bewitching ; la tentation du feu.
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 •• Ébullition; Woann.

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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyJeu 14 Mai - 23:15


    É b u l l i t i o n;


        - JADE : « J'espère sincèrement que ce ne sont que de simples bruits de couloirs ! »

      Instinctivement, je fis volte face à ce nouvel interlocuteur. Elle était frêle et d'une taille presque risible. Moi même, je n'avais jamais pu me vanter d'être en mesure de jouer au basket; mais Jade, elle, n'avait même pas le droit d'y rêver. Sa voix; criarde et abominablement aiguë m'arracha un frisson ainsi qu'une grimace. Je mis quelques secondes avant de comprendre où elle voulait en venir et ce qu'elle entendait par le terme « rumeurs ». Je soupirai intérieurement; chagrinée à l'idée de devoir me justifier face à une Eau de première année qui prenait ma vie sentimentale un peu trop à cœur... Ainsi, malgré mes efforts les plus poussés; je ne pus réfréner la progression de cette brutalité naissante dans ma réponse; qui s'avéra sans doute plus âpre que ce que j'aurais souhaité.

        - CHEYENNE : « Et moi j'espère qu'un jour tu seras en mesure de m'oublier; Jade. »

      Son prénom avait sonné comme un ultime avertissement; le glas sinistre de mon habituelle mauvaise humeur lorsque l'on faisait immerger ce sujet à la surface de mes pensées. Woann... Ce nom me donnait la nausée; sa simple évocation éveillait en moi des instincts primitifs et violents. Pourtant; alors que je rêvais de voir mes doigts fins et pâles mordre son cou fragile; je ne pouvais m'empêcher de me délecter de ses yeux insolents et brûlants. Je secouai la tête; tentant vainement de chasser son visage débordant d'assurance de mes prunelles embrumées. J'aurais tant voulu lui offrir cette indifférence proche de la cruauté que je réservais aux pires de mes belligérants personnels... Je rageai; fulminant contre ses chaines qui me clouaient au sol avec acharnement... Mais de nouveau; Jade interrompit le cours de mes pensées; faisant monter en moi plus de haine que je ne pouvais en contenir...

        - JADE : « Ne me dis pas tu as fricoté avec Woann ? Un Feu t'a vue traversé un couloir dans tous tes états, à quelques pas seulement de la chambre de l'Incarnation. Tu n'as toute de même pas fait ça à ta tour ?! »

      Mes poings se serrèrent démesurément. Mes ongles transpercèrent ma peau; je m'en mordis aussitôt la lèvre inférieur. Tout comme lors de cette fameuse nuit; douleur et plaisir se mêlaient dans un étrange ballet; laissant à mes sens tout le temps nécessaire à les dérouter; une fois encore. Une goutte vermeil s'écrasa sur le sol; alors que je rassemblai le peu de sang froid dont j'étais encore en possession. Lorsque Jade évoqua le prénom du pire de mes tourments; je crus un instant que toute mon animosité pourrait s'évacuer si seulement je la faisais taire; définitivement. Mais malgré ce besoin grandissant; Abraão réussit à me convaincre que ce ne serait que temporaire. Ainsi; canalysée par mon totem; je pus me contenter d'une réplique acerbe...


        - CHEYENNE : « Jade; ô pauvre Jade; tu n'imagines pas un seul instant à quel point tu es insignifiante à mes yeux; à quel point ton jugement m'indiffère. Tu sais quoi ? Je ne vais même pas prendre le temps de te détester; tu ne le mérites pas. Sur ce, ôte toi donc de mon ch'min. »

      De nombreux regards s'étaient posés sur nous; certains me dévisageant avec sévérité; d'autres, amusés, pointaient du doigt la fillette au visage décomposé par le choc émotionnel. Aussi instable qu'un océan capricieux; elle aurait d'ors et déjà du avoir connaissance de mon caractère si particulier; celui là même qui interdisait jusqu'à mes plus proches amis de s'immiscer dans mes petits papiers. Balayant les désirs de clémence du prédateur qui sommeillait en moi; je repris le chemin de la piscine; bousculant au passage la malheureuse qui venait d'essuyer le plus dévastateur des ouragans en quittant le réfectoire.

      D'un pas vif et félin; j'engloutis les différents corridors qui me séparaient de mon seul lieu de répit. Je ne souhaitais qu'une seule et unique chose : être seule, pour oublier; être seule, pour l'oublier. Rageuse; mon poing s'abattit contre l'un des murs innocents qui entamaient mon parcours; abimant davantage encore mes mains meurtries. Ces dernières étaient à présent recouvertes d'une épaisse couche rubis alors que le tambourinement du sang semblait le seul capable de me laver de mes pêchés. L'odeur douceâtre de l'eau ruisselante dans la piscine fit naitre dans ma gorge nouée un soupir de soulagement. A cette heure matinale; je serais seule, nul doute. J'ouvris la porte sans outre précaution; le fracas de mon entrée se répercutant en écho contre les parois de pierre. La surface cristalline qui étincelait sous les frêles rayons du jour m'offrait une scène somptueuse qui pansa instantanément; mais temporairement mes plaies béantes. Sans prendre le temps de peser le pour du contre; je me laissai glisser dans l'eau; toute habillée. Ce n'est qu'une fois le dédale de mes pensées englouti par un flot de sérénité sans pareil que je me permis de retirer la chemise qui flottait autour de ma poitrine.

      Mais comme tout plaisir; la solitude est éphémère.
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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyVen 15 Mai - 19:45


    Qu'est-ce donc qui les a poussés ?
    Quelle force, quel transport....
    a causé ces agitations et ces violences ?


    Eh bien eh bien... Est-ce qu'on penserait par hasard encore à cette petite Cheyenne ?

    Pas du tout. Ou du moins si peu. Et ce n'est pas parce que son esprit était en pleine effervescence qu'il songeait forcément à l'autre. Il avait simplement mal dormi, voilà. Et aujourd'hui, Khundar se permettait de se jouer de son inconscient. Depuis ce matin, il devait subir ses répliques taquines et absolues. Sans aucune possibilité de lui répondre. Comme d'habitude, elle était toujours la seule adversaire avec qui il perdait la face. Il aurait voulu lui répondre brutalement, mais ne pouvait réfréner le sourire naissant sur ces lèvres. Khundar avait raison, encore et toujours. Cette Eau insupportable l'obsédait. Sa propre attitude était méprisable. Il n'avait aucune raison d'y penser. Ce n'était tout de même pas la première fois qu'il passait la nuit avec une fille. Même aussi jolie. Woann tentait -en vain- de se focaliser sur une unique pensée. Mais rien n'était assez captivant pour changer le cours de ses pensées.

    Hmm.. Que dirais-tu d'aller dans la Tour des Eau ?

    Pardon ? Mais qu'est-ce qu'il lui prenait ? Est-ce que Khundar venait de tomber amoureuse de l'autre pathétique ? S'il y avait bien une chose que la panthère avait toujours détesté, c'était l'atmosphère humide et fraîche de la tour Sud. Tout semblait moite et saturé. C'était peut-être l'endroit le moins accueillant que Woann connaisse. Y aller, c'était non seulement supporter cela, mais en plus manquer de se retrouvez nez à nez avec ... avec... La fille de l'autre nuit. Ce qui était tout simplement hors de question. Parce que... Parce que... Enfin il ne voulait pas. Une rancoeur confuse venait se joindre à l'agitation de son coeur. L'antipathie qui bouillonnait dans tous ses membres se confondrait bientôt avec une franche hostilité. Et nul besoin d'aller déclencher un
    conflit dans la tour Sud.

    Pourtant... Pourtant il pouvait exister une autre hypothèse. Lentement, la clarté se faisait dans l'esprit de Woann. Au fond, ce qui le rendait hargneux au sujet de cette garçonne râtée, c'était de ne rien savoir d'elle, de ne rien comprendre. Certes les Eau étaient des êtres faibles par excellence. Changeants. Décalés, toujours. Absolument inutiles. Pourtant, en observant quelques uns de ces gestes, il avait cru y retrouver la fermeté et l'étrange grâce de la Terre. Pourquoi l'Eau ? Quelle genre de fille avait-il eu entre ses bras ? Finalement, peut-être qu'une visite auprès de son Elément lui apporterait des indications... Petit à petit, Woann recouvrait un sang-froid qui lui échappait trop souvent. Et, lentement, il annonça à son Totem sa décision.

    Au fond, je pense que tu n'as pas tellement tort. Je pense faire un tour à la piscine. Tiens-toi sur tes gardes.
    Eh ! Je plaisantais Woann ! C'est un pur prétexte que tu viens de trouver là, cette histoire de mieux connaître l'ennemi ou que sais-je...

