bewitching ; la tentation du feu.
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 Les filles de l'aurore. [ maciej ]

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Les filles de l'aurore. [ maciej ] Vide
MessageSujet: Les filles de l''aurore. [ maciej ]   Les filles de l'aurore. [ maciej ] EmptyMer 20 Mai - 23:48

Quand vous dormez encore.

    Pour changer, Ashtray n'arrivait pas à dormir.
    Pour changer, elle ruminait comme un long en cage dans sa chambre de princesse. Ce qui n'allait pas? Elle aurait bien voulu le savoir, justement, mais elle était énervée comme une puce et elle n'arrivait pas à tenir en place. Heart était excédée, elle aviat complètement renoncé à calmer sa Gardienne.
    Elle était fatiguée et poussait de temps en temps un grognement sourd pour qu'Ashtray cesse de monologuer trop fort. « Tu vas réveiller tout le monde! » Ce à quoi notre jeune femme ne prenait pas la peine de répondre, pour la bonne et simple raison qu'elle s'ne fichait comme d'une guigne.
    Ce n'était pas demain la veille qu'elle se soucierait du sommeil des autres. L'Anglaise faisait les cents pas, s'asseyait, se relevait, prenait un livre, le reposait, prenait une cigarette, l'allumait pour l'écrasait sans en avoir tiré une bouffée, décidément ça n'allait pas très fort. « Mais t'as mangé des amphétamines ou quoi? » Si seulement. Elle aurait su alors que cet état n'était que second et que bientôt elle allait sombrer dans un sommeil profond. Mais Charlotte n'était pas de ce genre-là et elle se doutait bien qu'à l'aube elle n'aurait pas dormi une seule seconde.
      - Il est quelle heure?
    « Beaucoup trop tard pour que tu sortes, pour prendre une douche ou pour chanter. C'est à dire une heure et demie. » Ca faisait donc plus de trois heures qu'elle tournait en rond.
    Elle avait passé une journée horrible.

    F L A S H B A C K ;
      - Ôte-toi de mon champ de vision.
    Sa voix d'aristocrate excédée raisonnait dans tout le Hall et un attroupement de curieux se formait autour de l'étrange scène qui se déroulait sous leurs yeux.
    Un minuscule première année se tenait par terre, complètement terrorisé, tandis qu'Ashtray observait le désastre. Ce môme avait eu la lumineuse idée de venir s'étaler sur elle avec un verre de jus de truc dans les mains. Il avait dérapé, disait-il. En attendant, non seulement l'Incarnation était trempée, collante et poisseuse, mais en plus ses livres l'étaient aussi. Autant elle pouvait passer sous la douche sans problème, autant les kilos de papier imprégnés allaient garder ses séquelles. Et cela n'énervait pas Ashtray. Ca ne l'irritait pas, elle n'était pas en colère. Elle était hors d'elle. Sûrement
    parce que cet élève était une mauviette qui se roulait par terre en gémissant des excuses à n'en plus finir sans même chercher à l'aider ou à arranger la situation. La demoiselle était plus qu'agacée. Pendant trois minutes, elle était restée là, effarée, ruisselante, pendant que le morveux se remplissait
    de terreur et se jetait à ses peids alors qu'elle n'attendait qu'une chose de lui: de la dignité. Qu'il répare son erreur en essayant de sauver ses bouquins, bordel! Mais non. Finalement, un Aquatique qu'elle savait encadrer était arrivé à son secours et l'avait débarassée de ses livres détrempés.

    Elle se retrouvait donc postée bien droite devant l'enfant au bord des larmes et voulait à présent qu'il déguerpisse en rampant pour qu'elle puisse tracer sa route. Il allait se lever, ou pas d'ailleurs, mais il allait arrêter de l'emmerder une bonne fois pour toutes.
      - J'ai dit: ôte-toi de mon champ de vision. Tout de suite.
    « Il va se faire dessus si tu continues à faire ta méchante. Contourne-le et basta. » - «
    Pas question. Qu'il se fasse dessus mais qu'il s'écrase. »
    Finalement, il avait entendu la menace dans sa voix et s'était éclipsé discrètement sur fond de renfilements. Mais Ashtray était toujours trempée de jus de machin-chose. Donc de très mauvaise humeur.
    F I N ;


