux adages ? Il plaisantait là, non ? Tout le monde connaissait les vieux adages mais qui y croyait réellement ? Ces derniers avaient leur part de vérité, mais ils se contredisaient et devenaient bien souvent désuets au fil des générations et des situations qui se présentaient à elles. D’autant plus que le directeur de la tour parlait sans savoir… Croyait-il que Noam n’en avait jamais parlé ? Il était évident qu’un secret si lourd avait été confié mais pas aussi facilement, pas sans raison. Et puis, il y avait deux catégories de personnes. Celles qui savaient parce qu’elles l’avaient lu dans son dossier et celles qui avaient entendu les mots sortir de sa bouche comme un serment douloureux. Ces dernières étaient rares, comme si les mots de Noam étaient comptés et qu’il ne pouvait les délivrer qu’un nombre restreint de fois. Alors, bien sûr, il était conscient de la fatigue qu’éprouvait son aîné et que lui dire la vérité aurait été la meilleure façon de le remercier pour la patience dont il faisait preuve à son égard mais en réalité, cette pression le braquait plus qu’autre chose… On ne peut forcer ainsi la confidence. En effet, en montrant tant d’empressement, Eldan poussait le jeune homme à se méfier instinctivement et bien qu’il sache que son directeur ne ferait rien pour lui nuire, il ne parvenait pas à lui offrir ce qu’il désirait. « Je vous trouve bien curieux. Pensez-vous que je vais me confier à un petit enfant qui n’arrive pas encore à s’endormir sans faire de cauchemar ? » Le ton était froid et à dire vrai, monsieur Gale semblait quelque peu agacé par ce petit jeu qui s’était instauré entre eux depuis leur rencontre. Noam était parfaitement conscient que ce dernier ne le voyait que comme un gamin dérangeant, un môme qui ne comprenait pas les adultes et qui s’en foutait royalement pour être plus précis. Et il y avait une part de vérité là-dedans, dans le fait qu’il n’accordait aucune important à tout cela… Il avait vingt ans et légalement, il était adulte, mais quel que soit l’âge et le sujet, le jeune élève avait du mal à s’intéresser à ces soit disant problèmes qui éprouvaient tant la patience des autres. Pour être honnête, c’était égoïste mais il ne le cachait pas. Qui n’avait pas ce défaut de toute façon ? La révolte du feu attisait les désirs et la soif de pouvoir et ceux qui s’y opposaient tout comme lui, avait leur propre raison de le faire. À ses yeux, par exemple, il était important de rester fidèle à son élément et à sa mission première : le protéger, le servir. Mais ce n’était pas tout. L’apprenti gardien était contre cette guerre, contre la destruction mais surtout, il ne voulait pas creuser un fossé entre les profanes et les gardiens, entre Misha et lui… Vous voyez, même lorsque l’on pense servir la bonne cause, il y a une part d’égoïsme. Il en avait conscience et n’en avait pas honte. De toute façon, ce que pensait les autres ne l’intéressait pas vraiment. C’était pour cette raison qu’il n’avait même pas cillé face à la perfidie de cette question que le directeur de la tour lui avait posé. Oui, il faisait des cauchemars et oui, il agissait comme un gamin apeuré. Mais il n’en avait pas honte. Qui n’aurait pas eu peur de tels cauchemars ?