    Froidement, Woann lui enjoignit de se taire. Nul doute qu'il fallait le laisser tranquille dans ce genre d'états. De toutes façons Khundar serait là, tapie au plus profond de lui. Hors de question qu'une seule de ses fines moustaches frôlent le mur hideux de la tour Sud. Quand à mettre une patte dans l'eau, fi! C'était bien une aberration écoeurante. Rien qu'à cette idée son dégoût fut si fort que Woann le ressentit dans tout son corps. Ravivant sa répulsion pour celle qui se faisait appeler Cheyenne. Répulsion singulièrement nuancée quand il revoyait les fines mèches de la jeune femme, collées à ses tempes, trahissant le feu qui sommeillait dans la belle. Leur nuit n'avait été qu'explosion paradoxale, et si elle n'avait pas été elle... Il l'aurait sûrement retrouvé les
    surlendemains. Un sourire étrange s'étira sur son visage pâle. Enfin, Woann prit un pas décidé, pour atteindre en quelques minutes la Tour si redoutée.

    Fidèle à elle-même. Voilà plusieurs mois qu'il n'y avait plus mis les pieds. Et aujourd'hui il se dirigeait hardiment vers la piscine, ce symbole ignoble de la fluidité. Que venait-il y chercher ? S'agissait-il réellement d'un prétexte, comme l'avait si délicatement suggéré sa chère panthère ? Woann refusait de s'interroger à ce sujet. Il avançait, voilà tout. Il avancerait encore et encore sans jamais se démonter. Finalement cette fille n'avait été qu'un écart sur une route efficace. Il suffisait de retrouver ses pas, pour continuer. Mais c'est sans le vouloir qu'il se retrouva planté là où il l'avait souhaité.

    Il n'avait pas entendu le bruit de l'eau, n'avait pas senti l'atmosphère se changer. Woann était absolument insensible à ses détails. Maintenant, tout venait le frapper avec la même force. Et en premier, il ne vit pas son but tant recherché. Il s'attendait à une solitude étrange. Il cherchait une piscine bleue foncée, changeante. Il ne trouvait qu'une clarté déroutante, absolument plate. Seuls quelques remous naissaient au beau milieu. Il croyait trouver des carreaux blancs, dénués de toute vie. Il était face à un sol de graviers, et à ses pieds trônaient la chemise blanche d'une femme. Femme qui se trouvait au beau milieu de l'étang dansant, créant les remous observés. Et il ne vit qu'elle. Il arrivait face à elle, et restait figé. Khundar frissonnait, et il le sentait. Écoeuré
    de cette communion entre un être humain, et cet élément si traître. Mais il ne fit aucune remarque, laissant à Woann l'entière décision. Il attendit que l'apprentie relève la tête, pour être certain. Ses sens l'avaient déjà averti. Pourtant il sentit son coeur avoir un râté, au moment où la tête brune sortit de l'eau. Elle le dévisageait. Elle était rayonnante. Impossible de l'ignorer. Sublime. Il lui en voulait davantage.

    Cheyenne.

    Merci Woann, on n'aurait pas deviné. En soi, les sons qui venaient de sortir de sa bouche n'avaient absolument rien d'original. Mais nul doute, ils étaient lourds de sens. La moue avec laquelle il avait énoncé ces deux syllabes pouvait tout vouloir dire. Et lui était incapable de continuer.



Spoiler:
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MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyVen 15 Mai - 22:24


    H é s i t a t i o n;


      Ainsi; je n'avais plus de limite. Les barrières qui encadraient mon esprit malade venaient de tomber; glissant dans ce liquide salvateur qui était le seul à laver mes pensées, tel de l'eau de javel pure et brûlante. Mon corps n'était plus; nous ne faisions plus qu'un avec l'élément; nous mouvant avec une grâce sans pareille et si déroutante. Mes doigts caressaient la magie qui nous baignait tout entier. J'aurais voulu y fondre; j'aurais voulu y disparaitre... Ondulant avec la légèreté d'un nuage balloté par le vent; je volais sous la surface cristalline; savourant le vide, la clarté, le calme de mes réflexions. Il n'y avait plus ni Woann, ni Feu, ni tourment, seuls subsistaient Abraão avec qui je faisais corps; l'Eau, paisible mais puissante, et le silence animé de temps à autres par les remous de mes déplacements agiles. Chacun de mes membres respiraient la force de mon totem; sa majesté grandissante que même la course folle de la trotteuse ne pourrait jamais entamer. Je souris; une dernière fois, avant l'ours ne se déchaine.

      Un hurlement assourdissant déchira mes tympans; alors même que j'étais la seule à en souffrir. La voix; rauque et grave d'Abraão; fit courir dans tout mon corps des décharges électriques rageuses et agressives. Chacun de mes muscles se banda; arquant mon dos; prêts à s'enflammer. Moi même; j'aurais été incapable se ressentir cette présence; désagréable et pourtant si familière; j'étais trop absorbée par ce calme qui venait de redorer son blason. L'ours se tapit au fond de mes entrailles; rugissant de plus bel alors que je le perçus stopper son avancée laborieuse. Que faisait-il ici ? Venait-il remuer le fer chauffer à blanc dans les plaies béantes et suppurantes dont il avait lui même lacéré ma peau ? Mes poings se serrèrent alors je rejoignais la surface; réveillant cette douleur si délicieuse au creux de mes paumes. Quelques perles rougeoyantes vinrent briser l'uniformité bleutée autour de ma silhouette tremblante.

      Lentement, je me tournai vers ce visage si désirable et pourtant si détestable. Ses traits d'une beauté insolente étaient figés; impénétrables; alors que les miens devaient sans doute exprimer une rage incommensurable ainsi qu'un instinct prédateur qui ne demandait qu'à exploser. Sur mon front, de nombreuses mèches aux reflets carmins étaient plaquées; durcissant davantage encore mon expression. En moi, l'ours bouillonnait, tournant en rond comme un animal en cage alors que je me refusais à laisser ses désirs l'emporter sur les miens. Les miens... Qu'est-ce que cela signifiait ? Que désirais-je réellement ? Dans l'instant, je me revoyais serrer la peau tendre de son cou; le privant de cet air nécessaire et précieux. Je rêvais de voir ses joues se colorer de rouge; puis de bleu; jusqu'à ce que cette lueur victorieuse qui brillait perpétuellement dans ses yeux ne s'éteigne enfin.

      Mais aussitôt; le loup froid et cassant fondit; ma détermination fléchit. Ce fut minime; presque imperceptible; mais je ne doutais pas qu'il ait capté cette différence. Alors que je laissais transpirer mon dégout pour sa personne; je faisais mon possible pour n'apparaisse pas ce feu instable et fugace qui venait de ressurgir; léchant mes pensées comme la plus sournoise des tentations. Alors que je voulais m'émanciper de sa présence; une partie de moi même, dont je n'aurais su déterminer laquelle; me souffler insidieusement de céder à ce brasier; de lui appartenir, une fois encore. Je balaya mentalement cette alternative; je ne pouvais décemment m'abandonner à la facilité en répondant à ce besoin si primitif qui ne me ressemblait pas. Abraão, toujours silencieux, fulminait; toisant à travers mes prunelles l'une des rares créatures à ne pas le laisser indifférent.

        - CHEYENNE : « Je t'en prie; reste tranquille Abraão. »

      C'est alors qu'il murmura mon nom. Cheyenne... Ce n'était pas une menace, pas une provocation; juste une divine sucions dans l'atmosphère délicieuse de la piscine; tel un amant éprouvé par des retrouvailles inattendues. Il voulait tout dire; et pourtant, il ne m'évoquait rien; comme si sa signification m'échappait encore; comme tout ce qui se rattachait à lui. Je ne souhaitais que l'ignorer; et pourtant; je faisais tout mon possible pour le comprendre; pour cerner ce qui pouvait bien se cacher derrière ces deux perles magnifiques et effrayantes. Déboutée par sa réaction, aussi furtive fut-elle; je venais d'emprisonner mon totem; le condamnant au silence total et parfait.

      Je me redressai entièrement; nullement gênée par ma tenue tout sauf convenable. L'eau ruissela négligemment sur ma peau, y dessinant des sillons humides et brillants tandis que je fis un pas; puis un second; avant de quitter la chaleur de mon exil. Avec précaution, je gravis les quelques marches; émergeant entièrement jusqu'à me retrouver à la hauteur du Feu. Me mordant la lèvre inférieure; je perçus enfin combien je me languissais de la douceur de ses mains; de l'odeur de son cou... Le prédateur rugit; mais son cri, lointain et étouffé, ne parvint pas à troubler mon avancée. Les gouttes opiniâtres qui s'écrasaient sur le sol de pierre à quelques centimètres de mes pieds nul, ponctuait le temps, concurrençant la trotteuse.