    Et la situation n'avait pas évolué d'un iota depuis cet après-midi-là, à part peut-être qu'elle s'était changée.
    « C'est bon respire, tu iras le noyer demain si tu veux. » Mais non, ça ne l'intéressait pas. Charlotte avait commencé à enfiler un jean et s'activait en silence. « Tu vas où là?! » - « Je vais rendre visite à mon prof préféré. » Elle avait besoin de mettre son énergie au "service" de quelqu'un. « Mais il est presque deux heures du matin! Tu vas le laisser dormir quand? » - « Quand il me dira sèchement et sincèrement qu'il en a marre de moi. » - « Autant dire jamais. »
    Exactement. Envoyant valser sa nuissette d'un bleu ceruleum, Ashtray songeait avec un sourire émerveillé à la chance qu'elle avait. Elle avait trouvé quelqu'un qu'elle pouvait ignorer toute la journée et adorer deux heures par nuit et qui, en plus, était trop bizarre pour se plaindre. Hallelujah. « Pauvre monsieur Modjeska... » La jeune femme décida d'ignorer son Totem et s'étira avant de passer un débardeur blanc sur sa peau fatiguée. Avec un peu de chance et un baillement aux corneilles, elle pourrait même finir sa nuit dans les appartements professoraux. C'était confortable là-bas... Non pas que ça ne l'était pas chez elle, « mais c'est pas pareiiil! ». C'était parti. Son côté gamine de dix ans commençait doucement à refaire surface. La gamine qu'elle n'avait jamais été. Et qu'elle n'acceptait pas d'être n'importe quand, soyons sérieux.
    C'est le coeur presque léger que Charlotte se dirigeait, sur la pointe de ses pieds nus, vers la chambre de Maciej ; accompagnée d'une Loutre qui soupirait, se demandant vraiment ce qui poussait son Incarnation à être aussi étrangement versatile.

    Ashtray arriva devant la porte et leva le poing pour frapper, termina son mouvement... pour ne rencontrer que du vent. Tant mieux, elle aurait dû se souvenir qu'elle n'avait vraiment pas besoin de permission pour entrer dans l'antre du Crocodile.
    Une horloge au loin sonna les deux heures et Ashtray fronça les sourcils. Elle allait devoir s'annoncer.
      - B O N S O I R !
    « 'tain Charlotte t'es d'une stupidité sans bornes. » Eh ben rien à foutre.
    La jeune femme tatonna dans le noir & la lumière fut.

    Elle secoua la tête avec désolement. Cette pièce était somptueuse! Comment pouvait-il la laisser dans un tel fouillis proprement indescriptible? Ce n'était certes pas la première fois que la jeune femme se posait cette question mais à chaque fois elle se faisait reprendre par Heart qui adorait
    l'ambiance feutrée de l'endroit et déplorait son goût trop prononcé pour l'ordre. Seulement cela faisait partie de sa personnalité et depuis toute petite elle ne supportait qu'avec force grimaces les amoncellements et l'absence de rangement. Chez Maciej, elle était comblée, elle pouvait même
    ranger si elle le voulait, de toute façon elle pourrait bien s'escrimer, ça ressemblerait toujours à Maciej. Qui n'était toujours pas réveillé malgré son entrée fracassante.
    « Mais laisse-le, pauvre bougre... t'es née pour le faire chier ou quoi? » Non, voyons, c'est pour son bien...
    Charlotte s'approcha de la fenêtre et en inspecta le rebord, vérifiant si elle pouvait s'asseoir dessus en tout sécurité, mais renonça bien vite. Elle observa le tas de couvertures qui roupillait tranquillement quelques secondes puis passa doucement ses doigts sur la majestueuse harpe qui trônait au milieu de la pièce. Elle n'avait jamais réussi à décider le professeur de lui en jouer un morceau. S'attardant une fois de plus sur les jolis dessins qui jonchaient la table basse, la jeune Eau se demandait pourquoi ce drôle d'animal au délicieux pinceau s'enterrait dans une vie de prof. Avec tout cet uniers attaché à ses semelles, il aurait pu emmener n'importe qui n'importe où.
    C'était un prof passionnant. Mais à la réflexion, Ashtray le voyait plus parcourir les routes comme un troubadour pour raconter aux enfants des histoires de sorcières et de princes envoûtés. La Loutre éclata de rire et Ashtray se renfrogna. « OK, c'est naze comme idée mais tu pourrais être plus délicate. »

    L'Incarnation s'avança est appuya sur le bouton de la théière pour entendre avec satisfaction le grondement de l'eau qui s'éveille. Comme si Mr. Modjeska avait prévu sa visite... Ignorant à nouveau les grognements de son Totem, elle chercha des yeux une tasse propre et ferma les paupières étroitement pour choisir un sachet de thé, au hasard. Fruits rouges. Son préféré.
    L'eau frémissante transvasée dans son mug, Ashtray n'eut pas la patience de laisser infuser et se brûla la langue. Inspecta plus attentivement le coin où dormait Maciej.