Alors que le silence s’était à nouveau installé entre eux, Eldan se pencha vers lui, attirant son attention. Pourtant, Noam ne bougea pas une seule seconde, se contentant d’observer l’adulte qui lui faisait face. Cherchait-il à l’impressionner ? Si c’était le cas, il perdait un peu son temps. L’apprenti gardien était, en effet, plus effrayé par ses cauchemars que par la réalité, sauf quand elle impliquait à nouveau la mort d’un proche ou du moins, sa mise en danger. Le reste lui importait peu et c’était ça, justement, qui le rendait si insupportable. Ce détachement, cette désinvolture. Il savait que le directeur ne le supportait plus, il voulait qu’il craque et qu’il raconte tout, une bonne fois pour toutes. Mais il ne pouvait imaginer à quel point c’était difficile… « Donnant-donnant, Harrows. Je ne suis pas de vos camarades qui se laissent embobiner. » Le sourire qu’il afficha démontrait sans conteste sa ténacité et bien évidemment, il était fier de cette force féline qu’il dégageait. Cependant, son élève n’était pas du genre à se laisser impressionner. Pas même pas des gardiens possédant un totem plus imposant que le sien. Et heureusement parce que ces derniers ne manquaient pas. En effet, son panda roux n’avait rien d’un prédateur, mais ressemblait plutôt à un nounours flemmard et mignon. Certes, c’était adorable et inoffensif comme image mais jamais Rhayn et lui ne s’étaient inquiétés à ce sujet. La force ne fait pas tout dans la vie et le côté buté et je m’en foutiste de ces deux énergumènes en avaient dérouté plus d’un.

Un soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’il haussait les épaules avec légèreté. « Ceci est un jeu pour vous ? Ne me prenez pas pour un idiot, je n’embobine personne, je ne leur parle pas de ma vie, c’est tout. » Lentement, il se redressa, se calant confortablement contre les oreillers. Il ne ressentait aucune gêne, comme si il était installé sur son propre lit et pourtant, ce n’était pas son odeur qui imprégnait ces draps mais bien celle du directeur. Une odeur d’homme mur, une odeur rassurante et boisée. Peut-être était-ce elle qui le poussait à revenir si souvent. Néanmoins, aucun sentiment particulier ne venait s’immiscer dans cette histoire bien que ça aurait pu être le cas, pourquoi pas... mais non, en vérité ce sentiment de protection, d’apaisement se retrouvait plutôt dans un lien familial qu’il n’avait jamais vraiment connu, du moins pas en dehors du lien fraternel qui l’unissait à Cleylan. Mais ce dernier n’était pas beaucoup plus âgé, contrairement au directeur de leur tour qui, si il n’aurait pas pu être un père, représentait un aîné bien plus imposant, moins complice mais c’était une image différent et nouvelle qui donnait envie à Noam de revenir le voir lorsqu’il ne pouvait pas déranger son frère pour diverses raisons. Étrange, parce qu’en revanche, il n’avait pas le moindre remord à déranger Eldan… C’était cruel de sa part, c’est vrai, mais il n’en éprouvait aucune culpabilité non plus. « En réalité, je ne tiens pas plus que ça à savoir ce qui vous a énervé, je voulais juste vous rendre la pareille. Parce qu’insister ne fait que m’empêcher de vous dire ce que je cache… » Instinctivement, ses doigts jouèrent avec les draps froissés, comme pour l’aider à réfléchir, à trouver les mots pour exprimer la façon dont son passé se bridait dans son esprit. Comme un instinct de protection, qui l’interdisait de réveiller ses souvenirs en les formulant ainsi à voix haute. Alors, lorsqu’il releva à nouveau les yeux vers son directeur, il n’y avait plus de défis dans son geste, plus de bravade ou d’amusement. Juste un naturel désarmant. « Il y a des choses qu’on veut tellement oublier, qu’elles profitent du moindre espace ouvert pour s’échapper et nous hanter. C’est ce genre de souvenir qui m’empêche de dormir. Le sommeil est une porte ouverte entre l’inconscient et le conscient et ils l'utilisent très souvent… Alors vous voyez, il est plutôt difficile pour moi d’ouvrir volontairement cette porte. Tant que je peux, je la garde précieusement close et je m’appuie même dessus, de peur qu’elle ne profite de mon inattention pour me piéger… » D’aussi loin qu’il se souvienne, Noam n’avait jamais mis des mots sur son ressenti et au fond, la facilité avec laquelle il était parvenu à l’imager, le surprenait presque. Comme si mettre des mots sur ses insomnies et le mal être qu’elles cachaient s’avérait soudain bien plus simple qu’il n’aurait pu le croire. Cependant, il n’était pas sûr de pouvoir en dire davantage…

HJ - Désolée du temps que j'ai mis pour écrire un truc aussi nul en plus °°