      J'avais avalé la distance qui nous séparait; froide. Me percevait-il lui tout aussi imprévisible que les autres ? Ou bien me connaissait-il déjà mieux que ces derniers ? Je me tenais plus près que nécessaire; détaillant ses traits d'une attitude incertaine; véritable cocktail de tension et d'appréhension. Ma voix s'éleva alors dans la pièce; contrastant démesurément avec avec cette lueur douceâtre qui perlait dans mes yeux. Mes paroles s'avèrent si brutales; si rudes; alors que mon ton était si doux; presque plaintif. Elles témoignaient du paradoxe qui me malmenait.

        - CHEYENNE : « Tu n'as rien à faire ici. »


Dernière édition par Cheyenne A. Stevens le Mar 19 Mai - 12:41, édité 3 fois
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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyLun 18 Mai - 19:39

•• Ébullition; Woann. 262ppua •• Ébullition; Woann. 2rc9a1u
Il y a l'amour.
Et puis il y a la vie, son ennemie.



    Quand elle se leva, il comprit. Peut-être aurait-il du fuir à ce moment-ci. Rien ne servait de rester et de poursuivre la conversation. Le face-à-face. Il n'avait nul besoin de son regard, il venait de comprendre. Qu'il ne serait pas capable de rester indifférent. Les deux syllabes qu'il avait laissées tomber à terre avait glisser comme des lames de fer. Mais sa vue le bouleversa, jusqu'au plus profond de l'âme. Un bref instant il perdit de vue jusqu'à Khundar, qui semblait fixée dans la contemplation impossible de l'ours. Quand il retrouva ce lien vital, ce fut d'une violence forte. Elle grogna soudain au plus profond de lui-même, et manqua presque de s'emparer de sa propre voix.

    Anxieté, Trouble, Émoi.. Ils les rejettaient au plus profond de lui. Sous aucun prétexte cela ne devait sortir à l'air libre. Woann ne bougeait pas, fixe sous le regard incendiaire de la jeune Eau. Oui, l'Incendie semblait s'être emparée d'elle. Et cette annotation personnelle lui arracha un sourire. Cheyenne... Dans un autre espace, dans un autre temps, qui sait, elle aurait pu être feu... Mais non. Elle était bien trop différente pour cela. Bien trop décalée, si faible. Elle avait gravi les quelques marches soigneusement, comme si, plus que la peur de glisser, le face-à-face l'inquiétait. Et au plus profond de lui, Khundar se permit une remarque.

    * Il n'y a pas franchement qu'elle qui appréhende cette confrontation..*

    Merci Khundar. Certes il était agréable de l'entendre retrouver son entrain habituel, et de la savoir plus aux aguets que jamais. Mais elle aurait pu, pour une fois, se passer de ces remarques acerbes et pointues. C'était toujours trop facile avec elle, à taper pile là où il fallait. Pour penser à autre chose, ou par réel désir de s'y plonger, Woann fixa son attention sur le regard de Cheyenne. Et à cet instant, comme brûlé par l'observation du jeune Feu, le regard étranger prit une nouvelle teinte. Ce fut une atmosphère entière qui se dégageait soudain de ces deux yeux océan. Woann détourna la tête, regardant les gouttes s'écraser au sol. Dans chacune d'elle, le regard de Cheyenne apparaissait, ne quittant pas son esprit. Plus doux, plus désirable. Celui-là même qu'il avait voulu quelques jours auparavant. Qu'il avait eu. Rejeté. Méprisé. Qu'il haïssait si profondément. Car il ne pouvait rien contre, à commencer par du mépris. Détourner les yeux. Voilà ce qu'il lui restait, au meneur de la révolte des Feu !

    Woann si fier de lui. Woann qui aurait pu tenter de faire ployer ce corps souple et léger, une nouvelle fois. Woann fort et toujours supérieur. Les deux syllabes résonnaient encore dans l'air. Son air sec et froid ne s'était en rien modifié, que déjà son coeur se troublait. Il voulait la prendre par les cheveux. La rabaisser à terre. La faire se courber sous lui. Poser ses mains nues sur ses hanches trop fines. Trop blanches. Les griffer. Qu'elle saigne. Le Feu dont il était l'Incarnation brillait dans ses yeux, lorsqu'au son de sa voix, il releva la tête.

    Tu n'as rien à faire ici.

    S'il n'y avait eu que cette phrase, il aurait répliqué du tac au tac. Ce que Khundar et lui pensèrent au même instant. J'ai encore la liberté de mes actes. Un ton acerbe et mesquin se frayait déjà un passage entre ses lèvres. Quand de nouveau, le contraste le stupéfia. Cette attitude, ce regard. Cette façon d'être loin de lui, et proche tout à la fois. Les mots qui glissaient à la naissance de sa gorge se perdirent dans les pensées partagées de Woann et Khundar. Y avait-il seulement quelque chose à répliquer ? Mieux que lui, elle avait su exprimer tout le paradoxe de leur situation. Non, il n'avait absolument rien à faire ici. Il était le feu perdue dans une nuée de nuages. Un feu qui dans de telles circonstances ne manque pas de se muer en des cendres rougeoyantes... Woann et Cheyenne. Ces deux noms accolés étaient simplement un oxymore.

    Il soutenait son regard, la forçant à ne pas baisser les yeux. Car c'est dans cette lueur de douceur qu'il puisait une énergie nouvelle. Il voulait éteindre tout ce qu'il y avait de vivant dans ce corps. Il la haïssait de ne pouvoir la dominer, ni même la maîtriser. Une folie qui en cet instant était plus désir que haine. Ses cheveux épars glissaient sur ses épaules, ses pieds nus devaient frissonner sur le carrelage. Lentement, le regard de Woann glissa sur le corps offert à sa vue. Sa peau nacrée aurait pu le troubler, elle l'insupportait. Car il sentait la rougeur de son corps. Ses épaules rondes auraient pu l'amadouer, elles intensifiaient son désir de mordre. Un court instant, il jugea qu'il serait plus judicieux de partir. Mais ce départ se teintait de mots telle que Fuite, Lâcheté. Et par dessus-tout, une Frustration assurée. Alors il fit un pas en sa direction, réduisant encore l'espace entre leurs deux êtres. Augmentant la tension que partageaient les deux corps.

    Peut-être.

    Un temps, et Woann, sans écouter les refus et conseils de son Totem, poursuit.

    Mais peut-être que j'ai envie de jouir de ce spectacle. Le corps qui a ployé sous le mien, lavé par l'eau miséricordieuse.

    Et tout son être lui criait de ne pas agir ainsi. Jusqu'à son Totem. Woann, écoute ton corps et retiens tes paroles ! Oh non. Il n'allait sûrement pas écouter son corps. Celui-ci était tel un métal dans l'antre d'un forgeron. Chauffé à blanc, prêt à être façonné, à devenir quelque chose. Lumineux, réclamant la chaleur, et la transmettant aux autres. Et pourtant, il avait beau s'y opposer.. Même Woann ne peut contredire et son corps et son totem. En disant ces mots, et en faisant ce pas, sa voix de nouveau en laissait paraître plus qu'il ne l'aurait souhaité. Les sons rudes et supérieurs qu'auraient du être ces sous-entendus... Ployer sous le mien.. Ils se faisaient l'écho d'un souvenir brûlant.

    Alors cela se produisit. Woann savait qu'il en était capable, mais en général les deux se concertaient auparavant. Et c'était toujours dans un contexte détendu, de prime enthousiasme et de pure liberté... Là, il mit quelques longues secondes à comprendre que Khundar s'exprimait. Et s'exprimait peut-être aussi bien à l'ours qu'à Cheyenne.

    Si, j'ai à faire ici. Je suis en perpétuelle quête d'un ennemi qui me vaille.