    Sauf qu'il était réveillé. Enfin... l'air endormi et un peu contrarié, il l'observait de ses yeux brillants et Ashtray ne put s'empêcher de sourire de toutes ses dents. Réaction imbécile qui la prenait chaque nuit où elle réveillait l'adorable professeur pour lui raconter sa vie.
      - Bonsoir Maciej Modjeska. Votre thé aux fruits rouges est excellent. Vous devriez jeter les mégots qui jonchent l'appui de fenêtre. Fumer c'est mal et j'essaye d'arrêter.
    « MENTEUSE! »
    Ashtray leva intérieurement le nez, hautaine, sans répondre à Heart, et ancra ses iris couleur de ciel d'orage dans les yeux de Maciej, le fixant par dessus sa tasse.
    Le sommeil ne frapperait peut-être pas à la porte ouverte de l'homme brun en face d'elle, pour la prendre sous son aile et l'emmener au loin, mais elle savait, au goût tenace du thé dans sa bouche et à la plante magnifique qui se tenait non loin de là, qu'elle ne perdrait pas son temps.






©️ title:
william sheller.
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MessageSujet: Re: Les filles de l'aurore. [ maciej ]   Les filles de l'aurore. [ maciej ] EmptyJeu 21 Mai - 3:28

Quel doux silence. Pelotonné dans ses couvertures, Maciej s’est vu sombrer dans un navire guidé par Morphée. Un navire sans rêves. Juste cet abyssal bien-être qui l’engourdit petit à petit. Ses muscles un a un se relâchèrent, et la mélodie furtive du silence vint l’apaiser. Il dormait. Le polonais aimait bien s’assoupir dans un soupir et se laisser glisser, inerte comme un cadavre entre les mains d’une profonde narcose dont rien ne pouvait le tirer, à part peut-être Ashtray. A moitié nu dans son grand lit, l’échine courbée et les jambes ramenées contre son torse, fœtus adulte dans un ventre matelassé, Maciej ne songeait à rien, la tête vide. Peut-être des images défilaient devant ses yeux clos, peut-être des sons bourdonnaient dans ses oreilles, peut-être que des mots et gestes lui échappaient. Mais rien de tout cela ne restera gravé dans sa mémoire. Une mémoire défaillante, tous les jours un peu plus. Dans ce monde sans passé, présent ni futur, Kron Pâli n’existait pas et Maciej avait fait de son sommeil son seul refuge contre la folie de son esprit totémique. Toute la journée, ce dernier l’avait déchiré. Le polonais en souffrait encore. Encore une fois, il avait cru mourir, alors que le caïman enserrait son âme de ses putrides griffes et de ses dents avides de sang déchirait son essence. Se sentant comme étranglé, Maciej avait tenté, avec ses petits ongles et faibles mains de lutter contre Kron pâli, s’était griffé le torse et les flancs, sans y arriver toutefois. Meurtrir le corps ne guérit pas l’esprit. Pourquoi s’étaient-ils battus, d’ailleurs ? Pour rien, sûrement. Déjà le brun avait tout oublié. Déjà. Une petite voix vint s’infiltrer dans son âme tourmentée, fit le tour de ses idées et sortir par l’autre oreille. Disparut comme tous ses rêves. Ashtray était un merveilleux rêve. Qui était devenu réalité. Il n’y avait qu’elle pour le réveiller de sa voix flutée, d’un grand cri plein de joie ou de mauvaise humeur, qu’importe. L’homme ne bougea pas, la laissant s’installer, fureter, regarder. La lumière était allumée, ce qui lui arracha un gémissement étouffé. Il s’étira, remit sa tête sous ses couvertures. Ses pieds dépassaient. Quand ils les ramenaient, c’était son dos qui avait froid. A quoi cela sert d’avoir une dizaine de couvertures si elles ne parviennent à couvrir tout votre corps. Quelle heure était-il ? Il voulait encore dormir. Elle faisait un de ces boucans. Qu’elle soit là, mais qu’elle ne fasse pas de bruit. Et Kron Pâli qui lui décrivait tous les gestes qu’elle faisait. Quel tintamarre. Maciej bâilla à s’en décrocher la mâchoire, s’étira, grogna, se redressa.