    Et Woann se mordit les lèvres. Bien sûr que non, Cheyenne ne le valait pas ! Quand à l'ours... Qui sait, c'est peut-être à lui qu'il s'adressait. Mais cette réplique suffit à lui faire recouvrir, vaguement, ses esprits. Cheyenne n'était pas à sa hauteur. Une Eau pathétique, dégoulinante. Pourquoi, d'ailleurs, était-il encore planté ici ?
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MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyLun 18 Mai - 22:03


    D é s e r t i o n ;


      Violent. Irrépressible. Je sentis mon loup se recomposer; mes traits se tendre. Je fulminais incapable de maintenir mon totem dans la prison de verre que j'avais bâti pour lui. Il avait brisé ses larges barreaux; il avait détruit les barrières que j'avais dressées entre nous; pour le protéger; lui; mon parfait ennemi. Pourquoi avais-je fait cela ? Pourquoi donc avais-je fait taire mon prédateur au profit de cette... Créature pour qui je n'éprouvais rien ? Ô ciel; comme j'aurais aimé que ce soit vrai; comme j'aurais aimé ne rien ressentir face à ce visage tentateur et insolent ! Un tremblement naquit au bas de mon dos; me faisant frissonner sous le coup de cette émotion encore inconnue. Jamais je n'avais pu concevoir Abraão comme un danger; une menace. Non, bien au contraire; il était moi; ce même moi qui m'était toujours apparu comme inoffensif; solitaire. Mais il avait pris une toute autre tournure; effrayante mais curieusement rassurante. Il avait rugi; d'une manière qui me laissa sans voix; déboutée par une effervescence nouvelle. Mon regard vacilla; se détachant un instant de celui de Woann. Mes prunelles se perdirent à la surface imparfaite de la piscine. Comment interpréterait-il mon geste ? Comme une marque de faiblesse ? A nouveau; l'ours grogna; plus fort et plus agressif que jamais. Cela n'avait rien à voir avec de la faiblesse... C'était son si délectable antagoniste. La surprise devait avoir envahi mes yeux; emprunte d'une émotion puissante et dont j'étais incapable de me défaire.

        - ABRAAJO : « Ployé ?! PLOYÉ !? »

      Il exultait. Jamais je ne l'avais perçu ainsi. Un seul mot avait su déchainer en moi sa fureur sans limite et glacée. Ployé sous le mien... L'image donnait la nausée à Abraão; notre soumission était pour lui inconcevable. Le choix méticuleux de ces mots avait eu son effet et le prédateur était entré dans une démence telle que je dus fermer les yeux pour nous contenir tous les deux. Pour moi; derrière le parjure se cachait le plaisir passé et le désir actuel qui nuançait suffisamment l'image que je m'étais faite de cette nuit; aussi confuse soit-elle. Je serrai les poings; de nouveau; mais celui contre qui je luttais avait changé de visage.

      Mais mes tourments n'arrêtèrent pas le cours tumultueux du temps; et l'incarnation repris la parole, abrégeant soudainement mon esprit de mes réflexions tortueuses. Mon totem fut pétrifié; choqué par une réplique qui n'était pas une provocation contre toute attente. Je réouvris mes paupières; laissant son visage trop parfait envelopper ma vision. Pour la première fois; je ne savais quoi répondre. Ma légendaire répartie s'était évanouie et je ne pouvais pas compter sur Abraão; trop déboussolé pour se permettre d'intervenir. Je ne comprenais pas son silence; je jurai contre lui; de me laisser ainsi, seule, à cet instant où j'avais tant besoin de son soutien ! Je perçus sa surprise; telle une lame dont la froideur m'aurait transpercée la poitrine. Je n'avais pas pris conscience de cette infime différence dans le changement de la voix du Feu; et pourtant; l'ours n'avait entendu que cela. Je fouillai notre esprit à la recherche d'une explication, aussi farfelue soit-elle. Mais rien... Il ne laissait rien transpirer de ses réflexions; comme imperméable à mon impatience. Blessée; je constatai qu'il me bloquait tout accès; me confinant dans notre corps tandis que lui s'appliquait à chercher une solution. Ma colère se déchaina contre le pare-feu qu'il avait dressé entre nous; tel un épouvantail qui aurait attiré mon attention et duquel j'étais incapable de me défaire. Je me battais telle une furie; tambourinant cette porte invisible qui restait opiniâtrement fermée. je hurlais son nom; le suppliant de me mettre dans la confidence. Que me cachait-il ? De quoi me protégeait-il ?

        - ABRAAJO : « Je suis désolé Cheyenne; j'avais besoin de temps. Écoute... Ce... Ce n'est pas Woann. C'est elle. »

      Mon cœur eut un raté. Sa voix était différente; si lointaine. Il venait de briser ses défenses; me redonnant accès à l'historique de ses hypothèses. Elle... Il avait prononcé ce nom avec un respect que je ne comprenais pas; comme si sa prestance le rendait calme. Jamais auparavant il n'avait utilisé ce ton pour parler de quelqu'un d'autre que de moi... Il analysait rapidement la situation; cherchant une échappatoire. Il ne prit pas la peine de m'inclure dans cette conversation silencieuse; captant sans aucun doute mes réticences. Il parlait vite; trop vite. Sa précipitation me laissait pensive.

        - ABRAAJO : « On ne peut pas se permettre de rentrer dans son jeu. Il faut trouver une solution, et vite. Ils sont plus dangereux que ce que je pensais; il nous faut fuir; le plus rapidement possible. Nous pouvons sans doute... »

        - CHEYENNE : « NON ! »

      J'avais hurlé si fort que ma plainte se sembla se répercuter en écho contre les parois de mon crâne. Comment pouvait-il penser une chose pareille ! Fuir ! Pour qui me prenait-il !? Il en était hors de question; sûrement pas face à lui. Instinctivement, j'usai de ses propres ruses pour le confiner; lui couper tout contact avec notre corps qu'il s'était décidé à occuper seul; pour notre bien, me rappela-t-il alors en une suggestion lointaine, à peine audible. Toutes ces réflexions paraissaient à mes yeux avoir pris un temps fou; et pourtant, il ne s'était écoulé que quelques secondes : seules quatre gouttes d'eau s'étaient écrasées au sol lorsque je repris le cours solitaire de mes pensées. Je n'aurais su dire ce qui m'avait poussé à agir ainsi. Sans doute ce fut la réaction d'Abraão; lui qui n'avait jamais ne serait-ce pensé à fuir, à éluder un problème. Mais à cet instant, les conséquences n'avaient plus la moindre importance. Cette rage qui le consumait quelques minutes auparavant s'était avérée contagieuse. Je lui en voulais. Je leur en voulais pour ce qu'ils représentaient dans l'esprit de mon totem : une menace. Et j'étais bien décidé à le leur prouver; à tous les deux. Je fus bien incapable de cerner le sens des paroles de la panthère; trop préoccupée par les pensées du prédateur qui voyait en elle un danger. Il n'en avait pas peur; bien au contraire; il la désirait, de cette même manière que je désirais Woann; et pourtant... Elle lui inspirait cette déférence dont je ne cernais que les contours vagues et fugaces.

      C'est alors que je franchis le dernier pas qui nous séparait. Ma main droite se leva d'un mouvement si rapide que je doutai en être la seule instigatrice. Je m'emparai de son visage, laissant à mes doigts le soin d'envelopper son menton de par et d'autre. Bien malgré moi; le geste fut doux, presque sensuel; alors que je souhaitais plus que tout au monde voir mes ongles dessiner sur sa peau des sillons profonds et vermeils. Pourquoi donc étais-je incapable de lui faire du mal ?! Pourquoi ne pouvais-je pas simplement le blesser comme lui le faisait chaque seconde depuis que j'avais quitté la chaleur de ses draps ? Mais l'eau qui ruisselait à présent sur sa joue me contenterait suffisamment, du moins pour l'instant. Je plongeai alors mon regard rougeoyant dans le sien; dévorant ses prunelles avec gourmandise. Provocante, assurée, presque joueuse; je ne me reconnaissais pas; moi qui m'avais souhaité violente, brutale et dénuée de scrupules. Sans réfléchir une seconde à mes paroles; je laissai ma langue jouer avec les mots; appuyant sur certains comme pour achever ce qui devait l'être. Ma voix avait repris ses intonations enfantines et sauvages; trop suave pourtant pour n'être qu'un simple défi.

        - CHEYENNE : « Dans ce cas je pense pouvoir affirmer que tu as frappé à la bonne porte. »
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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyMer 27 Mai - 12:26

    Que croyait-elle, cette idiote ? Que leur rendez-vous impromptu se déroulerait à l'amiable ? Il voyait le trouble et la colère se peindre sur son visage. Mais ne comprenait-elle donc pas que c'était exactement ce qu'il cherchait ? La voir fulminer de haine était un délice qu'elle ne pouvait appréhender. Voir ce regard sombre se plisser sous le dégoût des mots qu'il avait lâché.. Et elle ne disait rien, évidemment. À quoi pouvait-il donc s'attendre ? Il venait de transgresser certaines règles en débarquant ainsi, c'est exact. Mais après tout, n'était-il pas là pour dérégler un monde préalable ? Cette nuit où il avait juste voulu dévorer Cheyenne la faire taire .. N'était-ce pas une folie ? Et pourtant elle était là, face à lui, fermant ses poings telle une enfant perturbée, n'osant répliquer de peur de gaffer. Adorable. Charmante.

    Faible. Car soudain, Cheyenne sembla se perdre dans un ébahissement, dans une surprise dont lui seul pouvait être la cause. Laissant filer son regard loin de ses prunelles ardentes, la jeune Eau voulait peut-être s'accrocher à quelque chose. Mais la surface lisse de la piscine ne pouvait en rien la soutenir. Misérable élément, froid et calme, alors même que la tension était perceptible dans toute la pièce. Qu'avait-elle ? Woann ne pouvait s'empêcher de dévorer du regard de visage embrouillé. Non, quoiqu'il souhaite, elle ne songeait plus à lui. Elle semblait bien plutôt perdue dans des réflexions tortueuses. Ne réalisait-elle pas l'ampleur de leur dialogue ? Tout ce qu'il avait d'intense ? N'était-elle déjà plus en mesure de riposter. Décevant. Voilà que Cheyenne n'était qu'une fade élève comme une autre, contrainte de détourner les yeux. Mais non. Au plus profond de lui-même, l'Incarnation ne pouvait se résoudre à une telle pensée. La seule Eau qui avait partagé sa couche devait avoir quelque chose de spécial. D'ailleurs, Khundar le sentait elle aussi, puisque sans se concerter aucunement, elle prit la parole. Ce qui plongea Cheyenne dans une attitude ahurissante, dont Woann ne comprenait pas le sens.

    Woann. Ne va pas trop loin.

    Un instant, Woann voulut se détacher de la situation, entrant en communication avec la panthère. Oui, voilà ce qu'il avait perdu de vue. Le Totem de Cheyenne. Peut-être avait-il perçu le changement de voix, le léger changement de personnalité. Il n'était pas même capable de maîtriser Khundar, de lui intimer de se taire quand il avait les rênes en main ! Quel effet cela pouvait-il faire sur un interlocuteur ? Khundar ! Un appel silencieux fit ronronner la panthère au fond de lui. Elle semblait désormais insensible à la suite de la discussion. Quel audace ! Son Totem se débinait, purement et simplement. Elle venait de prendre la parole, lacérant toute la toile que Woann préparait silencieusement, et maintenant elle ronronnait au plus profond de lui. Décidément, on ne pouvait se fier à personne. Le cri muet de Woann s'était tue, quand il eut droit à quelques mots laconiques. Nous restons les meilleurs, Woann. Meilleurs ? Meilleurs que qui ? Brusquement, l'Incarnation tourna la tête vers l'Eau. Elle. Elle et son Totem. Des adversaires. Il cligna des yeux, réalisant qu'il était bien plus proche d'elle que dans son souvenir. Elle avait franchi le dernier pas, toujours sans prononcer un mot.

    Un ballet savamment orchestré. Une tragédie étrange et floue. Une tragédie sans morts ? Pourtant il devait y avoir un vainqueur. Et Woann voulait être celui-là, adversaire à sa taille ou non. Une autre configuration eut été intolérable, il le pressentait. Depuis son entrée à Bewitching, il était là pour vaincre. Lacérer des corps ne l'aurait pas dérangé. Et la plus banale des confrontations le troublait. Oui, banale, rien d'autre. Ce n'était qu'une Eau. Perturbée et muette qui plus est, que pouvait-il bien craindre d'elle. Rien, absolument rien. Khundar s'était trompée, ils n'étaient pas à la hauteur. Woann était invincible.

    Il comprit son erreur de jugement quelques secondes après. Au moment où la douceur des mains de Cheyenne vinrent encercler son visage. Elle représentait bel et bien un danger. Simplement car soudain, une vague de Feu s'empara de Woann. Il luttait pour ne pas se serrer contre elle, pour ne la faire plier sous lui. Sur la peau de Woann, les doigts frais de Cheyenne restaient fixés. Rien ne semblait pouvoir ralentir le sang qui battait aux temps de l'Incarnation. Khundar s'était réveillé, et dans un feulement se tendait vers ce lien si minime, et si dense. Un bref instant, Woann crut qu'il allait se transformer. Khundar se faisait de plus en plus forte au fond de lui, voulant s'imposer. Se montrer tel qu'elle était. Se retrouver, nue et puissante, face à l'ours silencieux. Mais les paroles de Cheyenne, siflantes, sauvages, presque joueuse, interrompirent le cours de leurs pensées.

    Elle s'estimait donc capable de rivaliser avec l'Incarnation Feu ? Idiote. Pauvre idiote. Elle aurait du fuir tant qu'il en était encore temps. Enfin, il était trop tard pour elle. Pour lui aussi. Ils venaient de s'engager dans un cercle éternel. Un combat qui ne devait pas avoir de fin. Qui ne devait pencher ni du côté du bonheur, ni même de celui du malheur. Quoiqu'elle dise, quoiqu'elle pense, il l'avait emmené sur ses pas : les ténèbres du feu. Un Feu qui se lisait jusque dans les plus infimes étincelles de son regard. Un regard qui un instant le fit chavirer. Sa chambre. Il se souvenait d'elle, brûlante, envahie par un désir qu'il avait déchaîné. Il la revoyait soudain, plus vive que toutes. Cette nuit avait été vécu comme unique. Elle était la première, et devait être la dernière. Et dire qu'après tu te moques de ses silences... Emporté par la honte et le Feu, Woann réagit immédiatement aux allusions de sa panthère.

    Sais-tu seulement à quels risques tu te confrontes en agissant ainsi ?

    Un temps. A peine assez pour recouvrir ses esprits, qu'il poursuivait.

    Si je t'avais un seul jour considéré comme une ennemie, je t'aurais tué. Et tu n'aurais pas même été la première. Ni même la dernière. Figure-toi le nombre d'obstacles que j'écarte de mon chemin sans broncher. D'un simple coup de griffes. J'aime à croire que tu n'en vaux pas la peine.

    Tuer... Éliminer... Woann s'exprimait rarement aussi clairement. Mais les corps de Cheyenne, sa voix, lui rappelaient par instants celles des victimes. La tuer ? La faire disparaître. Non c'était impossible. Non pas qu'il tienne à elle, non... N'y même qu'il ait encore besoin de croiser son regard, non.. Alors quoi ? Elle n'en valait pas la peine. Trop simple défi Woann. Bien trop simple quand on lit dans tes iris la passion qui t'anime. Tu voudrais pouvoir la tuer et la faire revivre à l'instant pour mieux la tuer, monstre que tu es. Un monstre de puissance. Qui soudain remarqua qu'il était détaché des mains trop douces. C'est alors qu'il prit celles de Cheyenne dans les siennes, les amenant à son regard. Fraîches, encore humides. Soudain brûlantes, accaparées par sa propre chaleur.

    Tu ne peux absolument rien, Cheyenne.

    Et cette phrase était de trop. Car sur le dernier mot, sur ce prénom si souvent remémoré, sa voix eut un raté. Une douceur inopinée. Une chute malencontreuse.

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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyMer 27 Mai - 22:44


    R é f l e x i o n ;


      C'était... Logique. Presque inéluctable. Telle une palette de couleurs dans un ciel clair après un orage; le retour des hirondelles à la veille du printemps. C'était... Prévisible. Tacite et fugace; mais tellement évident à mes yeux comme à ceux d'Abraão. Pensait-il sincèrement mettre en doute mes préjugés en attaquant de la sorte ? Croyait-il décemment pouvoir mettre à mal mes déductions par des paroles aussi brutales et agressives ? Il avait tort; il avait toujours eu tort. Et il le savait parfaitement... Le prédateur frissonnait; laissant cette force que je ne lui connaissais pas contaminer chaque parcelle de ma peau tel un ultime tremblement. L'ours appréciait une victoire que je mis un certain temps à comprendre; une victoire dont je n'avais pas pris conscience tant le feu qui consumait les prunelles de cet adversaire si désirable éclipsait le peu de sens que j'étais en mesure d'en tirer.

        - ABRAAJO : « Tu ne vois pas ? Mais bon sang Cheyenne; ouvre les yeux ! »

      Le reproche, qu'il ne daigna même pas déguiser, me laissa perplexe. Jamais je ne l'avais perçu aussi présent; presque étouffant; et je craignais que son énervement ne vienne envahir mes traits. La colère qu'il avait éprouvée quelques instants plutôt était à présent emprunte d'une fierté que je n'appréciais guère; comme si un vieil ami d'enfance venait de regonfler son égo avec un peu trop d'entrain. Nous avons remporter cette manche; ne cessait-il de murmurer. Quelle manche ? De quoi voulait-il bien parler ? Je ne voyais qu'une énième défaite face à un arachnide qui avait tissé autour de mes résolutions une toile dont je ne pouvais me défaire; un prédateur dont la proie se serait volontiers glisser entre ses canines salvatrices...