Le damoiseau la fixa de ses yeux de myope, tout en grattant sa nuque. Elle tenait entre ses doigts une de ses tasses et de la vapeur s’en échappait. Un commentaire sur le thé, un mignon sourire. Il bâilla, sans prendre la peine de mettre sa main devant sa bouche. Qu’avait-elle, cette fois, son adorée, sa perle, son réveil détraqué ? D’une voix posée, il commença son récital habituel, cette politesse de toutes les nuits.

« Bonsoir, Ashtray. »

Là, il n’y avait plus de professeur ni d’élève, juste un homme ébouriffé par le sommeil et une demoiselle montée sur piles. N’ayant plus rien à cacher à l’Incarnation, Maciej se leva, une couette autour de ses épaules, alors qu’avec une autre, il se serait terré au fond de son lit. Toujours cette pudeur, alors qu’Ashtray l’avait déjà surpris en des tenues minimes. Parce que non, il ne dort pas en combinaison de plongée. Mais jamais il ne s’y ferait. Dévoiler son corps, l’intime. Le privé. Depuis qu’il était devenu adulte, Maciej avait développé cet étrange culte de son propre corps. Il en prenait soin, le décorait, le musclait finement, mais refusait de le montrer, œuvre d’art jalousement conservée. Titubant de fatigue, il se laissa tomber aux côtés de la douce enfant. Ses yeux, rétrécit par le sommeil lui donnaient un air boudeur, ce qu’il était un peu, comme chaque matin. Et hop, il se recoucha, se fichant d’écraser des papiers étalés ici. Comme pour la narguer, il saisit un paquet de clopes entamé et en sortit une, l’allumant difficilement. Le matin était toujours un moment difficile pour le polonais. Surtout quand celui-ci se trouvait au beau milieu de la nuit. Il tira une bouffée, et souffla, se plaçant sur le dos. Il devait être très tôt. Kron pâli confirma. Seconde bouffée d’air nicotiné.

« Fais moi du thé, princesse. A la fleur de cerisier. »

Parce que bien que les fruits rouges, c’est délicieux, le professeur préférait de loin la saveur délicate de la fleur de cerisier. Si délicate que certains la sentaient à peine et avaient tendance à dire que cela n’avait pas de goût. C’est qu’il faut laisser longtemps infuser, savoir doser. C’est tout un art de faire du thé. Ashtray ne semblait pas bourrée, pas trop contrariée. Peut-être n’arrivait-elle juste pas à dormir ? En prenant ses aises, Maciej découvrit ses bras et la moitié de son torse, oubliant les larges griffures encore rouges qui s’y creusaient, sillons de sang. Avec cette étrange habitude de se prendre pour un meuble, il posa son cendrier déjà plein sur ce morceau de chair dénudé et tapota sa clope dedans. Alors, qu’allaient-ils bien faire cette nuit ? Bavarder, regarder un film, se battre, s’enquiquiner ou s’ennuyer ? Le professeur savait qu’il était inutile de tenter de se rendormir tant qu’elle ne l’aurait pas décidé. Ashtray le secouerait, le chatouillerait, le pincerait, lui crierai dans les oreilles. Hum, qu’est ce qu’il aimait cette garce. Il en avait des frissons.

« Je dormais si bien, j’étais si tranquille… Quel malheur t’amène, oiseau de nuit ? »