      Non ! Je ne pouvais décemment me laisser aller à de telles élucubrations ! Je valais bien mieux que les tristes corps qui avaient jonché ses draps avant moi. J'étais plus que ça; j'étais mieux ! Et même si cela n'avait pas été le cas; j'étais en mesure de le devenir; j'étais en mesure de briser les liens invisibles qui nous unissaient tous les deux; tels des chaînes qui m'auraient arrêtée dans mon envol. Je ne lui appartenais pas; je ne lui appartiendrais jamais. A nouveau; je sentis la puissance de mon totem appuyer mes pensées; rassérénée par cette prise de conscience, bien que tardive, qui valait à ses yeux toutes les victoires du monde. Il rugit de plus bel; son hurlement tonna dans mes entrailles comme le tocsin et pour la première fois depuis que j'avais croisé son regard captivant; j'avais les idées claires; étonnamment limpides. La chaleur de ses mains contaminait les miennes; glissant le long de mes avants-bras pour mieux s'emparer de mes épaules jusqu'à mon cou. Ma peau éternellement froide contrastait démesurément avec la sienne; satinée et brûlante comme aucune autre avant elle. C'est alors que je brisai ce maigre contact; laissant à mes réflexions le temps de se concrétiser par une concession improbable et inattendue.

        - CHEYENNE : « Je te le concède; je ne suis pas ton ennemie. »

      Mon coeur trébucha sur l'un de ses battements. Abraão venait de s'effondrer intérieurement; horrifié par ces quelques mots qui n'avaient strictement aucun sens. Toute la rage qu'il avait éprouvée pour l'Incarnation se retournait contre moi; brutale et irrépressible, tant que je ne craignis un instant que mon corps tout entier ne plie sous son poids. Il fulminait; lacérant mes entrailles avec un acharnement spasmodique. La souffrance qui en résultait était littéralement insoutenable; mais lorsqu'enfin je me décidais à cloitrer mon totem loin de notre corps, je me rendis compte avec stupeur que je n'en étais plus capable. Trop faible ! Pitoyable ! D'autres suivirent mais je n'en avais que faire; je ne voulais plus qu'une chose; attendre que sa fureur s'apaise pour qu'enfin je puisse reprendre les rênes de notre esprit.

      Mon silence engendra le paroxysme de sa colère rampant en lui comme l'eau grimpant sur les parois d'un verre jusqu'à le faire déborder. Pour la première fois; l'ours me terrorisait; je le craignais comme jamais je n'avais eu peur de quelqu'un; pas même de Woann à l'apogée de son intimidation. Pourtant; lorsque ses pensées rejoignirent enfin le lit de nos réflexions communes; il se tut; débouté par la suite logique des événements à laquelle je n'avais pas pris la peine de le convier; tant elle semblait évidente à mes yeux. Il avait compris mon raisonnement; et y adhéra sans un mot; honteux de ce débordement d'émotions injustifié. Sa peine me submergea brusquement; à l'instar de sa culpabilité.

        - ABRAAJO : « Comment diable ais-je pu douter de toi, Cheyenne... ? Sauras-tu un jour me pardonner ? »

      J'acquiesçai, silencieuse; réconfortant le totem trop absorbé par notre salut commun qui n'avait tiré de mes paroles que la marque de faiblesse si flagrante qu'elles suggéraient; incapable d'en cerner le sens véritable; celui auquel Woann allait devoir faire face. Doucement; je me libérai d'Abraão et du flot incommensurable de remords qu'il m'inspirait. Je devais reprendre là où je m'étais arrêtée; je devais porter cette attaque; véritable atout dans un jeu inéquitable... Si je perds; il perd aussi. Si nous perdons; ils perdent aussi; rectifia l'ours dans un élan de soutien qui redora le blason de mon ami Courage.

      Durant les quelques secondes qui avaient suivi sa réplique cinglante; je n'avais dit mot; même mes paupières semblaient incapables de se fermer; tant son regard déchainait en moi toutes les passions que j'étais en mesure de supporter. Fébriles; mes doigts paraissaient quémander son contact; se languissant de cette chaleur douceâtre dont j'affirmais avoir horreur. Alors, je répondis à leur attente; contentant mon corps comme mon esprit qui avait ainsi le loisir de mener à bien la logique indiscutable que mes pensées avaient mis en évidence quelques instants plus tôt. Je dévorai la distance qui nous séparait; le rejoignant, portée par ce même regard qu'il aimait tant à afficher : joueur, provocateur, et éternellement assuré. Pas une once de peur n'était venue entraver mon avancée; lui même l'avait affirmé : s'il avait voulu nous éliminer, il l'aurait déjà fait... Lentement, je laissai mon bras glisser dans son cou jusqu'à sa nuque avant que mes doigts n'enlacent sa crinière délicieuse. Sur la pointe des pieds; je lui fis tourner la tête de mon autre main libre; prenant soin d'animer chacun de mes mouvements d'une douceur débordante dont je n'avais plus la mesure. J'approchai mon visage du sien; effleurant subtilement ses lèvres avant de glisser au creux de son oreille les quelques mots qui sauraient mettre à mal son raisonnement.

        - CHEYENNE : « Nous sommes bien plus que cela. N'est-ce pas; Woann... »

      Nous... Je n'aurais su dire si cette initiative m'était propre ou s'il s'agissait d'une volonté commune avec mon totem. Je ne m'étais pas adressée uniquement à l'Incarnation, je voulais le toucher; lui; ignorant les conséquences dévastatrices que mon geste aurait pu avoir. Quoiqu'il en fut; je m'étais appliquée à envelopper son nom de la même contradiction; imitant à la perfection ce qu'il semblait être notre éternel paradoxe : le fruit de deux passions impossible et antagonistes. Doucement; je m'éloignais de nouveau, laissant un pas entre nous, ultime démarcation que je ne me permettrais plus de franchir... Si toutefois j'en étais encore capable. Je lui tournai les dos; lentement; laissant à ses pensées le soin d'en dégager ce qu'il souhaitait : de la provocation ? de l'inconscience ? Sans doute; mais là n'était pas mon désir premier. Je devais le faire disparaitre un instant; laisser à mon cœur le temps de reprendre une mélodie plus douce; ou du moins une calme complainte. Il avait raison; je n'étais pas de taille, j'étais trop faible face à lui; incapable de réalisée à quel point j'étais dépendante de sa présence; de ses yeux magnifiques et tentateurs. Mais c'est invisible, que le soutien dont j'avais tant besoin se souleva; émergea de plus bel emprunt de cette majesté dont je serais à jamais l'admiratrice. Le prédateur prit ma place; il tenait les rênes; guettant avec excitation la tournure qu'allaient prendre les événements.
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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyDim 14 Juin - 17:38

    Réalisait-t-elle qu'elle le décevait ? Une déception profonde, attristante. Certes, elle n'était pas son ennemie.. Il venait de l'affirmer, elle n'en était ni digne ni capable. Ne devait-il donc pas se réjouir ? Qu'elle confirme ce que tu soutiens t'interloque ? Woann saisit au vol tout ce que les paroles de son Totem avaient d'ironique et d'amer.. Il le savait, Khundar était aussi dépitée. Bien plus même. C'est à l'ours qu'elle voulait s'en prendre. Lui aussi se rendait-il ? Lâchement, facilement ? Pourquoi stoppaient-ils le jeu ? Oh, Woann ne pouvait pas croire que Cheyenne ignorait tout ce que cette tension avait d'euphorisant. Ca ne pouvait pas être aussi simple. Pas avec elle. Pas avec eux deux. Alors pourquoi laisser s'essouffler ainsi une flamme si dangereuse ? Ne sentait-elle pas tout ce que ces paroles avaient de facile ? En quelques mots, elle était devenue une autre. La défaite transforme une âme.

    Khundar se releva au fond de lui. Woann se redresse, sous l'impulsion de son Totem. Il sentait ce qu'elle lui transmettait. La victoire. C'était un duel à mort qu'ils avaient engagé. Peut-être était-elle venue trop tôt, peut-être avait-elle été trop facile, mais la victoire était là. Cheyenne n'était pas une ennemie ? C'était la résolution de toutes les tensions. Dans un feulement profond, Khundar enveloppa presque l'esprit de Woann. Nous sommes plus puissants que tu ne sembles le croire homme, beaucoup plus puissants. Puisque même celle qui nous intriguait à fini par admettre l'échec. Certes. Une victoire méritée et juste. Mais une désillusion invincible. Là, au plus profond du coeur de Woann, avait été imprimée une douleur au fer rouge. Et il enrageait d'en souffrir.

    Elle n'était rien. Pourquoi avait-il placé tant d'espoirs en elle ? Pourquoi s'en rendait-il compte seulement maintenant ? Oh, il était trop tard. Il pouvait bien se laisser aller à toutes les affabulations de son esprit, ça n'avait plus aucun sens. Cheyenne n'existait plus. C'est avec un regard neuf qu'il songeait à d'autres moments.. Instants fugaces, trop fugaces, où l'élève Eau était plus forte que jamais. Ses yeux se voilèrent. Leur relation était impossible. Alors nécessairement, cette Cheyenne là s'était envolée. Peut-être l'avait-elle choisi à dessein. Peut-être était-elle moins imprégnée de tout cela que lui.. Et furibond, Woann se laissait aller à une colère intérieure. Cette victoire était la première et la plus infâme de toutes ses défaites antérieures. Khundar se taisait au fond de lui, tapie dans ses propres réflexions. L'Incarnation ne souhaitait même pas y avoir accès. Il se sentait soudain extrêmement seul.