Nuage de fumée s’échappant de ses narines. Sa voix légèrement enrouée montrait qu’il fumait depuis longtemps. Dans quelques années, les matins seraient douloureux non pas par la faute d’un réveil forcé, mais par des quintes de toux dues à l’orgie de tabac goudronné. Et tous ces surnoms, ces sobriquets qu’il aimait lui donner. Ma princesse faite d’os, petite eau, vodka, hibou capricieux. Il était très inventif sur ce niveau. Parfois elle le prenait mal, parfois bien, le plus souvent s’en fichait. Et toutes les nuits qu’ils passaient ensembles, il se risquait à ce petit jeu des surnoms idiots, mais si tendres et affectueux. Et parfois, il se prenait pour son psychiatre. Maciej savait tout d’elle. Ashtray savait tout de lui. Ses caprices, ses envies, ses maux. Il bailla, écrasa sa cigarette. Ferma les yeux. Et si il allumait la chicha ? Le polonais n’arrivait pas à lui en vouloir de l’avoir tiré de son sommeil sans rêves, et ne pensait à présent qu’à son bien être. Il posa ses yeux verts d’eau sur elle et sourit tendrement. Elle puait la clope et osait dire qu’elle essayait d’arrêter ? De plus, lui faisait des réflexions sur son morceau de rebord de fenêtre souillé ? C’est vrai que la demoiselle n’aimait pas le désordre. Lui vivait très bien dedans. Depuis combien de temps le tapis sur lequel ils gisaient n’avait pas été lavé. Il y avait certainement des milliers, voire des milliards d’acariens, de microbes, bactéries fourré entre les poils de cet incroyable œuvre tissée ! Et où l’avait-il acheté, déjà ? L’avait-il acheté, au moins ? Maciej ne savait plus. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il aimait ce grand machin digne d’être exposé aux yeux de tous, et qu’il gardait précieusement, rien que pour lui, dans sa chambre. Enfin précieusement, façon de parler. Encore une fois, il avait renversé dessus du café. C’était joli, un tapis avec des motifs léopardés de café.
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MessageSujet: Re: Les filles de l'aurore. [ maciej ]   Les filles de l'aurore. [ maciej ] EmptyMer 10 Juin - 19:23

• Les rêves des plus forts.

    Ashtray adorait regarder Maciej. C'aurait pû être une passion si elle avait plus de deux heures par nuit à lui consacrer, ç'aurait pû être un métier si elle était payée. A défaut, c'était juste une activité qu'elle adorait exercer, une tasse de thé brûlant à la main, en essayant de percer de ses yeux gris ce qui pouvait bien se tramer dans le cerveau de son professeur adoré. Au bout de quelques minutes, invariablement, elle arrêtait ses questions muettes qui trouveraient de toute façon une réponse si elle les posait à haute voix, pour se concentrer uniquement sur le personnage de Maciej H. Modjeska, professeur de mythes et légendes, qui lui décrochait tour à tour des sourires amusés, des soupirs d'agacement ou des rires en cascade. Elle sentait bien qu'elle devrait se sentir vulnérable, accessible, mais elle ne pouvait pas se sentir menacée par ce grand homme aussi doux et rassurant qu'un de ces grands pulls informe dans lesquels elle aimait à se blottir quand le froid se faisait mordant. C'était un des rares qui ne lui inspirait ni pitié ni mépris ni méchanceté, elle ne pouvait plus se passer de ses regards endormis quand elle faisait irruption, ni même de cette multitude de surnoms stupides qu'elle prenait bien garde à ne pas saluer d'un regard émerveillé, lui laissant le loisir de croire qu'elle s'en moquait. Mais non, non, elle ne s'en moquait pas. Elle aimait bien, avait l'impression d'être quelqu'un, quelqu'un qu'on aime, qui se laisse aimer et qui apprend tout doucement à aimer en retour. Maciej était la psychothérapie de l'Incarnation, qui ne l'aurait jamais avoué, mais qui laissait filtrer régulièrement des marques de gratitude que, de toute façon, l'intéressé ne comprenait pas.
    Maciej était, à ses yeux, parfait. Ce qui expliquait entre autres pourquoi elle n'aurait jamais imaginé autre chose que l'amitié nocturne et indélébile qui les unissait. Elle n'était évidemment pas faite pour autant de perfection.