    Relève la tête.

    Obéissant instinctivement, Woann sentit son coeur trébucher. Il croisa un regard plus brillant qu'il n'était permis à une perdante. En un instant si minime qu'il n'existe aucune unité pour le décrire, Woann retrouvait son masque improbable. Joueur, vainqueur, provocateur. Car en face de lui, il retrouvait une Cheyenne assurée. Son esprit lui jouait-t-il des tours ? Elle s'était éloignée de lui, il n'en avait pas pris conscience. Un bref instant il s'était donc détaché d'elle au point d'oublier son contact. Et voilà que cette distance venait le foudroyer plus violemment que jamais. Ses prunelles sombres tentaient de percer les mille facettes de l'Eau. Il y lisait cette force dont il était dépendant. Jubilation qu'il refoulait au plus profond de lui. Une furieuse envie déchirait son esprit. Il voulait la tirer contre lui, tirer ses cheveux, la faire réagir. Lui faire mal. Il fallait qu'elle revienne dans leur jeu. Elle n'avait pas le droit de s'échapper.

    D'ailleurs, elle s'approchait. Il souriait. Tout semblait devoir se compliquer, mais sa victoire devenait plus flagrante. Cheyenne restait fière et rayonnante, alors même qu'elle avait laissé fuir de ses lèvres les mots dévastateurs. Chacun de ses gestes lui faisaient enfin sentir le prix de sa réussite. Il n'avait pas fait ployer une lâche, non. Mais bien une femme impressionnante. Il détaillait chacun de ses traits. Un air de garçon déterminé. Qu'en donc allait-elle enfin poursuivre ? Il était évident qu'elle se contenait. Être aux humeurs androgynes et changeantes... Que lui réservait-t-elle encore ? La panthère rugit, ses poils se hérissèrent. Un bref instant, Woann ne put retenir ses paupières, trop lourdes. Il ferma les yeux furtivement, suffisamment pour sentir le contact floral des lèvres de Cheyenne. Un feu naquit en lui, qui n'était encore rien par rapport aux plans de Cheyenne.

    Nous sommes bien plus que cela. N'est-ce pas; Woann...

    Le feu dévora simultanément Khundar et Woann. Dans un élan incontrôlable, il vient d'une main serrer la gorge de Cheyenne. Plus que cela ! Plus qu'ennemis ! Et tout ce que cela suggérait ! Son nom ainsi soufflé, comme il l'avait fait quelques temps auparavant ! Cette flamme ravie qui dansait dans ses yeux ! Cette brûlure qu'il sentait encore entre ses lèvres ! NON ! Un cri de refus occupa simultanément les deux esprits. Khundar incapable de calmer Woann. Elle se sentait agressée à travers ses mots doucereux. "Nous" avait osé affirmer l'impertinente ? "Nous" ? L'Ours était donc derrière elle ? Il soutenait cette chute impertinente et dangereuse ? Il s'attaquait à elle ? Woann ne contenait plus la fureur de sa panthère. Lui, colérique et impulsif, tentait d'entrer en communication avec elle. Il voulait lui dire. Que "nous", c'était aussi Cheyenne et Woann. Ils étaient plus qu'ennemis. Elle les avait associés, pour le meilleur.. et pour le pire. Il voulait lui expliquer, il en était incapable. Il sentait son Totem grossir au plus profond de lui. Khundar grondait, Khundar feulait, et Khundar avait besoin de place.

    La transformation fut rapide, effrayante. Elle repoussa Cheyenne loin de Woann. Et repoussa Woann au fond de l'apparence de Khundar. Qui rugit puissamment. Les parois de la pièce ne tremblèrent pas, étrangement. Cheyenne s'en prenait à eux. Elle les feintait. Très bien, qu'elle reste dans la subtilité de ces mots, qu'elle joue avec les répliques tant qu'elle le voudra ! Mais désormais, Woann ne pouvait plus y répondre, c'était à elle qu'elle allait devoir faire face. Misérable Eau, qui avait enfreint les limites du jeu. Se propulsant d'une détente souple, elle vint se jeter sur l'humaine déstablisée, la renversant au sol. Au moment où, enfin, son esprit s'ouvrit soudain à Woann. Un Woann frustré, hors de lui, qui hurlait. Soudain piteuse vis à vis de celui qu'elle protégeait contre son gré, Khundar se retira. Laissant Woann dans une situation tout ce qu'il y a de plus délicat : tranquillement installé sur une Eau renversée. Et comble évident, Khundar se tut, n'en faisant qu'à sa tête.

    Il fallut quelques longues secondes à l'Incarnation pour recouvrer totalement ses esprits.

    Ne joue pas avec le feu, Cheyenne.

    énonca-t-il, insistant sur la négation. Oh, c'était facile de lancer cela une fois la fureur du Totem passé. C'était facile, mais censé. Elle réveillait en lui le paradoxe le plus profond. Esperait-elle réellement le chercher sans jamais le trouver ? Les pensées se confondaient pour mieux se perdre dans l'esprit égaré du jeune Feu. Il ne pouvait se rattacher à aucun être, à aucune valeur. Il posa ses mains sur les épaules de Cheyenne, et ses lèvres contre le sienne. Lui arrachant un baiser furieux. Et passionné. Woann ? Qu'es-tu en train de faire ? Malheureusement, aucune voix intérieur ne l'avertissait plus, et c'est avec une avidité déplacée qu'il vint de nouveau l'embrasser, au creux de cou. Dans cette peau de nacre qui s'offrait à lui. Woann ? Et si tu t'arrêtais ?


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•• Ébullition; Woann. Vide
MessageSujet: Re: •• Ébullition; Woann.   •• Ébullition; Woann. EmptyMar 16 Juin - 14:41


    I m m e r s i o n ;


      Qu'il est cruel de n'être que spectateur; un étranger à la scène qui se déroule sous nos yeux; inerte face à une action à laquelle on rêve de pouvoir participer. Assise sur le banc des remplaçants; j'observais Abraão fort de cette majesté dont je ne serais jamais la bénéficiaire. Comment pouvait-il être aussi serein ? Comment pouvait-il décemment s'adapter à cette situation sans qu'une once d'appréhension ne vienne trahir nos traits ? Les quelques secondes qui avaient précédé ma réplique, tombée comme le couperet sur le calme dont la pièce était emprunte, m'avaient permis de prendre conscience de l'imprudence dont j'avais fait preuve. Dont Nous avions fait preuve. Woann; l'incarnation du feu; avait à présent toutes les raisons du monde de faire taire irrémédiablement l'insolente que j'étais. Alors quoi ? Pourquoi mon totem ne tremble-t-il pas ? Jouer avec les mots avait toujours été un art dans lequel j'excellais plus que de raison, un tel défi était pour moi comme le plus délicieux des passes-temps; mais ce qui allait inéluctablement se produire n'était en rien dans mon domaine de compétence; non, raisonnablement pas face à eux.

      En retrait, je percevais l'écho de mes doutes dans un corps que je n'occupais pour ainsi dire, presque plus. Il était sien, ou si proche de l'être. J'aurais voulu me défendre face à cette douce intrusion, mais j'étais trop contente de ne pas avoir à répondre de cette inquiétude grandissante qui naissait au creux de ma poitrine, sonnant comme le tocsin après mes dires qui auraient pu s'avérer mortels. Il, ou plutôt nous, fixions l'étendue cristalline, savourant pour un temps si minime la caresse paisible de l'élément, frais et rassurant. Il était si aisé de ne penser qu'aux désirs de l'ours à cet instant précis; lui qui ne souhaitait plus que rejoindre le liquide salvateur; mais la raison était sans doute plus douloureuse à admettre : il nous voulait en sécurité, mais trop orgueilleux pour s'y résigner. Je l'admirais, éperdue d'un amour sans égal pour celui qui avait décidé de sacrifier sa raison dans un combat qui m'apparaissait perdu d'avance. Un instant, je perçus ses questionnements, ses interrogations; il avait peur. Oui, il avait si peur... Pas pour lui, pas pour notre corps; non; pour moi. Moi et ma conscience si fragile, moi et ma passion dévorante et irraisonnée, moi, fragile petite humaine qui avait su se confondre avec l'égale d'une Incarnation. J'étais folle; indubitablement folle. Mais surtout, j'étais ivre de cette flamme insidieuse qui me léchait les entrailles, dévorant mon cœur avec une facilité que je me devais de comprendre...

      Une brise inattendue m'apporta les effluves d'une atmosphère changeante et dévastatrice. L'ours gronda avant de faire face à ce qui serait désormais son adversaire. Mes muscles se bandèrent à l'extrême alors que nos esprits semblaient si éloignés à présent; comme s'il m'avait rejeté au plus profond de nous même; à l'écart de tout ce qui aurait pu m'atteindre. Mais il avait besoin de moi ! Ô oui, nous avions tant besoin de nous sentir, de nous toucher, pour ne faire qu'un, pour n'être qu'un. Mais obstinément, il s'y refusait, trop inquiet pour moi pour s'appesantir sur son propre sort. Je lui intimais à plusieurs reprises de me laisser passer; d'ouvrir cette porte invisible qui nous séparait. Car à cet instant; je n'avais plus peur; non, ce sentiment désuet et si humain s'était dissipé, laissant place à une émotion bien plus productive que m'avait insufflé sournoisement Abraão : le jeu. Je voulais être de la partie.

        - CHEYENNE : « Je t'en supplie ! »

      Je le suppliai davantage; cherchant la faille dans ses convictions. Mais elle ne vint pas; il resta de marbre face à mes lamentations; me soufflant à de multiples reprises que nous affronterions pas Woann; mais bien elle, son totem. Obéissante, j'avais suffisamment confiance en lui pour abandonner cette joute inutile; il avait pris sa décision, et je commençais à peine à en comprendre les motivations. J'avais abdiqué face à l'ours; mais loin de moi l'idée d'être aussi compréhensive avec Woann...

      Rien. Pendant d'interminables secondes je ne vis rien. Seule la douleur qui irradia ma gorge puis mon dos m'indiqua que j'étais toujours en vie. Je ne percevais plus les battements de mon cœur; ni même la voix de mon totem. J'étais seule; désespérément seule dans une immensité obscure dans laquelle je semblais avoir perdu l'intégralité de mes sens. Je me débattais avec fureur contre ma léthargie et cette horrifiante précarité. Que se passait-il ? De quoi Abraão voulait-il m'écarter ? Je fulminai; rageant contre lui et contre moi même. C'est alors que je compris. Il voulait prendre possession de nous d'une manière plus grande encore; il voulait repousser mes traits trop fragiles afin de laisser place aux siens; monstrueux et puissants. Cette odieuse révélation brisa d'un coup d'un seul chacune des barrières qu'il avait dressé entre nous; déchainant contre lui ma révolte sourde et implacable. Jamais au grand jamais il ne s'était emparé de nous sans mon aval; et danger ou non; je serais seul juge compétent pour trancher cette décision.

      Je rouvris les yeux. Non pas qu'ils étaient clos sous le regard étincelant de la bête, mais bien parce que je pus apprécier sa vision pour la première fois. Avait-il perçu ce changement minime au plus profond de nos prunelles ? Lorsque le feu animal qui les avaient animé jusque là s'était éteint et que tant d'émotions humaines et contradictoires s'en étaient emparées ? J'aurais été bien incapable de répondre à mes propres interrogations; et je me refusai de questionner le prédateur tapie dans l'ombre de mon amertume. Il avait accusé les coups certes, mais avait également envisagé de s'emparer de nous. L'une de ses réflexions me parvint toutefois; fade et étouffée par ma colère et mon appréhension; une remarque cinglante qui se mit à carillonner dans notre tête tant elle était pleine de sous entendus...

        - ABRAAJO : « Pourquoi as-tu si peur de te battre ? Ce n'est pas pour moi; et encore moi pour toi. Alors quoi ? Craindrais-tu seulement de les blesser; eux ? Même si cette idée saurait sans nul doute les faire se tordre de rire... »

      Agressive comme jamais je ne m'étais connue; je l'avais fait taire, lui et ses conjectures puériles sans queue ni tête. Je l'avais repoussé aux limites de notre conscience, le cloitrant à cet univers silencieux dans lequel il m'avait cloisonnée quelques instants plus tôt. Sombre idiot ! Là ne pouvait pas tenir la raison de toutes mes réticences ! C'était tout bonnement impossible ! C'est alors que les traits magnifiques de l'animal se détendirent, son emprise sur mon corps tout entier se fit plus douce, ou du moins, moins brutale. Dans ses yeux, le même changement qui avait animé les miens quelques secondes auparavant s'opéra; me laissant tout le loisir de savourant ces prunelles rougeoyantes qui savaient faire chavirer mes convictions. Woann, plus beau et plus puissant que tout ce que j'aurais pu imaginer. Je ne l'écoutai pas; et lorsqu'il prit la parole; je me contentai d'étudier les notes mystiques et délicates de sa voix trop parfaite, détaillant ce ton envoutant qui avait le don de me faire perdre la tête. C'est à cet instant, unique instant si précieux et fugace, que j'acquiesçai face à mon totem. Il avait raison; ô oui; et il ne savait pas combien son raisonnement était juste. Petite sotte que j'étais, je rêvais de le voir périr dans les flammes de sa propre tour, et pourtant; j'étais bien incapable de me défendre quand bien même cela aurait eu pour conséquences de le blesser. J'étais sienne; comme jamais je n'avais appartenu à un homme; pas même à Abraão.

      Ses lèvres dansèrent sur ma peau; incandescente. Chaque contact m'incendiait, me brûlait de l'intérieur. J'aurais voulu lui rendre ses caresses mais trop égoïste je me refusais à rompre avec cette passion primitive; presque animale. Au creux de mes reins naissait lentement un désir plus profond et plus puissant encore qui mit à mal les tentatives de mon totem pour reprendre un semblant de contrôle. Je le voulais; et je le voulais pour moi seule. Instinctivement, mes mains coururent dans son dos; retraçant ces courbes graciles que j'avais savourées avec tant d'audace par le passé. Mes doigts; sous le feu d'émotions trop humaines pour être décrites avec de simples mots; se crispèrent aussitôt; laissant à mes ongles le soin de malmener ses épaules à travers le tissu, tissu qui s'avéra bien trop fin pour espérer éviter les stigmates de mon acharnement. Alors il se détacha de mes lèvres; balayant l'air qui me parvenait de son parfum fruité, presque exotique; avant de conquérir mon cou. Il déambulait sur mon corps en vainqueur; il avait brisé toutes mes défenses et débouté mes volontés. Sans lui, je n'étais plus rien; sans lui, je n'étais qu'une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils... J'étais... Faible.

        - CHEYENNE : « JAMAIS ! »

      J'avais hurlé; laissant une rage qui nous était commune s'emparer de ma voix d'ordinaire si douce. Un instant, je crus percevoir celle d'Abraão se mêler à la mienne dans un avertissement sourd et sans appel. D'un geste furibond, j'avais rejeté sur le côté ce corps qui ne m'inspirait plus que du dégoût alors que mes yeux brûlaient de toute la rancœur que j'éprouvais pour lui. Non, je ne serais pas son pantin, je ne lui appartiendrais jamais. Je valais mieux, je valais beaucoup mieux. D'un bond, j'avais sauté sur mes pieds; m'écartant plus que nécessaire de l'incarnation. Je le toisai avec une haine qui ne trouverait sans doute jamais d'égale; rageant contre lui autant que contre moi. Il devait disparaitre; ou je devais fuir; mais il ne devait pas y avoir de nous; pas y avoir de nouvelle tentation; car j'étais certaine d'y céder, de nouveau... Hors d'haleine et tremblante je le toisai; les traits de mon visage froissés par ce cocktail d'émotion détonnant. Je le haïssais; plus fort et plus intensément qu'il était seulement possible de l'imaginer.

      Et pourtant, lorsque la colère s'estompa, de manière aussi minime soit-il, je sentis mes jambes se dérober; esquissant un pas vers lui; comme si chaque parcelle de ma peau me hurlait de rejoindre la chaleur de son étreinte. NON ! Il n'en était pas question !

        - CHEYENNE : « Vas t'en. »

      Si seulement j'avais réussi à y glisser plus de hargne, plus de détermination ! Mais il n'en était rien; mes paroles sonnèrent à mes oreilles comme une invitation, un désir tacite et plus fort que ma volonté de gagner ce duel perdu d'avance... Je voulais qu'il s'en aille; mais je voulais qu'il reste. Je le désirais autant qu'il me dégoutait... Alors, je ne sus ce que me poussa à continuer; ce qui me contraint à rajouter ces cinq petits mots; et pourtant si lourd de sens. Je souhaitais des explications, je souhaitais comprendre ce qui nous poussait à enfreindre ces limites et par dessus tout; je voulais qu'il me parle...

        - CHEYENNE : « Woann... Qu'as tu fait ? »
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