    C'était une impression diffuse de bonheur et de simplicité qui adoucissait l'Aquatique à chaque fois qu'elle entrait chez Maciej. L'écart d'âge aurait été un peu plus grand, elle aurait bien aimé qu'il soit son père et aurait été avec lui aussi obéissante qu'une petite fille sage. C'est ce qui faisait que ses lèvres creusèrent une fossette quand son sourire s'élargit et qu'elle s'occupa de la préparation du thé à la fleur de cerisier avec un soin qu'elle ne prenait pas pour elle. Ashtray ne savait pas bien si Maciej se rendait compte à quel point elle était différente, influençable, exubérante et libre, quand elle était avec lui, et à vrai dire cela lui importait peu. Elle voulait avoir toujours le droit de lui préparer son thé, toujours le droit de le taquiner, de lui voler ses cigarettes et de se serrer dans ses bras quand elle en avait besoin. Elle voulait avoir toujours le droit d'être elle-même. Maciej connaissait la Ashtray qui était bandée soigneusement chaque matin sous des plis de sécheresse. Etait-ce parce qu'il savait si bien si prendre avec elle, était-ce parce qu'il était inoffensif? « Les deux, évidemment. » Parce qu'il n'était pas le seul à l'appeler "princesse". Mais avec lui ça sonnait normalement, ça résonnait même comme un compliment, pas comme une menace, pas comme une convoitise, pas comme une envie. Elle pensait tout connaître des hommes, mais une fois qu'elle avait rencontré Maciej, Ashtray avait bien dû se rendre à l'évidence: soit il faisait partie d'une espèce à part, soit elle avait encore des choses à apprendre. L'absence d'arrières-pensées rassurait la jeune femme qui plaçait toute sa confiance en ce professeur maladroit. L'assentiment souriant de son Totem ne faisait que renforcer ses certitudes: Maciej était quelqu'un de bien.

    Evidemment qu'elle n'avait pas arrêté de fumer. Cette idée ne lui avait même jamais traversé l'esprit. La cigarette était ancrée dans son personnage, autant que la couleur de ses cheveux, que sa démarche altière. Ashtray Coma fumait, ça n'était pas près de s'arrêter. Avec une lueur enfantine dans les yeux, la demoiselle observa la couleur de l'eau délicatement parfumée, décida que ça avait assez infusé, retira le sachet et, tenant la tasse par le dessus afin de sentir la vapeur se condenser sur sa paume, elle se pencha pour se faire une place à côté du professeur. Lui tendit son breuvage sacré, et lui vola un de ces précieux tubes de goudron et de carburant Ariane en plaquant un baiser sonore sur sa joue endormie.
    Ce qu'elle faisait là? « Aucune idée. » - « ... » Un petit effort de mémoire, une bouffée de nicotine, et tout revint se coller à la digure d'Ashtray qui avait pourtant décidé de rester gentille ce soir. Elle savait, aussi, qu'elle était de mauvaise humeur et énervée pour rien, que ça arrivait à tout le monde, etc. etc... mais non! Non! Ca ne pouvait pas lui arriver à elle, elle était ASHTRAY CHARLOTTE COMA, quand même! En fait, elle avait juste besoin qu'un certain Maciej Modjeska se penche sur son cas, la déclare victime, et lui raconte une histoire. Un truc comme ça. Lui en parler? Ou pas? Passer pour une idiote? Ou pas? « Tu sais très bien qu'il ne te jugerait même pas. » Oui, mais. Charlotte se décida, se ravisa, fit un pas, recula de trois, esquissant un ballet hésitant dans sa tête peu habituée au doute. Tout ça à cause de Maciej, hein, parce que fallait pas croire qu'elle doutait avec n'importe qui, ah non.
      - Je sens l'ananas.
    Heart haussa un sourcil. Ah bon. Ashtray expulsa la fumée grisâtre juste devant elle, noya son regard dans les volutes sinueux. Se tourna brusquement vers celui qui l'écouterait quoi qu'il advienne, et se mordit la lèvre.
      - Est-ce que je sens l'ananas? J'aime pas l'ananas. J'ai pris une douche pourtant., leva des grands yeux inquiets. Tu me prêtes ton parfum?

    Ashtray avait enserré ses genoux de son seul bras inoccupé et résistait avec peine à la tentation presque gravitationnelle qui voulait qu'elle plonge son visage dans le creux qu'ils formaient, pour oublier qu'elle se sentait prodigieusement stupide. Et fragile, et aussi, ce qui rimait bien avec. L'Incarnation savait comment ça allait se passer. Maciej aurait un mot gentil, un geste réconfortant, et elle effacerait. Elle sourirait, encore, toujours, ne le remercierait même pas et recommencerait à l'embêter. Un jour il se lasserait. Ce jour-là elle serait seule, oui, en attendant elle profitait. En attendant, elle fumait silencieusement, elle se sentait un peu embarrassée de réveiller un homme responsable pour lui demander si elle sentait le jus de fruit, elle fermait les yeux. Wow, de l'action là, on ramollit, on devient sentimentale mademoiselle!
    « Mais c'est pas ma faute! C'est lui, là, qui me rend sentimentale... »
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